Victoires de la Musique : Charlotte For Ever
PALMARÈS – Vendredi 9 février, les Victoires de la Musique récompensaient le meilleur de la musique française. Charlotte Gainsbourg est sacrée pour la première fois de sa carrière. Orelsan rafle trois prix.
On ne va pas s’étendre sur la longueur de cette soirée. Les cérémonies, c’est toujours très long. Du blabla qui ne sert à rien, des sketchs qu’on ne comprend pas toujours. Si parfois elle a été un peu gênante, Daphné Bürki a géré, comme hôte un peu rock’n’roll, elle s’est en bien sortie. J’adore cette fille, et les toiles dans son cerveau. Il faudrait plus de nanas comme elle dans le service public. Mention spéciale aussi pour ses tenues qu’ABBA n’aurait pas reniées. Cela étant dit, passons sur le plus important. Les récompenses.
Sans surprise, Orelsan a raflé la mise. Trois nominations, trois prix : album de musique urbaine, artiste masculin et création audiovisuelle pour “Basique”. C’était attendu. C’était logique. Il n’est arrivé qu’en fin de soirée. Il était en concert à Genève, mais il a fait tout de même le déplacement. Avec trois prix rien que pour lui, il avait intérêt à être là. D’intérêt, il n’y en avait pas pendant toute la première partie de soirée. C’était super long. Eddy De Pretto a réussi à s’en sortir malgré la coupure de courant (certaines mauvaises langues diront que son iPhone n’avait plus de batterie). J’ai un peu baillé pendant la prestation de BigFlo et Oli sur “Dommage”. Dommage, parce que j’adore ces garçons.
Je suis partie me faire une tisane pendant Soprano. Je me suis légèrement énervée en entendant que Shaka Ponk était sacré “album rock”. Rock ? Quelques secondes avant, Yarol Poupaud, boucles parfaites, classe affichée, jouait les meilleurs riffs de l’histoire du rock : Led Zep, AC/DC, The White Stripes… et là paf, on te dit qu’en France, le meilleur album rock, c’est celui des très bruyants Shaka Ponk. J’ai mal à mon rock. Ceci dit, en face il y avait Lady Sir (qui c’est ?) et BB Brunes. J’adore BB Brunes, mais eux non plus, ne sont pas rock.
Et là, 23h00
Ce n’est qu’à partir de 23h00 que la soirée s’est animée. Mamie et papy sont partis dormir. Ils ont vu Bernard Lavilliers, M, MC Solaar, bref, les têtes connues, imprimées. On peut enchaîner en douceur, sur ceux qu’on aime et qu’on ne voit pas assez souvent. Albin de la Simone, superbe sur “Grand amour” en piano-voix. Il aurait mérité l’album de chanson, mais il a été donné à MC Solaar… va falloir m’expliquer en quoi c’est un album de chanson et pas un album de “musique urbaine”… Charlotte Gainsbourg a été magistrale, élégante, touchante, au piano, elle aussi, pour chanter “Ring‐a‐ring o’ roses”. Elle a remporté la Victoire de l’artiste féminine, et c’est amplement mérité. Parce que cette femme est une femme courageuse, il se dégage une aura lumineuse malgré l’ombre qui l’entoure. Celle de son père, illustre, sa sœur Kate, les deux décédés. Elle dira, Charlotte : “moi je suis vivante, et je célèbre la vie. Pour ma mère, pour ma sœur Lou et mon frère Lulu”.
Elle a aussi célébré Etienne Daho. Le Grand Étienne recevait une Victoire d’honneur. Parce qu’il est le parrain de la pop, parce qu’il avait 30 ans d’avance sur tout le monde, parce qu’il est encore là et qu’aujourd’hui son influence est encore plus palpable. Par contre, il y avait meilleur moyen de l’honorer que de demander à Juliette Armanet, Eddy de Pretto et BB Brunes de chanter quelques uns de ses titres. Tous se sont cassés les chicos, enchaînant les fausses notes. Je les aime, ces trois-là, ils sont ce qu’il se fait de mieux, mais c’est la preuve que chanter du Daho… ce n’est pas chose aisée.
.@cgainsbourg nous a interprété “Ring a ring O roses ” sur la scène des #Victoires2018 ! pic.twitter.com/yDhRwKJLE5
— France 2 (@France2tv) 9 février 2018
Ce qui est le plus intéressant dans les Victoires de la Musique, il faut le dire, ce sont les révélations. Et c’est là que l’on se dit que l’avenir est beau. Juliette Armanet est la révélation “album”, Gaël Faye, “révélation scène”. Gaël, ça fait des années qu’il tourne, qu’il électrise les salles de concerts avec des concerts à la fois poétiques et énergiques. Il aura fallu le coup de projo du monde littéraire pour que l’industrie musicale s’intéresse à lui. Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on. La Victoire de la révélation scène, j’aurais voulu la donner aux trois artistes nommés : Gaël Faye donc, mais aussi Eddy de Pretto et Fishbach. Parce qu’ils sont tous magnétiques sur scène, qu’ils sont dans cet espèce d’état second quand ils chantent. Qu’ils sont habités, qu’ils sont doués et que chacun de leurs concerts est différent.
Le palmarès des Victoires
Artiste féminine: Charlotte Gainsbourg
Artiste masculin: Orelsan
Album révélation: “Petite amie”, de Juliette Armanet
Révélation scène: Gaël Faye
Album de chansons: “Géopoétique”, de MC Solaar
Album rock: “The Evol’” de Shaka Ponk
Album de musiques urbaines: “La fête est finie” d’Orelsan
Album de musiques du monde: “Lamomali”, de -M-, Toumani & Sidiki Diabate, Fatoumata Diawara
Album de musiques électroniques ou dance: “Temperance”, de Dominique Dalcan
Chanson originale: “Dommage” de Bigflo & Oli
Spectacle musical/Tournée/Concert: Camille
Création audiovisuelle: “Basique” d’Orelsan
Victoire d’honneur: Etienne Daho