Sortir de sa zone de confort à POP Montréal 2025
COMPTE RENDU – Le festival de musique international Pop Montréal a ouvert ses portes ! On vous raconte nos trois premières soirées sur le thème : aller voir strictement des artistes qu’on n’a jamais vus avant.
De retour à Pop Montréal, festival de musique international où je n’étais pas allé depuis 2021. Folle motivation peut-être (à la vue des nombreux concerts éparpillés sur 5 jours), mais cette année, je décide de sortir de ma zone de confort et d’aller uniquement voir des shows d’artistes que je n’ai jamais vus auparavant.
Je commence mon Pop par me tromper d’horaire. Résultat, après être allée chercher mon accréditation, je me retrouve à errer dans le Mile End pendant que le soleil se couche. Mais comme il s’agit d’un premier jour, la motivation est là. Les portes s’ouvrent enfin et je file à la Sala Rossa pour l’affiche Hand Habits + Fashion Club + Thanya Iyer.
Thanya Iyer

Si Thanya Iyer, notre premier concert de la soirée était un élément elle serait sans nul doute l’eau. Sa pop alternative et expérimentale (comprendre “chépere” ou björkienne) nous parvient comme des vagues. Douces, chaudes et agréables parfois, comme la Méditerranée, parfois plus capricieuses, froides voire impétueuses comme l’Atlantique. Impossible à prévoir, tout se fond. Accompagnée de trois musiciens, la musicienne parvient toutefois à nous capturer dans ses filets au bout de plusieurs longues chansons. Sans doute grâce à la harpe magique d’Emilie Kahn (aussi à la flûte), la basse sirupeuse de Pompey (aussi aux airs de clarinette) et les percussions fluides de Daniel Gélinas. Pas étonnant qu’elle soit allée à la piscine aujourd’hui et que son dernier album s’appelle Tide Tided.
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Fashion Club

Il y a des artistes qui, comme des sportifs, jouent trop perso. La Californienne Fashion Club fait partie de ces joueuses-là. Du genre une guitare électrique, pédales et effets à foison pour finalement pas grand-chose d’impressionnant pour une telle configuration. De l’industriel planant et dramatique, plongé dans une quasi noirceur, de longs paysages sonores instrumentaux, et un tout qui retombe constamment, abruptement. Il y a une gêne dans la Sala Rossa. La mayo ne prend pas, c’est une proposition inaccessible, du genre qui ne fonctionne pas pour nous ce soir-là.
Hand Habits

Fin de soirée avec Hand Habits, la tête d’affiche. Le projet de Meg Duffy est notre partie préférée du concert (facile direz-vous). On s’engouffre dans une veine americana rock alternatif déjà bien usitée mais toujours efficace pour qui apprécie le genre (nous donc). Pince-sans-rire, iel offre un set qui file. La plupart des chansons sont tirées de son dernier album, Blue Reminder. On rigole à ses interventions, les anecdotes sont racontées avec flegme, parfois un léger sourire plane quelques secondes. Iel raconte ainsi le contexte et ses thèses sur sa chanson “4th of July” apparaissant trop subtilement dans la série Too Much (de Lena Dunham) lors d’une scène de sexe. Elle s’amuse aussi de son amie qui lui demande si sa nouvelle chanson parle “encore” d’un sujet trans, alors que pas du tout. Le concert se clôture après 1h de performance. Le solo de “Jessica”, extrait de placeholder paru en 2019, en jette et nous plonge dans un parfait état de mélancolie heureuse.
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Deuxième jour. J’avais envie de découvrir Tukan depuis l’annonce de la programmation. Maintenant que le groupe belge a signé avec un booker au Québec, on devrait les voir plus souvent. Je brave la pluie quelques minutes à vélo pour me retrouver au Ritz PDB sur Jean-Talon.
Poets Workout Sound System

De faux yeux peints sur du carton, des survets vintage, et des années dans les pattes. Qui a dit qu’on devait arrêter d’être musiciens à partir d’un certain âge ? Poets Workout Sound System a tenté de prouver le contraire lors de cette 2e soirée de Pop Montréal au Ritz PDB. Soyons honnêtes : après avoir été très gênés par le côté boomer, on est passé complètement à côté de cette proposition de poèmes sur fond électro-dub. Le duo se veut engagé et il est souvent question de “révolution”. Le public qui semble d’abord sceptique embarque ensuite poliment, mais dans la réserve. Sur scène, on continue d’observer l’étrange performance d’Andrew Whiteman qui “workout” vêtu d’un t-shirt représentant le Christ avec sa couronne d’épines, quand il n’est pas derrière ses machines. De son côté Amanda Amato est cantonnée à son bureau d’ordinateur. Heureusement, les projections derrière eux animent et accrochent le regard.
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Tukan

Place à Tukan. Les quatre membres du groupe bruxellois d’électro-instrumental, et sur scène leur proposition qui digresse parfois vers le rock, l’ambiant et le funk envoie du lourd. On se prend une belle claque d’énergie live, où les synthés et autres machines se marient avec la basse, la guitare et la batterie. Parlons-en d’ailleurs de ce batteur (Alexandre Gauthier), qui assure une section rythmique métronomique quasiment continue sur des morceaux presque progressifs. Impressionnant. Plongé dans un Ritz devenu boîte de nuit, éclairé uniquement de spots rouges, le public montréalais tripe, et le groupe le leur rend bien. Il y avait quelque chose de communiant à observer tous ces corps se mouvoir, certains en transe, le headbanging de fou, les bras en l’air, ceux qui se balancent, vibent, ferment les yeux… On sort les tympans en feu, le cou un peu rouillé, mais le corps énergisé.
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Troisième soirée de festival, je me laisse guider par mon instinct (est-ce une bonne chose ?) et je quitte le Mile End/Outremont pour filer sur le Plateau, au Quai des brumes pour une soirée compacte où je décide de faire l’impasse sur le 4e plateau d’Avril Jensens qui est censé commencer à 23h.
Tachie Menson

Tachie Menson (Nia Blankson) ouvre une soirée bien remplie. Dans les faits, c’est plus un duo qu’un projet solo puisque la jeune femme écrit avec son guitariste et side vocal rappeur Luther (le sosie blond de Jérémy Allen White). Le positif c’est que les quatre musiciens sur scène sont techniques. Le petit hic, c’est que ça semble encore un peu scolaire, et que leur D.A. est confuse. La dynamique chant-rap de rock alternatif fusionnée à l’indie de Tachie et Luther rendent bien, néanmoins les titres plus R&B où celle-ci chante seule ont plus de chien. Londonienne désormais étudiante à l’université McGill, on n’a toutefois pas de mal à imaginer que ce projet pourrait progresser et aller loin.
Wallgrin

Changement d’ambiance avec Wallgrin, venue de Vancouver. Son dernier passage à Montréal datait de 2019. Ce soir, elle présente de nouvelles chansons qui nous plongent dans un répertoire pop celtico-médiéval et expérimental inspiré de Björk et Kate Bush. La jeune Canadienne à la belle voix claire et puissante est à l’aise sur scène. Elle ne se laisse pas désarçonner par les bruyants soulards au fond du bar. Ses trois musiciennes, dont une harpiste (électrique) l’aident beaucoup à coup d’arpèges atmosphériques et de batterie pseudo-tribale. Elle-même fait quelques incursions de violon. On dirait toutefois qu’il manque un petit quelque chose pour s’enticher de la proposition, pourtant fort attirante sur papier.
His His

His His est le troisième groupe de la soirée à monter sur scène. L’Ontarien Aidan Belo et son groupe sont pro, tout va vite. En moins de deux minutes, on se laisse entraîner par leur indie rock et une énergie qui peine à être contenue sur la petite estrade. La proposition ne tend pas à l’originalité. Les amplis tournent à plein gaz. Les gars semblent avoir du plaisir à jouer ensemble, le tout rend bien et accroche l’oreille. Le contraste entre le timbre de voix doux et presque enfantin du front man produit un contraste intéressant avec les jams de rock déchaînés de quasi chaque chanson. Le set est un peu court à notre goût. Ce sera notre seule remarque, car on en aurait bien pris 15 minutes de plus.
La suite dans le prochain compte rendu !
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Photos : Emma Shindo
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