Haters Back Off : une certaine idée du malaise
CRITIQUE – Les YouTubeurs débarquent sur Netflix. Avec Haters Back Off, on se demande si c’est une bonne idée et quel était le message de la série qui surfe sur le malaise et les grands moments de gêne.
Ça partait sans doute d’une bonne intention. Ou peut-être pas. Après avoir regardé les huit épisodes de Haters Back Off, on ne sait toujours pas quoi en penser. L’histoire ? Celle de Miranda, une adolescente américaine imbue au maximum d’elle-même, sûre de son talent. Le souci, c’est qu’elle n’a aucun talent. Elle ne sait pas chanter, ne sait pas jouer la comédie, elle n’est pas très jolie non plus mais elle est persuadée qu’elle deviendra, grâce à YouTube, une star du web et à terme, de Broadway.
Elle est poussée dans son extra-délire par son oncle slash manager slash l’homme le plus gênant de la Terre. Et lui aussi, est autant à côté de la plaque qu’elle. Au lieu de s’attirer des fans, elle attire une flopée de haters qui ont le commentaire facile. C’est internet. Caché derrière un ordinateur, ils ont la critique facile. Logique, on connaît internet et ses déviances.
Miranda Sings, certains la connaissent déjà. C’est le personnage créé par Colleen Ballinger, une YouTubeuse à succès qui s’amuse à parodier les faux talents d’internet à base de reprises aussi gênantes à regarder que douloureuses à écouter. Dans la série, c’est pareil. L’entendre chanter donne envie de se couper les deux oreilles. La regarder aussi, avec un rouge à lèvres qui déborde et sa mise en beauté qui ferait hurler Cristina Cordula. La série se veut comme une comédie poussée à l’extrême. C’est poussif, c’est graveleux, c’est tordu, c’est un malaise constant étendu sur 8 épisodes. C’est potache, c’est complètement barré, c’est absolument tordu. Même l’affiche est une gêne. Et elle intrigue.
Malaise ou génie ?
On ne sait pas s’il faut aimer cette Miranda, où s’il faut la haïr. S’il faut avoir de la pitié ou du dégoût, ou au contraire lui donner des baffes tant elle est égoïste, égocentrée et imbue d’elle-même. De la peine pour la mère hypocondriaque, pour ce garçon fou amoureux de cette jeune fille persuadée qu’une carrière internationale de chanteuse-danseuse-comédienne-actrice se profile. Faut-il se ranger du côté de sa sœur (pour le coup véritable petit prodige de la peinture), oubliée par sa mère, rabaissée par Miranda et son oncle, qui aurait sans doute donné tout l’or du monde pour ne pas appartenir à cette famille.
On n’a pas compris quel était le but de cette parodie de comédie où tout est sur-joué. Devait-on se ranger du côté des haters ? Devait-on comprendre qu’être différent n’empêche pas de vouloir avoir du succès ? Doit-on voir une critique de YouTube et de ces YouTubeurs prêts à tout pour réussir ? On ne sait pas. En tout cas, on est allés jusqu’au bout pour essayer d’avoir une réponse… Qu’on cherche encore.
Regardez Haters Back Off sur Netflix
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