Les Nuits de l’Alligator à Nancy, cette tuerie 100% rock’n’roll

LIVE REPORT – Une fois n’est pas coutume, direction L’Autre Canal pour Les Nuits de l’Alligator cette année. Howlin’ Jaws, The Schizophonics et Yak au programme. Immanquable.

On ne va pas se leurrer, quand on n’a pas eu le pass photo pour cette soirée, on s’est dit que finalement, on aurait dû réussir à s’arranger pour aller à La Maroq lundi. Par avance donc, désolé, les rares photos sont des photos de portable (et on ne parle pas d’i-phone X). Mais finalement, rien n’arrive au hasard. Des concerts comme ça ne se photographient pas. Il se vivent.

Placer la barre haut dès le début avec Howlin’ Jaws

Howlin’ Jaws ouvre le plateau de la meilleure manière possible. Déjà surpris la dernière fois qu’on les avait vus, on s’y retrouve à nouveau, tant l’énergie est folle. Contrebasse qui virevolte, sauts en l’air à répétition, le trio détonne et fait danser. On remercie (pour une fois) le set court, qui laisse moins de place aux chichis (même si les peignes sortent encore un peu de temps en temps), mais condense le rock’n’roll jusqu’à une puissance explosive. Entre Djivan, plus charismatique que jamais avec sa contrebasse, Lucas et sa guitare qui embarque le public très haut à coup de riffs bien sentis, et Baptiste à la poigne vitale, on ne peut que se demander comment la soirée va pouvoir maintenir un tel niveau.

Mais ça, c’est sans compter The Schizophonics. Tout ce que tu liras sur eux est vrai. “MC5 qui rencontre James Brown”, “power trio qui fait péter les scores”… Mais paradoxalement, aucun de ces descriptifs ne sera à la hauteur de l’expérience scénique. Il FAUT voir Pat Beers sur scène au moins une fois dans sa vie. Ce mec est DINGUE. Il n’y a pas d’autre mot. Du début à la fin, il aura sauté/couru/roulé/grimpé partout. Une énergie calquée à leur musique : du garage poussé à l’extrême et complètement furieux. Grâce à un solide soutien aux fûts et à la basse de Lety et Blake, le concert se passe à la vitesse grand V, jusqu’au final où Howlin’ Jaws et Oliver Burslem de Yak sont cordialement invités à faire s’élever la température encore davantage. JOUISSIF. Un vrai grand moment de rock et de franche camaraderie pour cette troupe qui aura passé les 5 derniers jours sur la route ensemble.

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Vidéo de Bruno Geniller

Le concert / combat de Yak

Reste Yak. Ceux pour qui les attentes étaient grandes, tant leur album Pursuit Of Momentary Happiness est déjà haut placé dans le top album 2019. Mais dès le début, un truc coince. Là, le combat commence entre Oliver Burslem et son concert. Quand il se débat avec son micro au point de le faire valdinguer violemment en fond de scène, et lâchant un “fuck you !” bien énervé, on ne comprend pas. Cela va durer 3 titres. 3 titres à se demander si le mec va abandonner son bassiste et son batteur (qui ont l’air d’en avoir vu d’autres) pour rentrer en loge. 3 titres durant lesquels il s’électrocute en fait régulièrement à cause de ce micro. Des versions de “Words Fail Me” et “Bellyache” au mégaphone, Djivan des Howlin’ Jaws qui vient soutenir Oliver au milieu du public, et le tout semble finalement repartir sur la bonne voie.

Mais parce qu’Oliver Burslem semble être de ceux qui s’épanouissent dans la difficulté, il y aura un deuxième round. C’est à un type du public qui lui criera “harder, better, faster, stronger”, l’enjoignant à donner plus, qu’Oliver se frottera ensuite, prouvant par les mots et par la musique que personne d’autre que lui ne décidera de ce qu’il y a à faire. Et la suite dépassera les espérances. Des anciens titres qui viennent par bonheur électrifier l’ambiance (“Victorious”, “Harbour The Feeling”), un magistral “Blinded By The Lies” où toute l’énergie animale de la voix d’Oliver envahit le public, sans compter la leçon de rock sur le parfait enchaînement “Hungry Heart”/ “Alas Salvation”, vrai déchaînement de guitare, de batterie, de basse, de voix, de bruit, de sauts, d’énergie qui te laisse suant de bonheur.

Une preuve de plus que le rock n’est pas mort

Qu’on se le dise, un concert de YAK est donc un concert où l’on n’est sûr de rien. Oliver Burslem fait parti de ces artistes imprévisibles et agités par des courants contraires qui mettent en jeu sa musique à chaque seconde. Une histoire d’intensité sans concession qui ne laisse personne à l’abri. Au risque de faire de la merde. Mais au risque aussi, et surtout, d’atteindre la perfection et le sublime.

En cerise sur le gâteau, la soirée se clôturera sur un nouveau moment où les trois groupes se retrouveront sur scène, avec le public qu’Oliver invite aussi, en parfaite conclusion d’une tournée des Nuits de l’Alligator qui aura valu le déplacement. Le rock n’est définitivement pas mort.