Mile Ex End 2018 : Hubert Lenoir, Charlotte Day Wilson, Tire le Coyote, PUP…

LIVE REPORT – Montréal accueillait le week-end dernier le Mile Ex End, abrité sous le large viaduc Van Horne, en plein milieu de la ville. 

Le week-end dernier et pour la deuxième années consécutive, Montréal résonnait des deux scènes du Mile Ex End. Cachés dans le joli quartier du Mile End, sous un viaduc de béton, les groupes invités ont pu faire rêver et danser les nombreux festivaliers, qui ont même courageusement vaincu les averses dominicales. Retour sur un samedi au sec.

Samedi chaleur, bières et familles

C’est avec le duo français Holy Two qu’on entame le festival. Élodie et Hadrien sont aujourd’hui accompagnés de Rémi Ferbus à la batterie. À trois sur scène, avec pour simple instruments une guitare, un clavier, des percus et quelques samples, le groupe parvient à captiver les premiers festivaliers. Assis dans l’herbe savourant sous le soleil les mélodies des trois musiciens ou debout ondulant doucement, une première bière a la main, le public canadien semble conquis. Le set d’une heure est varié et surprenant. On aime particulièrement la pop “When You Fall”, en français “Festin” ou “Misunderstood” et son rap à la US badass. Au-dessus des instrumentalisations pop-électro aux couleurs variées, c’est la voix d’Élodie qui apporte une touche caractéristique. Assez maniérée à la façon des grandes chanteuses de blues-country des années 1950-1960, elle n’hésite pas à prendre des accents rap et ragga. Après une petite heure de set, le trio sort de scène et laisse la place à Nakhane.

Dans son costume de satin rouge, l’élégant Nakhane fait son entrée. Sa soul pop a vite fait de captiver le public pour qui il ne semble pas méconnu. À ses côtés, claviers, guitare et batterie font groover la petite scène tandis qu’il interprète avec émotion et lyrisme les morceaux de son dernier album, You Will Not Die. Natif d’Afrique du Sud, habitant Londres, le jeune homme a déjà connu mille vies et en tire une musicalité riche d’expériences. On note notamment, “Star End” composée pour sa grand-mère.

 

Jamais assez de Tire le Coyote

En deux ans d’existence, le Mile Ex End aura accueilli deux fois le Canadien francophone Tire le Coyote. C’est pour dire à quel point on l’aime ici. Et c’est non sans raison. Le grand barbu au large chapeau parvient à coup de trémolo dans la voix et de textes romantico-dépressifs à nous humidifier les yeux. Sa voix si caractéristique exprime à merveille l’émotion de “Désherbage”. La musique folk laisse parfois place au rock’n’roll des solo de guitare électrique (“Confetti”), au blues du bottleneck (“Ma révolution tranquille”), ou à l’émotion d’un piano voix (“Comment te dire”). On se laisse même complètement bouleverser par le texte tragique de “Jésus”. Le groupe nous fait même le plaisir d’une version traduite de “Video Games” de Lana Del Rey.

Sensualité et fraternité

Venue de Toronto, c’est la jeune anglophone, Charlotte Day Wilson qui prend la suite. Entourée de guitare, clavier, basse et batterie, elle chante de sa voix douce et nonchalante une soul groovy. Ses deux EP, CDW (sorti en août 2016) et Stone Woman (février 2018) résonnent d’une soul jazzy et enveloppante. Elle se laisse même aller à un solo de saxophone sensuel. Ce qui n’est pas pour déplaire aux festivaliers.

Avec The Barr Brothers, l’une des têtes d’affiche de cette soirée, c’est une grande famille qui monte ensuite sur la grande scène du Mile Ex End. Guitares, pedal steel guitar, batterie, clavier, basse et un petit orchestre de trois cordes (un violoncelle et deux violons) et de cuivres (trompette, cor et saxophone) prennent place. Deux harpes seront même utilisées au cours du set. Courbé sur son micro, Brad Barr (l’un des deux vrais frères fondateurs) chante un folk-blues aux belles harmonies. Les voix se mélangent, les cordes donnent une profondeur et les cuivres une énergie qui nous plaisent bien.

Furieuse fin de soirée

Les quatre punk-rockeurs canadiens de PUP (abréviation pour Pathetic Use of Potential) viennent nous rappeler joyeusement nos années rebelles. Tout est bien fait, de la saturation des guitares à la batterie bien vénère, en passant par la voix éraillée du leader. Les fans jubilent.

Enfin, vient 22h30, le clou du spectacle pour grand nombre de festivaliers. Le phénomène québécois Hubert Lenoir vient clore en beauté et en débordements festifs cette première soirée sous le viaduc Van Horne. Il entame son set par un piano-voix assez doux. Dès le deuxième titre “Fille de personne II”, tout le public chante en chœur. Sur scène, on semble bien s’amuser, en plus des guitares, basse et batterie, sont à l’honneur une section de cuivres et la voix de Lou-Adriane Cassidy. Hubert Lenoir, à son habitude fait le show. Le spectacle est réussi, le public en prend plein les yeux et la sécurité a chaud. On aimerait parfois un peu plus de justesse et moins de sauts, mais heureusement il y a l’enregistrement de l’album pour ça.

Texte : Jeanne Cochin / Photos : Emma Shindo