Solidays, toujours debout
LIVE REPORT – Du soleil, du people, de la musique partout partout. Pendant trois jours, l’hippodrome de Longchamp a accueilli Solidays, pour une édition “toujours debout”.
Le soleil est au rendez-vous. L’astre est moins ardent que les jours précédents. Il faut chaud, mais l’air ne brûle plus la peau, la canicule est derrière nous. En tout cas, à l’hippodrome de Longchamp. Les mini-shorts sont de sortis. Les garçons se promènent torse nu. Il souffle un air de vacances, de fin de baccalauréat sur Solidays. Le temps est à la fête. Même si l’affluence est moins forte que les années précédentes, les festivaliers sont là pour se dire “on est toujours debout”. Still Standing, c’est le slogan de l’édition 2017. Une édition qui regroupe une programmation toujours plus éclectique, où le rap croise le rock, le reggae est là aussi, tout comme la bonne pop made in France. Les nuits, elles, sont électroniques.
Le vendredi, Solidays a mis en avant les fines plumes du rap actuel. Le vrai rap, le beau rap, celui qui n’oublie pas qu’un rappeur peut-être un écrivain, un poète, qu’il peut être engagé, qu’il raconte et conte l’actualité. Vendredi, il y avait Gaël Faye, par exemple. Sur la scène Domino, au fond de l’hippodrome, il égrène ses textes ciselés et son verbe affûté devant un public chauffé à blanc et déjà conquis à sa cause. Bête de scène, l’auteur de Petit Pays est également là pour rappeler des choses essentielles : “on n’ est pas 50% de quelque chose, on est à 100% quelqu’un“. Il rappelle qu’il faut être fier de soi, fier aussi de ses origines. En ces temps troubles, ce n’est pas idiot de le répéter. D’ailleurs Georgio en fera de même plus tard. Le jeune homme a parcouru ses albums, partagé de nouveaux titres aussi pour des festivaliers bouillants. Lui, il a eu une révélation. Il pensait que la politique ne l’intéressait pas avant de comprendre que la politique c’est servir le peuple. Il comprend que ses chansons sont politiques sans le vouloir et on se dit que la politique devrait plus ressembler à des chansons de Georgio. Dernier rappeur qu’on est allés voir, ce vendredi soir : Mac Miller. Son rap est différent, plus divertissant, quoique parfois l’Américain se promène sur un terrain plus r’n’b. Parce qu’un rappeur sait chanter, aussi. Parfois.
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Solidays nous donne du plaisir
La Femme, tu aimes ou tu détestes. Il n’y a pas de demi-mesure avec ce groupe de frappa-dingues. D’ailleurs, eux non plus ne font pas dans la demi-mesure et assument à fond le WTF. Sur la scène Paris, c’est la grande messe du n’importe quoi, du lâcher prise, du “fais comme tu veux, ça ne regarde que toi”. Et ça fait du bien. Sur scène, ça se roule des pelles, ça danse en micro-short, les fesses à moitié à l’air, les seins et les bijoux de famille aussi, ça chante sur les mycoses, ça prend la vague, ça voyage en Orient Express, ça aime le rock fort. La Femme a donné du plaisir à Solidays et les festivaliers ont, semble-t-il, pris leur pied.
Sinon, sans le vouloir, on s’est retrouvé devant Kungs. On a fui après trente seconde top chrono, pas vraiment dans le mood pour un set “intervilles”.
Dans la stratosphère
Si le vendredi était très rap, le samedi était rock pour nous. Changement radical d’ambiance avec Cage The Elephant. Le groupe américain et son leader dégingandé ont ouvert la deuxième journée devant un public malheureusement très clairsemé. Difficile de remplier Bagatelle à 16 heures, mais cela n’a pas empêché les rockeurs énervés d’emballer les courageux qui étaient là, de les embarquer dans leur folie. Difficile de rester stoïque devant Matt Schultz et sa gestuelle très “MickJaggerienne”. Bras levés, slam et pogos sont même de mises. Même ambiance survoltée devant The Strypes. Les Irlandais ont bien grandi et marchent toujours sur les pas d’Arctic Monkeys. Malgré leur jeune âge, ces quatre garçons ont un sens de la scène innée et une manière à la fois nonchalante et ardente d’happer le public. En trois albums, les garçons ont déjà de la bouteille et on se dit qu’Alex Turner a déjà un héritier : Ross Farrelly.
Changement d’univers avec Octave Noire, le projet de Patrick Moriceau a été acclamé par la critique et tous les magazines spécialisés. Cependant, on a comme l’impression qu’il n’était pas vraiment en phase avec le reste de la programmation de Solidays. Cela ne nous a pas empêchés de décoller et partir loin dans la stratosphère grâce à nappes électroniques vaporeuses et les longues phases instrumentales majestueuses. On aurait voulu planer encore un peu avec Isaac Delusion. Malheureusement, le deuxième album de la bande nous a laissé sur le bord de la route. La navette a décollé sans nous.
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Texte : Sabine Bouchoul | Photos : Emma Shindo