Live Report : l’orgie haut de gamme de Benjamin Biolay
Après le succès critique et commercial de son dernier album La Superbe, c’est entouré de musiciens de talents que Benjamin Biolay a transporté le Casino de Paris hors du temps à la (re)découverte de son univers où l’amour, parfois déçu, souvent passionnel et surtout complexe tient le 1er rôle.
Pudique, timide, magnétique, survolté, sensuel, envoûtant, mélancolique, élégant, sombre, passionné, définitivement optimiste, désabusé, amoureux… Benjamin Biolay, véritable virtuose de l’arrangement, est tout ça à la fois et plus encore. Balançant des mots crus sur des mélodies implacables, flirtant avec la très grande chanson française, le hip-hop, le rock, la britpop (Biolay va jusqu’à sampler le mythique “Clint Eastwood“ de Gorillaz à la fin de son “Négatif“), Benjamin Biolay donne le ton de la soirée à la première note. La communion avec le public peut commencer.
Une fois la salle plongée dans le noir, comme pour nous rappeler que nous sommes en présence d’un véritable poète, le concert s’ouvre sur un texte de Rainer Maria Rilke : “Pour écrire un seul vers” porté par la voix de Michel Aumont.
Et le miracle ce produit : tel Docteur Jekyll & Mister Hide, le poète Biolay se transforme en véritable bête de scène. La set-list, aux multiples influences musicales (savant mélange de “La Superbe”, “Trash Yéyé“, “Négatif“, “A l’Origine“, “Rose Kennedy”) ne laisse aucun répit au public qui n’hésite pas à chanter et danser sur les différents morceaux. Les huit premières chansons s’enchaînent rapidement, laissant la salle le souffle court. “Tout ça me tourmente” ouvre le bal, puis dans le désordre “Si tu suis mon regard“, “Night Shop” (clin d’œil au grand Bashung), “Lyon Presqu’île“, “Dans la Merco Benz” rebaptisée avec humour en Sarko-Benz.
Puis Biolay joue l’apaisement. Les guitares et la batterie se calment et disparaissent discrètement pour laisser le temps au public de reprendre ses esprits et permettre au chanteur de passer au piano le temps de trois chansons plus intimistes. Seul sur scène, Benjamin Biolay dresse son portrait, émouvant et sans complaisance, à travers “Ton Héritage“, morceau dédié à sa fille. Un duo avec la jeune chanteuse Alka clôture en douceur la partie piano/voix.
Mais c’est bien connu, le calme fini toujours par laisser place à la tempête et le concert de Benjamin Biolay n’échappe pas à la règle. La dernière partie du show est une véritable débauche d’énergie : “La Superbe“, “Qu’est ce que ça peut faire“, “Assez parlez de moi“ (pépite pop totalement jubilatoire) entre autre. La soirée atteint son paroxysme avec un final apocalyptique sur “A l’origine“, mélange de rap et de hard rock enragé où l’interprète totalement transcendé offre une prestation scénique et vocale époustouflante.
Le concert pourrait aisément s’arrêter sur ce cataclysme. Mais les acclamations de la salle chauffée à blanc pousse l’artiste & ses musiciens à revenir sur scène à quatre reprises pour “Négatif “ & “Les Cerfs volants“, et surtout “Padam” où les refrains offrent l’opportunité au public d’ovationner celui qui « attendait en vain, que le monde entier l’acclame, qu’il lui déclare sa flamme, dans une orgie haut de gamme. ». Après quoi, le rideau tombe définitivement sur “Brandt Rhapsodie” (partagé avec Audrey Blanchet) et son autopsie presque clinique d’une histoire d’amour, de la passion des débuts au mépris de l’autre.
Entre deux ovations, ému Benjamin Biolay fait à voix basse et dans un sourire un aveu désarmant d’honnêteté qui résume bien son état d’esprit : « Je ne croyais pas vivre ça un jour… », pour être honnête nous non plus.
Pour en découvrir plus sur l’univers de Benjamin Biolay : Un petit tour sur son myspace s’impose ou sur son site officiel!
Caroline Pecoraro
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