Neil Young, old stuff et pots de confiture

PROTEST SONGS – Il est l’un des derniers vrais songwriters. Le prolifique Neil Young sort son deuxième album de l’année, le quarantième de sa carrière. Peace Trail, un album militant et politique. À 71 ans, le vieil homme a toujours des choses à dire.

Neil Young n’a pas de temps à perdre. Les albums, il les sort coup sur coup. Deux cette année. Une quarantaine durant toute sa carrière. Neil Young a des choses à dire. Son arme, sa plus belle arme, c’est la musique et sa guitare. Pour Woodie Guthrie, sa guitare “tuait les fascistes” et chacune de ses chansons étaient des protest songs. Neil Young utilise encore et toujours sa musique comme un outil de défense. Il a sorti un manifeste musical contre Monsanto, cette fois, il prend fait et cause pour tout ce qui le révolte dans Peace Trail. La cause Sioux, les violences policières, les fermiers, l’écologie.

Le folk, qu’est-ce que c’est ? Ce sont des chansons qui, à l’origine, parlaient de la condition des gens. Du peuple. Neil Young est peut-être le dernier vrai folksinger, avec cet âme un peu punk, un peu rebelle qui ne peut s’empêcher de la fermer.  Et pour ça, on le remercie. On le remercie parce qu’il n’y a pas beaucoup d’artistes ayant le courage de chanter ses idées. Lui, il le fait, avec la force et la ferveur d’un gamin de 20 ans. Peace Trail n’est peut-être pas un album révolutionnaire. Il sera sans doute noyé dans la discographie aussi longue qu’un viaduc, mais  qu’importe. Qu’importe aussi que ce soit facile, que cette fois, il n’ait pas innové, que cet album là sonne comme un album des années 1970. On s’en fout. Ne dit-on pas que c’est une période bénite pour la musique, les années 1970 ?

Ce qui importe c’est que ce vieux monsieur, ce grand monsieur, cette légende, chante encore comme s’il était dans la force de l’âge. Même s’il sait qu’il n’est plus tout jeune et qu’enchaîner concerts et studios, puis concerts et encore studios, ce n’est plus vraiment de son âge, il le sait, il le chante. Ce qu’il fait “c’est mauvais pour le corps, mais bon pour l’âme“. Mais contrairement à nos idoles qui ont rendu les armes en laissant un testament en musique avant de partir (Leonard Cohen et David Bowie), on sent que Neil Young a encore quelques années devant lui. Et qu’il peut continuer encore longtemps.

Authentique et militant

La voix n’a pas changé. Elle n’a pas l’air attaquée ou affaiblie. Elle a toujours le même grain, éternellement juvénile. C’est presque imperceptible mais parfois, elle chevrote, rappelant que le temps passe et n’épargne pas les hommes. Aucun homme, même pas nos héros musicaux. Il a toujours le souffle, il le montre quand il joue de son rageur et fidèle harmonica. La guitare est acoustique ou électrique. Plus souvent acoustique qu’électrique. La batterie métronomique et légère.

L’album sonne vintage mais il est authentique, sincère, militant. C’est du Neil Young. L’Histoire ne retiendra pas Peace Trail, il ne se souviendra peut-être que d’Harvest, mais elle notera que passé 70 ans, Neil Young n’a cessé de créer du neuf, même avec du vieux et en suivant cette fois-ci les vieilles recettes. Ce sont dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures. Et celle de ce mec-là, auront toujours une saveur exquise. C’est bon pour l’âme. La sienne, mais aussi les nôtres.

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