“Kind”, l’album qui rapproche définitivement Dillon et Soap&Skin

CHRONIQUE – Dillon publie en ce 10 novembre un 3e album studio, “Kind”,  qui va donner de plus grands frissons que le froid hivernal.

En 2015, Dominique Dillon de Byington (alias Dillon) publiait un premier album live, enregistré à la Haus der Berliner Festspiele. Après deux premiers albums mêlant une pop nordique à la Lykke Li et une mélancolie minimaliste que Feist ne renierait pas, Dillon avait pu envoûter son public (encore très confidentiel), dans une salle et une ville aussi mélancolique que sa musique. Aujourd’hui, alors que les premiers flocons se font ressentir dans le ciel français et européen, l’artiste publie un troisième LP. Le premier édité chez Pias Recordings. Et il ne vous laissera pas insensible. Si en 2011, elle chantait « The Silence Kills », elle n’en a désormais plus peur. Avec Kind, Dillon prend le contre-pied de la scène musicale indépendante. Un album atypique, qui vous permettra d’aborder, sous les meilleurs hospices, ces premiers jours gris hivernaux.

Dillon, une artiste singulière

La particularité de Kind, c’est qu’il semble être un assemblage désordonné de différentes expérimentations, toutes plus différents les unes que les autres. Mais dans le même temps, il arrive à être harmonieux et à unifier le désordre. Alors que beaucoup de groupes veulent faire des albums concepts, pour “pseudo” raconter des histoires, Dillon fait tout l’inverse. Elle ose tout et ça lui réussit, à l’instar de “The Present”, titre enregistré dans sa cuisine avec un iPhone. Le son n’est pas parfait. On reconnait le grésillement du dictaphone du smartphone et même le clic de fin d’enregistrement. Proposer un titre seulement vocal et à l’iPhone est culotté.

Quand Dillon ne chante pas dans son iPhone, elle peut créer des univers minimalistes ou plus accomplis. “Contact Us” fait, par exemple, écho à “Dance, Dance, Dance” de Lykke Li ; tandis que “Kind”,  titre introductif de l’album rappelle les collaborations entre Björk et Anohni Hegarty (Antony & the Johnsons). On retiendra aussi le combo “Killing Time” / “2. Kind”. Si le premier titre est une douceur dreampop, le second clôture l’album sur des notes techno, donnant alors l’envie de danser en boîte de nuit. Vous le voyez, Kind part dans tous les sens, mais des liens restent : la mélancolie et la voix déchirante de Dillon !

Melancolia, te amo

Mélancolie, vous cherchez ? Mélancolie, vous trouverez. La voix si singulière de Dillon vous donnera des frissons. Indescriptible, la voix de Dillon est tout aussi singulière que celle de sa consœur autrichienne, Anja Plaschg (Soap&Skin). Il n’y a donc pas de hasard, si on retrouve leurs voix unifiées sur “Lullaby”. Bien que faisant regretter l’absence (depuis plusieurs années) d’Anja sur la scène musicale, Dillon offre un bien joli cadeau. Il y a quelques jours, elle avait teasé sur Instagram cette collaboration et écrivait toute sa fierté d’avoir pu la créer. Force est de constater qu’elle est réussie et que les “Schlaf ein” résonnent fort dans le cœur.

Autre grande réussite de l’album, le titre précédent ce duo germain : “Shades Fade”. Premier single de Kind, on avait pu le découvrir, en clip, à la fin du mois d’août. Dillon se mettait en scène dans un saut en chute libre. Au fond, une jolie métaphore de son nouvel album. Un grand saut dans le vide, où Dillon (en signant chez Pias Recordings) a pris des risques. Mais Kind saura-t-il conquérir plus de cœurs qu’il n’en a conquis jusqu’à présent ? On l’espère grandement. Pour sa musicalité, la voix de Dillon, l’expérimentation que l’on entend derrière chaque titre, ce troisième album vaut le détour.

► Kind, 3e album de Dillon, sortie le 10 novembre 2017, chez Pias Recordings
► En concert le 29 novembre 2017, au Carreau du Temple (Paris)

Setlist :

  1. Kind
  2. Steam & Leaf
  3. Shades Fade
  4. Lullaby
  5. Te Procuro
  6. The Present
  7. Regular Movements
  8. Contact Us
  9. Killing Time
  10. 2 Kind

 

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