Don’t worry, he won’t get far on foot : Gus Van Sant, conventionnel
CRITIQUE – Gus Van Sant qui porte à l’écran la vie de John Callahan, ça avait de la gueule. Du moins, sur le papier. Parce que sur grand écran, Don’t worry, he won’t get far on foot reste un peu trop lisse malgré l’implication de ses acteurs, Joaquin Phoenix et Jonah Hill en tête.
Prête à tout, My Own Private Idaho, Will Hunting, Gerry, Elephant… Autant de films qui ont placé Gus Van Sant parmi les plus grands. C’est pour ses prises de risques, son anti-conformisme, sa liberté et sa sensibilité qu’on aime le réalisateur originaire de Portland. Le fait est que l’on n’a pas retrouvé grand-chose de tout ça dans Don’t worry, he won’t get far on foot, son dernier film en salles depuis le 4 avril. Conventionnel, le cinéaste signe ici un biopic lisse et sans ampleur.
Pourtant, avec la vie rocambolesque de John Callahan comme matière première, Gus Van Sant avait de quoi bien faire. Alcoolique à 13 ans, tétraplégique à 21 ans à la suite d’un accident de voiture, devenu illustrateur de presse célèbre, l’Américain à l’humour noir incisif, décédé en 2010, a connu bien des déboires. Plutôt que d’explorer sa personnalité complexe, le metteur en scène a choisi de se focaliser sur son combat contre l’alcoolisme. Notamment par le biais de ses multiples séances aux Alcooliques Anonymes. Car plus que son handicap, c’est sa dépendance à l’alcool que Callahan portait comme un fardeau. La rédemption, le courage, l’amitié et l’amour – car l’artiste trouvera aussi son salut grâce à sa compagne Annu (Rooney Mara) – comptent parmi les thèmes principaux du film.
Casting musical
La mise en scène du long métrage fonctionne bien, sur fonds de flashbacks et d’incursions de quelques dessins de Callahan en version animée, mais sa principale force réside dans la qualité de son casting. En acteur investi, Joaquin Phoenix se donne à fond dans son rôle et s’en sort admirablement bien. Mais on ressort du film avec une affection particulière pour Jonah Hill. Jamais caricatural, juste et attachant, le comédien tire son épingle du jeu dans la peau de Donnie, riche héritier, ancien toxicomane et mentor de Callahan. L’autre bonne surprise du film réside dans la présence de Kim Gordon et de Beth Ditto parmi le groupe des alcooliques anonymes que fréquente le caricaturiste. Certes, on ne les voit pas beaucoup – d’ailleurs, les personnages secondaires auraient mérité d’être davantage mis en avant– mais chacune de leurs scènes reste pertinente.
Don’t worry, he won’t get far on foot joue donc la carte de la simplicité, ce qui lui évite néanmoins de tomber dans le pathos et le misérabilisme. C’est déjà ça.