Piers Faccini et Simone Prattico, le duo qui transforme l’espace et le temps

LIVE REPORT – Petit tour en Allemagne pour aller écouter Piers Faccini. Dans un endroit inconnu, devant une trentaine de personnes et en duo, le voyage fût réussi.

Le lieu avait de quoi surprendre. Le Substage, à Karlsruhe. Oui, l’Allemagne est un peu un eldorado pour les amateurs de belle musique folk, alors faire une heure de voiture n’est pas un problème, même un dimanche soir. Mais quand on arrive, la surprise est totale. Un escalier éclairé en néon bleu, un peu à la Hard Rock Café. Un intérieur de restaurant un peu industriel. Et puis une scène qu’on n’imagine pas vraiment dans un lieu pareil. Des tentures rouges au fond donnent le minimum requis pour ne pas se dire qu’on s’est trompé d’endroit. Et puis Piers Faccini et Simone Prattico sont en pleines balances. A priori, on est au bon endroit. Surprenant.

Un concert intimiste

On sera rejoint par une trentaine de personnes, pas plus, ce soir-là. Je n’ai jamais fait de concert de Piers Faccini dans ces conditions. Même dans la merveilleuse mais minuscule librairie Shakespeare & Compagny où je l’avais vu il y a des lustres, nous étions plus nombreux. Mais qu’à cela ne tienne, le concert sera intimiste ou ne sera pas. Toujours pour sa tournée « I Dreamed An Island » qui lui fait parcourir le monde depuis 2 ans maintenant, Piers Faccini explique avoir fait baisser le niveau sonore et tourner en duo en Allemagne. Il commence avec pour seul accompagnement le tambourin. L’ambiance est posée.

Le reste, c’est 1h30 de voyage dans le temps et dans l’espace, sur cette île utopique qu’il a créée, sans mur et polyglotte. On parle du XIIe siècle, des carrefours méditerranéens de l’époque, de l’Amérique de Trump, de sa Sicile et de ses ancêtres. Et cela sur des rythmes africains et latinos, sur des paroles venues de partout, sur des textes originaux ou de poètes réunionnais. De “Bring Down The Wall” à “Judith” cette formule duo épate. La bulle est rendue confortable par la voix toujours incroyable de Piers, mais elle virevolte et nous fait chalouper grâce au talent inestimable de Simone Prattico. Les deux compères se connaissent tant que les deux jouent au diapason les yeux littéralement fermés.

Voyage dans le passé

Les plus connaisseurs ne sont pas en reste avec des classiques du répertoire de Piers Faccini : “Two Grains Of Sand”, “A Home Away From Home”… Sans compter le rappel. “Quelqu’un est venu me dire avant le concert qu’elle m’avait découvert grâce à “If I”.” Et le voilà qui se lance bien généreusement dans ce bond dans le passé. Une jolie conclusion.

L’envie de Piers Faccini de construire un vaisseau pour voyager et retrouver ses racines, pour s’ancrer plus profondément et résister aux difficiles assauts du présent, est une réussite. Quelques minutes de concert auront suffi à éveiller chez cette trentaine d’inconnus présents un sentiment commun : celui d’avoir changer d’espace-temps.

Gregory Dargent & Piers Faccini en concert le 26 janvier au Cheval Blanc à Schiltigheim (67)

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