JOHN et IDLES à L’Aéronef, un acte de résistance plus que G.R.E.A.T.

LIVE REPORT – C’est bon, on le tient, ne cherchez plus, arrêtez tout. La palme du concert de l’année revient à IDLES à l’Aéronef.

C’était l’occasion rêvée de découvrir Lille. Après un concert parisien de Kurt Vile la veille, aller voir IDLES à l’Aéronef tombait sous le sens. Pourquoi attendre décembre et le Bataclan quand on peut voir la plus grosse sensation rock anglaise à une petite heure de train ?

John + John = JOHN

Le groupe JOHN accompagne la tête d’affiche sur ses dates européennes. John, comme le prénom des deux musiciens qui composent ce duo : un à la guitare, un à la batterie et au chant. J’ai toujours eu une admiration sans borne pour les batteurs / chanteurs. Celui-là ne déroge pas à la règle, tant l’énergie qu’il déploie à martyriser ses fûts et à éructer dans son micro simultanément est énorme.

Heureusement qu’ils ne font que la première partie. Parce que très honnêtement, on ne sait pas comment ils pourraient tenir à deux à ce rythme-là plus de 30 minutes. C’est anglais (forcément), ça transpire (vite), et ça te donne envie de sauter ou headbanger plus vite que l’éclair. Une parfaite entrée en matière qui dose très justement l’envie d’en découvrir plus, et la mise en condition pour la suite.

L’évidente claque scénique

Dans mon cœur, le meilleur groupe anglais sur scène actuellement s’appelle Shame. Aller voir IDLES, je le savais, risquait de remettre en question mes convictions. Les musiciens arrivent un par un dans la pénombre sur “Colossus”. Les applaudissements ne se font pas attendre, le public est prêt à en découdre. Ça tombe bien, Joe Talbot aussi. Dans le noir, il a déjà un pied sur les retours, harangue la foule au micro, et lance des regards de défi à la ronde. Voilà. Les dés sont jetés. Le concert va être énorme. C’est une évidence que rien ne peut venir démentir. Un mec qui, sur scène, crache à la verticale super haut et réussit à rattraper son crachat au retour est une preuve suffisante. Ça va être crade mais maîtrisé, incorrect mais addictif, déchaîné mais jouissif.

“Punk is not dead”. Dans ces temps troubles que vit le Royaume-Uni (et le reste de la planète), la résurgence de groupes de punk comme IDLES est salutaire. “I put homophobes in coffins”, “Fuck TV and the magazines”, “We don’t need another murderous toff”,… Les exemples de paroles qui dénoncent à peu près toutes les dérives de notre ère sont innombrables et sautent au visage sur scène encore mieux que sur album. Joe Talbot est le chef de file qu’on suivrait partout, le prédicateur insurgé qui allume le feu. Et IDLES est le groupe qui nous fait cracher à la figure de ce système qu’on ne supporte plus, mais de la meilleure manière qui soit.

“Unity!”

Parce que Joy Is An Act Of Resistance est peut-être le meilleur titre d’album du monde, et le plus représentatif de la manière de jouer d’IDLES. Après Brutalism, leur premier tout aussi représenté dans la setlist, celui-ci complète parfaitement ce que l’Aéronef a vécu mardi soir. Il fallait entendre le public chanter “For a long old while I’ve known” sur “I’m Scum”. Il fallait sentir le poids de Mark et Andy, la paire magique de guitaristes venus slamer dans la foule. Il fallait voir les quelques chanceux montés sur scène se trémousser et jouer les musiciens. Il fallait pogoter dans cette fosse et sentir la pluie de bière. C’était bien la joie qui régnait partout en levant le poing. Le point d’orgue, l’identité complète d’IDLES résumée en une chanson ? “Danny Nedelko”. La perfection de ce titre qui te fait célébrer l’immigration, gueuler à pleins poumons “UNITY” et sauter et chanter “yaïdi yaïdi yaïdi hé hé hé hé” en même temps… C’était à en pleurer de bonheur. Et cette chanson résonnait encore fort dans les rues de Lille à la sortie du concert.

On pourrait encore parler de cette reprise de Solomon Burke, “Cry To Me”, présente sur l’album mais qui est étonnamment sexy à la sauce rock sous les lumières rouges de la scène. On pourrait te crier notre amour incommensurable pour chacun des musiciens, tous plus tarés les uns que les autres (Mark Bowen en tête qui fait de la corde à sauter avec sa gratte… éternel respect). On pourrait t’expliquer qu’il n’y a jamais de rappel avec IDLES parce que c’est à la fois “stupid” et “a total waste of time”. Mais puisqu’il faut bien finir ce report, on va juste te dire d’aller les voir au plus vite si ce n’est pas encore fait. Et d’aller les revoir sinon. Parce que le monde a besoin d’IDLES. Et toi aussi. Longue vie à eux.

À LIRE AUSSI
>> Tant qu’il y aura Idles, le rock ne peut pas mourir