Festival d’été de Québec jour 2 : The Lumineers, Boy & Bear, Mon Doux Saigneur, Lord Huron…
Deuxième jour de festival, et notre journée est très (très) chargée. Le temps est au beau fixe, le soleil fait acte de présence par intermittence, tandis que le vent rafraîchit par vagues les festivaliers et autres curieux venus assister aux différents concerts.
17h. Le soleil tape. Les premiers concerts de la journée débutent sur la place d’Youville. Les Montréalais de MON DOUX SAIGNEUR investissent la scène. Les Canadiens sont venus présenter leur premier EP, produit par Jesse Mac Cormack, que l’on retrouve d’ailleurs sur scène, à la basse. Rock et chanson française s’entrechoquent dans une noirceur palpable : la basse est lourde et pesante, la batterie cadence le tout en low-tempo, la guitare est souvent bluesy avec l’usage d’un bottleneck, tandis que la voix d’Emerik est languissante. Leur musique est chiadée mais on regrette un manque d’interactions entre les membres du groupe, debout sur une scène qu’ils n’occupent pas tout à fait, malgré les quelques tentatives du lead-singer un peu bavard, qui va tenter à quelques reprises d’inviter le public à danser. Musicalement c’est intéressant mais pour le moment, on a un peu de mal à projeter le band autre part que dans une salle plus intime, à taille humaine.
C’est dans un tout autre registre que CAROLINE SAVOIE prend la relève. Le vent souffle un peu, mais le soleil se maintient au pied des fortifications de Québec. Caroline vous la connaissez peut-être pour son passage remarqué dans l’une des premières saisons françaises de The Voice France. Elle a aussi remporté récemment le prix du Festival International de la chanson de Granby, qui lui permet de se produire à Québec ce jour-là. L’Acadienne a ce qu’on appelle une “belle voix”, puissante avec un grain éraillé, qui sait se faire doux et tendre dans des ballades folk narrant les sentiments, les incertitudes… l’amour bien sûr. Elle nous raconte avec humour l’histoire de la très jolie et sincère “Y en aura”, et de son ex Martin, qui lui a soudainement parlé un jour de sa volonté de partir vivre en Suède. Qu’est-ce ça a l’air facile de raconter ses déconvenues quand on écoute Caroline, qui le fait avec une sorte de candide innocence et de solide confiance. Caroline et ses trois musiciens se paient même le luxe de reprendre la “1re chanson francophone que j’ai apprise”, un classique de Noir Désir “Le Vent l’emportera” face à un parterre de badauds de tous âges, curieux ou déjà amateurs. C’est frais, c’est joli, c’est parfait pour entamer notre vendredi. Son premier album sort à l’automne.
La journée continue avec LORD HURON sur les Plaines d’Abraham, soit la plus grande scène du festival, assez impressionnante, on doit bien l’admettre. Les Californiens ouvrent la soirée en compagnie de leur squelette posé négligemment à coté de la batterie. Ben le chanteur-guitariste tente quelques mots en francais : il s’agit de leur tout premier concert à Québec, “quelle belle ville !”. On aime ces touches de bongos ajoutée à une pincée de d’indie-folk qui sonne très vite pop-rock en live. Leur show est rodé et les titres s’enchaînent rapidement (“Fool For Love”, “The Stranger”). Trop rapidement. Et on comprend bien vite pourquoi… ils n’ont que 30 minutes de show. Dommage.
En rejoignant le Coeur du FEQ on tombe nez à nez avec Dave, chanteur de BOY & BEAR, notre groupe australien chouchou en pleine fin de tournée nord-américaine. On le retrouve quelques minutes plus tard avec ses quatre compères, souriant, à l’écoute du groupe gypsy qui égaillent les allées. Les garçons ne sont jamais venus à Québec, et c’est leur avant-dernière date de tournée pour Limit of Love, leur troisième album. Leur set est bien construit, les Australiens piochent dans tout leur répertoire, de “Part-Time Believer” à “Feeding Line” en passant par “Back to Black” d’Amy Winehouse, leur reprise du moment. Depuis le dernier concert qu’on a vu d’eux à Paris, ils ont bossé et modifié quelques intro’ (“Breakdown Slow”), ajouté des harmonies et effets vocals (“Showdown”,) ainsi que des ponts pour lier les titres de leur set entre eux. Les tempi sont plus stables, moins sujets à des accélérations surprenantes adaptées au caractère et à l’ambiance des chansons. On les trouve plutôt en forme, face à un public sympathique qui se laisse porter par les “Southern Sun” et “Walk the Wire” qui clôture le set. Le public en redemande, mais festival oblige, show must go on.
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Tête d’affiche de cette deuxième journée de festival, le trio devenu sextuor des LUMINEERS était attendu de pied ferme par les festivaliers des Plaines d’Abraham. Les Américains sont très professionnels. Wesley admet bien vite, pour le plus grand plaisir du public, qu’il ne croit pas avoir joué devant une foule aussi grosse de leur carrière. À leur décharge, les Plaines sont bien remplies et les premiers rangs très énergiques, malgré la chute du mercure dans la capitale québécoise. Le groupe ne fait pas dans les mises en scène et autres chichis pour dynamiser leur concert. Des instruments, et des voix suffisent. Placés en demi cercle autour de Wesley, ils n’hésitent pas à varier la formation : “Charlie Boy” en trio, avec “Jeremiah” à la mandoline est un pur délice. Leur reprise de Dylan en plein public est une belle réussite également. Ils prouvent qu’il est tout à fait possible de subjuguer – un temps – une foule avec une ballade, accompagnée uniquement d’instruments à cordes ! Étrangement le groupe expédie tous ses hits au début du concert : “Ophelia”, “Ho Hey” et “Cleopatra” sont tous joués en début de set. Comme pour s’en débarrasser et passer à autre chose. Une partie du public s’éclipse dès la moitié du set, ratant les géniales “Long Way From Home”, “Angela”, “Gun Song” et “Stubborn Song” en clôture du concert.
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Photos : Emma Shindo (sauf Lord Huron © Renaud Philippe)