Elliot Maginot – Young/Old/Everything.In.Between

Eliott

Cela fait un bail que j’attendais ton premier album. Si longtemps qu’au moment d’écrire quelques mots, l’excitation et l’impatience inhibent mon clavier. “Plume” eût été plus beau, mais hélas, on ne gratte plus le papier aujourd’hui, on tape. On frappe frénétiquement et mécaniquement sur des touches abîmées qu’on ne regarde même plus tant on tape dessus les yeux fixés sur un écran trop blanc. L’écran justement, je le fixe bêtement. Comme s’il avait la réponse à ma question.

Que dire ?

Tellement de choses qui pourraient, en réalité, se résumer en 140 signes, une micro critique façon Twitter : “Young/Old/Everything.In.Between : Emotion. Mélancolie. Post-Folk. Planant. Illumination. Epique. Magnifique. Half Moon Run. Le talent, merde.” J’aime faire des phrases qui n’en sont pas et je rendrais hommage à ce titre d’album étrange qui n’est pas vraiment un titre mais que j’apprécie beaucoup. L’explication, si j’ai bien compris, c’est qu’Elliot Maginot essaie de (sur)vivre entre son passé (Young) et le futur, forcément effrayant (Old), sans vraiment savoir ce qu’il y a au milieu (Everything in between). Souffrant d’un terrible syndrome de Peter Pan, je peux comprendre. Mais, il ne s’agit pas de moi, ici, mais plutôt d’Elliot, de son nombril et de ceux qui l’entourent.

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Dans l’album, je retrouve évidemment des titres déjà connus à mon oreille (Jepeto, Monsters at War) mais avec une orchestration différente. Une orchestration tout court d’ailleurs. Son E.P était un tête-à-tête avec sa guitare et son ordinateur. De ce fait, les chansons étaient dépouillées au maximum et laissaient éclater une émotivité et une sensibilité à fleur de peau. Emotion. Moi, en les écoutant, je laissais éclater un torrent de larmes tellement l’écriture était touchante. Avec ce rien du tout, c’était comme si le Canadien chuchotait à mon oreille ses chansons tristes. Mélancolie. Je pleurais. A chaque chanson. Là, je ne pleure pas, mais j’en prends plein les oreilles. Il y a des pianos, des cordes, des claviers, une cascade de sons, d’instrumentations. Des arrangements d’orfèvres. La rencontre magique de l’univers folk adulescent d’Elliot Maginot et l’expérience de Jace Lasek (The Besnard Lake). Le travail des deux donne des ambiances particulières, beaucoup d’échos et de reverb, des jolis choeurs, des percus. Planant. Epique.  Ca va plus loin que le folk des débuts mais la base est encore là, il reste toujours ses titres fragiles joués en fingerpicking que j’affectionne tellement (“Blood Is a Gift Until Its Not”). Même s’il est vrai que la guitare se fait de plus en plus électrique et que la tristesse mélancolique se transforme en une tristesse presque sensuelle. Oui, je trouve que la tristesse peut être sensuelle, si tu ne crois pas, je te prie fort d’écouter “Still Alive”, mon coup de cœur absolu de cet album. Par moment, je pense à Half Moon Run. Les envolées épiques, le dosage subtil dans les orchestrations, les mélodies qui s’étoffent petit à petit (“…And Stand Your Ground”), qui commencent doucement et qui finissent en feu d’artifice sonore. Oui, je sais Half Moon Run => Elliot Maginot, c’est facile. Ils sont sur le même label, ils sont Canadiens, ils font une musique à la lisière du soft rock et du post folk. Oui, c’est facile. Et, tu sais quoi, je lui souhaite la même carrière, le même envol, le même tour du monde. Qu’attends-tu, France, pour faire venir ce garçon au talent immense ? Merde.

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