Le grand show de Pretto à la Cigale

LIVE REPORT – Eddy de Pretto jouait hier soir devant sa première Cigale, qui affichait complet depuis des mois. Un show en ébullition.

Depuis janvier 2017, quand par hasard nous avions découvert sur la scène des Inouïs du Printemps de Bourges, le phénomène Eddy de Pretto, nous en étions resté bouche bée. La salle, jusqu’alors plutôt bruyante, s’était tue dès les premiers mots du jeune homme. Hier soir, bien au contraire, le public de la Cigale ne s’est pas privé pour faire résonner sa voix, en chœur avec celle de son idole. La salle était pleine à craquer et l’ambiance survoltée.

Sincérité et émotion

La scène est dans son plus simple appareil lorsqu’Eddy de Pretto y apparaît : une batterie sur une estrade et… c’est tout. Sur les côtés, on aperçoit même les câbles et la tuyauterie. Mais cette sobriété dans le décor ressemble à merveille au jeune homme : urbain et authentique. Dans la main, il tient un smartphone avec lequel il lance les pistes d’instru, sur lesquelles le batteur ajoute musique live et percussions électroniques. La mise en musique et en scène est minimaliste, ce qui permet de mettre en valeur son jeu de scène caractéristique, sa voix grave et intense, et surtout, ses mots percutants et pertinents. Des mots crus et vrais et touchent et émeuvent.

Eddy de Pretto se livre sans fard, racontant l’intime des relations familiales (“Mamere”), la difficulté de grandir dans un monde discriminant les différences (“Kid”, “Normal”), le parcours vers l’acceptation de soi (“Genre”, “Ego”) et les soirées d’une jeunesse débridée (“Rue de Moscou”, “Fête de trop”). Sur “Kid”, l’émotion est palpable lorsqu’il entame le dernier couplet, repris par le public tout entier “Mais moi, mais moi, je joue avec les filles / Mais moi, mais moi, je ne prône pas mon chibre / Mais moi, mais moi, j’accélérerai tes rides / Pour que tes propos cessent et disparaissent”. Avant de commencer l’intense réquisitoire adressé à sa mère, il demande aux foules de sortir leurs téléphones et d’allumer les flashs. La salle entière brille de ces étoiles numériques qui dansent au rythme de “Mamere”.

Un show en ébullition

Habillé de blanc, Eddy de Pretto s’illumine sous les projecteur, éblouissant d’une prestance épurée. Il ondule comme un félin, frappant le sol du pied pour accompagner les basses, embrassant l’air de ses longs bras souples. La scène est grande mais il l’accapare dès les premières notes du set, avec “Rue de Moscou” commencée a cappella. Généreux, il joue tous les titres parus, ceux de son premier album Cure mais aussi “Jungle de la chope”, présent sur son EP Kid. Peu de répit est laissé entre les titres qui s’enchaînent rapidement. Reconnaissant, Eddy de Pretto prend le temps de remercier son public plusieurs fois. Lorsqu’il quitte la scène, la salle résonnant encore de “Fête de trop” l’acclame tumultueusement, on frappe des mains, on frappe des pieds, on crie son nom. Il revient, pour deux titres, puis quitte la scène répétant doucement les dernières paroles de “Honey” : “J’te cherche dans le noir (où es-tu Honey ?), j’te cherche dans le noir”.

Hier soir, la Cigale aura bien chanté et bien dansé. On remet ça le 19 avril et le 2 mai prochains ?

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Setlist : Rue de Moscou / Jimmy / Jungle de la chope / Beaulieue / Quartier des lunes / Random / Kid / Desmurs / Genre / Mamere / Musique basse / Normal / Fête de trop // Bis : Ego / Honey