Isaac Gracie, le plus prometteur des artistes folk actuels

COUP DE CŒUR – Anglais, jeune, talentueux. Et une voix qui transperce. Isaac Gracie va hanter nos cœurs pendant longtemps.

Son look déjà attire. Mi-top model, mi-icône grunge, Isaac Gracie nous rappelle nos chères années 90 au premier coup d’œil, malgré ses 22 ans à tout casser. Mais il serait dangereux de le limiter à cette image, loin, très loin de la pépite qu’il est. Car s’il y a bien quelque chose à retenir de ce garçon, c’est son intensité.

Dans une voix juste ce qu’il faut d’écorchée et d’une maturité insoupçonnée, Isaac Gracie déroule des textes d’une grande poésie et d’une justesse étonnante. Il sonde les tréfonds de l’âme (“I dont need to remember but I wanna forget cause there’s a hole in my head where I have no regrets, now I’m terrified” – “Terrified”), parcourt les méandres des relations (“Well she wore you like silk, bandaged all around the scars of your love, became your hollow crown” – “Hollow Crown”). Et le fait dans la plus évidente simplicité.

Grandeur et pureté à travers la simplicité

Car musicalement ici, point d’arrangement irrévérencieux, point d’instrument inutile. Isaac Gracie fait le choix de sa seule guitare sur une grande majorité de ses titres. Il parsème ses chants les plus lyriques d’envolées de chœurs (“All The Burning Lovers”) et de légers effets cathédrale (“Hollow Crown”). Peu surprenant quand on apprend qu’il a officié dans une chorale religieuse dans son enfance. Il en a sans doute aucun conservé la grandeur et l’écho à travers la pureté de sa voix. Et pourtant, sur d’autres titres, c’est le minimum qu’il dévoile. Le dénuement de “Darkness Of The Day” rappelle les premiers enregistrements des grands folkeux et bluesmen d’un autre siècle. Ces pistes sur lesquelles le grain règne derrière l’unique guitare. Ces pistes qui sentent bon le disque qui tourne. Ces pistes qui ne reniaient pas les silences un peu bruyants.

Dans le premier EP sorti en mars 2016, Songs From My Bedroom, la délicatesse coule donc de source. Depuis, Isaac Gracie poursuit sur le même chemin, mais chez EMI. Le travail semble ciselé au détail près, une batterie fait son apparition (“All My Mind”) mais pourtant, dans les titres distillés de-ci de-là, priorité est toujours donnée à l’essentiel : à cette voix brute, à ces textes gracieux. Comme le pendant obscur d’un Iron & Wine totalement solitaire (“Reverie”), Isaac Gracie nous a fait plonger irrémédiablement dans son univers. Et on compte bien t’y faire plonger avec nous.

A LIRE AUSSI
>> Fenne Lily, la simplicité d’une voix