Sam Fender et The Pale White : quand Newcastle débarque en force au Badaboum

LIVE REPORT – Newcastle débarquait au Badaboum hier soir. The Pale White puis Sam Fender ont fait danser et chanter un public déjà tout acquis à leur cause.

Le Badaboum fait salle comble ce soir. Il accueille la jeunesse britannique tout droit venue de Newcastle, avec le groupe The Pale White et la sensation à suivre Sam Fender. Fraîchement débarquée dans la salle, je vais vite comprendre la situation. Une masse de jeunes femmes est déjà collée à l’avant. Moyenne d’âge : 20 ans. Ça parle autant français qu’anglais au Badaboum ce soir. Mais il est évident que les quelques hommes qu’on croise sont majoritairement soit du staff, soit des pères chaperons, soit des copains traînés ici à leur insu. Opération survie enclenchée.

Un rock taillé pour la radio

The Pale White consiste en 3 gars qui ne doivent pas dépasser les 70 ans d’âge en cumulé. Leur musique est un peu le prototype même du rock facile et radiophonique, over-produit, calibré à 2 minutes 30 par titre et pas plus. Le résultat : 25 minutes d’un concert où je n’arrive pas vraiment à distinguer les moindres nuances entre les titres, me dirigeant d’emblée vers le bar pour attendre que tout ça se termine. J’en profite pour regarder le public et constater que la recette fonctionne. Les têtes bougent en rythme et les filles ont toutes le regard tourné vers le chanteur, dont la voix, malheureusement, ne me fait ni chaud, ni froid. Je commence à craindre le pire pour la suite.

Sam Fender arrive un peu plus escorté. Lui et ses 4 musiciens balancent très vite la sauce. Également de Newcastle, également d’une jeunesse incroyable, ils ont poussé la recette de la musique radio à fond. 2 à 3 guitares, une basse, des claviers et une batterie qui ne jouent pas dans la nuance pour des mélodies imparables mi-pop mi-rock. Forcément, le public est à 100% dès le départ, renvoyant une tonne d’énergie aux musiciens, qui finissent par échanger des sourires énormes et prendre leur pied à faire tourner les têtes.

Le mystère Fender

Plus très sensible à ce genre de musique, je reste pourtant scotchée devant la fluidité avec laquelle tout cela se déroule devant moi. La faute à Sam Fender, ce mec à la gueule d’ange qui, derrière des airs de jeune premier, a l’air d’en avoir bien plus sous le coude que ce qu’il laisse à penser. Sa voix « crystal clear » semble sortir de lui avec une facilité déconcertante. Son naturel charismatique lui assure les cris hystériques du duo d’anglaises juste à côté de mon oreille droite. Mais par-dessus tout, ce seront ses textes qui vont m’empêcher de fuir à l’arrière.

Comment peut-on, à 23 ans, assumer un tel gap entre sa musique et ses paroles ? Musique easy, bon marché, facile d’accès vs paroles profondes, engagées, cyniques et acides parfois. Est-ce une stratégie de pousser les gens à écouter par la musique pour qu’ils soient forcés ensuite de comprendre les paroles ? Cela semble marcher. Tout le monde chante à l’unisson. Est-ce juste le résultat d’influences banales mêlées à un regard éclairé sur sa propre génération et société ? Mystère. Voilà ce que restera Sam Fender pour moi. Un mystère.

Quand il termine son show par un ensemble de chansons en guitare voix, laissant donc tout le calme possible à la compréhension des textes, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il vaut peut-être mieux ça, finalement, qu’un groupe radio aux paroles qui plus est sirupeuses. À chaque génération sa voix. Gageons que celle de Sam Fender se fera entendre très loin et très vite.