Salons acoustiques : Dany Placard et Julie Doiron, comme à la maison
LIVE REPORT – À l’occasion de la nouvelle édition des Salons acoustiques à la Chapelle, on est allé écouter et applaudir le duo Julie Doiron et Dany Placard lors d’une soirée intime et réjouissante.
Lorsqu’on s’installe dans la jolie salle de la Chapelle, on entend déjà des notes s’échapper par la porte des loges. Comme si notre coloc répétait dans la chambre à côté. Un petit plaisir d’entrée, ajouté à celui de retrouver une salle de concert.
On se souvient de la configuration cosy de cette salle de spectacle il y a deux ans pour les Salons acoustiques. Cette année, pour leur retour, les consignes sanitaires imposent de n’être qu’à à peine 30 personnes (sur les 120 habituellement), disséminées à travers la pièce. On est un poil moins proches, mais niveau visibilité, son et espace vital, les conditions sont optimales à souhait.
Plusieurs guirlandes d’ampoules lumineuses éclairent idéalement le centre de la scène où se tiennent Dany Placard et Julie Doiron. Le concert sera double. Les deux artistes ont enregistré un album à deux, pour leur projet Julie/Dany, dont ils vont interpréter plusieurs titres. Un album visiblement très tourné vers les chansons d’amour (heureux et triste) dont l’accompagnement délicat aux deux guitares acoustiques se prête parfaitement.
En plus de leurs ballades romantiques, ils alternent avec des chansons de leurs répertoires mutuels, qu’ils ont retravaillé pour l’occasion. Aucun problème de ce côté-ci, ils ont plein d’albums à eux deux nous disent-ils, dont plusieurs en attente.
“Ça fait du bien de faire de la musique”
On sent une grande affection et connivence entre Julie et Dany, mais visiblement un petit manque de répétitions à deux. Il faut dire que Julie n’était même pas sûre de pouvoir venir à Montréal à cause des restrictions sanitaires imposées entre les différentes provinces. Heureusement, nous raconte elle, un appel magique avec un fonctionnaire tombé du ciel a finalement résolu le problème. Et la voilà donc débarquée en début de semaine à Montréal depuis le Nouveau-Brunswick dont elle est originaire.
C’est aussi leur 2e concert pour ce projet-là, et leur premier en salle depuis au moins 6 mois chacun. Si Dany Placard se montre assuré et bienveillant, Julie Doiron elle, est fébrile et presque craintive quand il faut se lancer dans des chansons qu’elle n’a pas beaucoup jouées. Elle préfère discuter avec nous, avec son accent charmant et son humour chaleureux.
Elle nous avertis, elle se distrait facilement et en rit. Ses interventions sont maladroites, mais là est tout son charme (“j’apprend à être plus professionnelle”). Ses interruptions sur son repas du soir, sa coupe de cheveux, ses semis de tomates oubliés, ou les chiens de Dany apportent la touche d’humanité à ce concert de reprise pour beaucoup d’entre nous. Ils ne le voient pas, mais je souris beaucoup sous mon masque ce soir là. Et je pense que je suis loin d’être la seule.
Du folk-grunge acoustique
Pour parler musique, leurs timbres de voix se marient bien, puissante parfois pour Dany, timide et mélodique pour Julie. Beaucoup de tendresse se dégage de leur performance, sûrement liée à leur longue amitié. Par les arrangements épurés aux guitares acoustiques (ou aux sifflements pour remplacer la flûte de la version originale) et par leurs harmonies (“Mon amour était plus fort que ce qu’on voit dans les vues”). Entre français et anglais, entre rémanence grunge et pureté folk, Julie Doiron et Dany Placard nous embarquent dans leur monde de chansons tristes, heureusement revigoré par la chanson mush de Dany (“Pulperie”) et la candeur des chansons de Julie (“Tailor”).
La soirée passe à une vitesse folle. Je suis complètement subjuguée par la redécouverte de “Les mains dans l’huile” tirée de l’album Rang de l’église de Dany Placard, sorti en 2006. Enchaînée à la magnifique ballade “I Don’t Know” de Julie Doiron et voilà déjà la fin d’un concert dont on aurait bien pris une heure supplémentaire. Les deux artistes reviennent pour un rappel expéditif (moins d’une minute), mais non moins original : “My Mummy’s Dead” de John Lennon. Julie Doiron peine à quitter la scène, presque gênée de devoir nous laisser rentrer chez nous sans pouvoir jouer plus, couvre-feu oblige. On se retrouvera.
Les Salons acoustiques continuent ce week-end ! (billetterie)
Samedi 15 mai à 19h : Michael Feuerstack + Erika Angell
Dimanche 16 mai à 14h et 16h : Ouri + Helena Deland
Photos : Emma Shindo
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