On a écouté : “L’insouciance” de Baptiste W. Hamon

Voilà quelques semaines déjà que l’album de Baptiste W. Hamon est disponible. Il s’appelle L’insouciance et Dieu sait combien je l’ai attendu, cet album. Patiemment, mais aussi avec l’excitation d’une gamine avant Noël. Pourtant, au moment d’écrire la chronique, j’ai du mal. Parce que cet album est beau, parce qu’il est poétique, mélancolique à souhait, si parfait que je ne sais pas comment le décrire. J’aurais juste envie de te dire : “fais pas le con, mec, va sur Deezer tu vas comprendre. Écoute, pleure et cours l’acheter”. Mais ça ne se fait pas trop, n’est-ce pas ? Comme utiliser le mot “con” dans une chronique d’album, mais je le fais quand même.

Tu vois, le truc c’est que Baptiste W. Hamon a écrit ma chanson d’amour préférée depuis “Wicked Game”. Cette chanson c’est “Peut-être que nous serions heureux”. Va  savoir pourquoi, dès que je l’écoute, j’ai des frissons partout, la larme à l’œil, le cœur qui bat à toute allure et l’estomac noué. Elle me bouleverse. C’est rare qu’une chanson me fasse autant d’effet. En français surtout. Parce que c’est dur de bien faire sonner le français. C’est dur mais Baptiste est un poète. Il n’y a qu’un poète pour écrire : “Si tu savais danser sur les lignes du temps, si tu brisais mes peines quand faiblit le printemps, si tu pouvais comprendre que je suis amoureux, peut-être que nous serions heureux“. Alors oui, ce n’est pas l’amour heureux mais c’est l’amour réaliste. Tu sais, celui qui existe vraiment, dans la vraie vie, qui est fait avec des si, des pourquoi pas, des c’est une mauvaise idée, des faisons-le quand même, des peut-être et des c’est compliqué. On s’y retrouve. Ce n’est pas Hollywood, ce n’est Cendrillon mais c’est d’une justesse folle. Touché, le cœur. Coulé, le mascara sous les yeux.

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Les larmes, elles coulent pendant toute l’écoute de L’insouciance. De l’histoire de “Joséphine” à celle de “Van Zandt”, le maître à penser de Baptiste W. Hamon. C’est marrant, la première fois que j’ai écouté Baptiste, je pensais justement à ce cowboy américain mort beaucoup trop tôt. Quand je suis rentrée de son concert, j’ai cherché dans mes vinyles Our Mother The Mountain et je l’ai écouté en boucle. Je me suis imaginée sur les bords du Mississippi. C’est un peu pareil avec L’Insouciance.

Cet album respire Nashville et c’est l’œuvre d’un vrai countryman, d’un vrai folksinger né au mauvais endroit, à la mauvaise époque. Les pieds sont bien ancrés dans aujourd’hui mais la tête, elle, est dans les années 60, l’âge d’or du folk. Pour ces raisons, la musique de Baptiste W. Hamon me parle. J’ai tendance à glorifier ces années-là et je suis toujours frustrée quand un chanteur d’aujourd’hui se dit folk mais n’a de folk que le nom. Baptiste W. Hamon ne l’affirme pas, c’est moi qui le dit. Lui, c’est vrai folksinger et j’imagine qu’il aurait eu sa place dans l’une des salles de Greenwich Village, ce quartier new-yorkais où tous les chanteurs folk se retrouvaient pour chanter. T’as dû voir Inside Llewyn Davis, ils en parlent, de Greenwich Village justement (mais pour une véritable vision globale je te conseille de lire le bouquin Manhattan Folk Story).

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Comme un véritable countryboy, c’est à Nashville qu’il a enregistré son album avec des musiciens de là-bas. Quand on écoute “Ballade d’Alan Seeger” ou “Columbia” on peut fermer les yeux et se voir transporter dans le berceau de la musique américaine. Avec “Comme la vie est belle”, on est plus sur le terrain du folk hanté, un peu à la Song: Ohia. C’est avec Bonnie Prince Billy (Will Oldham), un monstre du genre, que le titre est enregistré. Et on a envie d’y croire, que la vie est belle, presque, même si elle est chantée sur une mélodie mélancolique avec deux voix traînantes. 

Si la musique est hautement influencée par l’Amérique des cowboys, en revanche les textes eux, sont bien écrits dans la langue de Cabrel et Barbara. L’érudit chanteur manie les mots à la perfection, les tournures sont belles,  et il dépeint à merveille les maux d’aujourd’hui. On a envie d’être insouciant, d’être naïf, et quand il dit “C’est quand que tu viens ? Si ta petite vie ne te rend pas heureuse, fais ton sac, prend ta vareuse, j’ai des tickets pour l’Arcansas” (“Tu n’en voulais pas”), je lui réponds sans sourcilier : “c’est quand qu’on part ? J’attends sur le tarmac”. En attendant, merci pour le voyage. 

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