On a regardé : Alcaline, la nouvelle émission musicale de France Télévisions
Avec ses 500.000 spectateurs, soit 6,7% des parts d’audience, Alcaline le Mag, nouvelle offre musicale de France Télévisions dit avoir réussi sa première. Si le démarrage pour une émission de fin de soirée (23h30) est bon, en revanche on n’est pas encore véritablement convaincu sur son contenu.
Ca commence avec un générique très vieillot signé pourtant par le très moderne Gaëtan Roussel. Les premières notes de musique ne laisse donc présager rien de bon, mais aussi vrai qu’on ne juge pas un livre à sa couverture, ne jugeons pas une émission à son générique. Pour sa grande première, Alcaline, le Mag (diffusé le jeudi soir, très tard) ouvrait avec l’omniprésent Stromae. Invité unique, puisque le principe d’Alcaline le Mag est d’articuler son format autour d’un seul artiste, et ce pendant 50 minutes. C’est long, mais Stromae est un très bon client, et le seul intérêt véritable de l’émission réside dans la qualité et l’intelligence des interventions du Belge.
Alcaline, c’est un présentateur invisible. Une voix-off en guise de fil conducteur, façon En Aparté, l’ex-émission de Pascale Clark sur Canal +. Monotone et chiante au possible, cette voix-off rendrait presque plus excitante les émissions de France Culture. Après avoir brossé pendant plus d’une minute le dos de Stromae (“vous êtes parfait, vous êtes le carton de cette rentrée, c’est un rêve de vous avoir“), et une présentation rapide du phénomène (“la force du garçon c’est de faire danser sur des mots désespérés“), on rentre enfin dans le vif du sujet : on parle du consensus Stromae, du buzz de la chanson “Formidable”, et on invite enfin le chanteur à chanter… Du live, mais sans public… Un concept étrange, sachant que le live, originellement, est destiné à un public… Pas chez Alcaline, le Mag. C’est donc face à une caméra, dans une quasi-obscurité que Stromae interprète son premier titre… “Formidable”. Le jeu de scène est le même qu’à chaque fois, le Belge, à peine dérangé par le vide humain, entre dans la peau du type bourré, même si “le personnage de la chanson n’est pas alcoolique, mais l’idée de l’interpréter comme ça est venu naturellement au moment de l’écriture. L’interprétation, c’est quelque chose qu’on oublie beaucoup aujourd’hui“. Il n’a pas tort le bougre.
Place ensuite à l’interview, introduit abruptement par la voix-off : “maintenant l’interview“, avec des questions plus ou moins décalées. On sort un peu de la promo brute, et disons ce qui est, c’est assez plaisant (on le fait souvent ici d’ailleurs) : “Votre devise ? Si vous deviez ressusciter un artiste? Votre passion musicale honteuse ? La chanson qui vous fait pleurer ?” Malheureusement, alors qu’on commençait à sourire des questions et surtout des réponses, le questionnaire prend fin, et nous on reste sur la notre… de faim. Le présentateur trouve en effet que c’est le moment propice pour lancer le debrief de l’actualité musicale de la semaine et offrir sa playlist de chansons à écouter absolument : Reflektor d’Arcade Fire “en écoutant ce titre, on sent que l’album va être une grosse claque“) , Paris-Seychelles de Julien Doré, Wasting my young years de London Grammar, Misses de Girls in Hawaii, Treasure de Bruno Mars (“oui parce qu’on aime aussi ce qui est populaire chez Alcaline“)… Rien de nouveau sous la lune, puisque ces titres, tout le monde les a déjà écoutés.
Emission donc réchauffée, des lives à huit-clos, des interviews trop courtes ou attendues (parler encore de Jacques Brel à Stromae pour la énième fois?) Alcaline c’est aussi des reportages faciles sur ce qui buzze : Fauve forcément, l’old twerk de Miley Cyrus (et non, ce n’est pas elle qui a inventé cette danse), et l’inépuisable fierté française Daft Punk. On n’était pas de grands fans de Taratata, même si on regrettait sa déprogrammation, nous ne sommes encore totalement sous le charme d’Alcaline. On attendra de voir les prochaines émissions pour se faire une idée entière de “la nouvelle offre musicale” de France Télé.