Belles et chaudes découvertes : P.r2b et Mohamed Lamouri & Groupe Mostla
LIVE REPORT – Samedi soir La JIMI, le festival des acteurs indé du monde de la musique, accueillait P.r2b et Mohamed Lamouri & Groupe Mostla pour conclure sa 12e édition. Une chaude soirée !
Ce weekend La JIMI (Journée des Initiatives Musicales Indépendantes) prenait ses quartiers à Ivry-sur-Seine. Vendredi et samedi, professionnels et curieux se sont retrouvés autour de près de 120 structures indépendantes (labels, tourneurs, médias, collectifs, graphistes, etc.), et ont participé à des débats, des rencontres, une expo, des concerts et des showcases.
Samedi soir, pour terminer en beauté cette 12e édition, le théâtre Antoine Vitez accueillait quelques uns des derniers petits protégés de La Souterraine : P.r2b et Mohamed Lamouri & Groupe Mostla.
P.r2b, badass et lyrique
La salle n’est pas comble lorsque P.r2b monte sur scène, mais il ne faudra pas longtemps à la jeune femme pour attirer et captiver les foules. Le cheveu fou, P.r2b (correspondant aux initiales d’un nom à rallonge) enflamme de sa prestance électrisante la petite scène du théâtre.
Dans le public on reconnaît quelques uns des titres parus sur les diverses plateformes “Des Rêves” ou “Ocean Forever”. Seule sur la scène, accompagnée uniquement de son pad numérique, P.r2b lance pistes et samples avant de se consacrer à son interprétation intense. En français, elle parle d’amour (“Lettre à P.”), de la jeunesse en péril (“Titanic”), de société (“Vie de chienne”), de l’insoutenable vie à Paris (“Ocean Forever”).
De sa voix aux intonations lyriques, elle produit des vocalises de diva avant de replonger dans un rap hargneux accentué par le beat percussif des pistes électroniques. Le contraste est fascinant. Elle est aussi à l’aise sur un titre chanté entièrement a cappella (“Il n’y a plus rien”) que sur une instru déchaînée où elle descend dans la fosse se déhancher (“La piscine”). Surprenante, intelligente et envoûtante, la musique de P.r2b rappelle les mélodies d’une Barbara ou d’un Moustaki, une voix lyrique à la Fishbach et une énergie à la Brigitte Fontaine – dont elle reprend d’ailleurs “La Symphonie pastorale”. Bref, on est sous le charme.
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Mohamed Lamouri & Groupe Mostla, soleil et sentiments
Mohamed Lamouri, on l’a tous croisé dans la ligne 2 du métro parisien. L’homme, malvoyant, s’accompagnait toujours d’un minuscule synthé électronique pour chanter un raï sentimental et romantique. Sa voix rauque et éraillée associée au jeu approximatif du petit synthé nous émouvait toujours intensément. Aujourd’hui c’est sur la scène du théâtre Antoine Vitez et accompagné des quatre musiciens du Groupe Mostla que le chanteur nous revient.
Au programme de la soirée : frissons et ondoiements sensuels dans la salle. Les cinq garçons parviennent à faire danser le public aux rythmes de la derbouka tandis que la voix de Mohamed Lamouri nous pénètre au fond du cœur.
En arabe, le garçon chante la fête et l’amour, la douleur et la douceur. On le sent peu habitué à la scène mais son euphorie est communicative. On danse, on frappe des mains, on chante, notamment sur la reprise en arabe de Cheb Hasni, “Hotel California”. Et lorsqu’il est temps de quitter la scène, Mohamed Lamouri ne cache pas sa déception à devoir rendre si tôt le micro. Dans le public, on aurait aussi bien aimé qu’il reste un peu plus longtemps !
Photos : Jeanne Cochin