Hervé à la Laiterie : hyper fast, hyper fort, hyper fou
LIVE REPORT – Il y a deux catégories de personnes dans la vie : ceux qui adorent les concerts d’Hervé, et ceux qui n’y sont jamais allés. La Laiterie est enfin entrée officiellement dans la première catégorie samedi soir.
Quand on sait à quoi ressemble un concert d’Hervé, on a du mal à attendre. On trépigne, on s’impatiente, on se chauffe comme un boxeur avant de rentrer sur le ring. C’est ce sentiment-là qui m’a animée toute la journée. C’est cette image-là qui m’a fait enfiler mon T-shirt de Shame avant de partir pour la fosse de La Laiterie. Un groupe dont le leader tendu comme une arbalète arpente la scène et le public pour en découdre. Pourquoi parler de Shame alors qu’on va à un concert d’Hervé ? Parce que crois-le ou non, il se partage plus de choses qu’on ne pense entre ces gars-là. Deux choses en fait essentielles. Cette force, cette énergie, cette urgence qui les animent, toutes anglosaxonnes. Et le résultat que ça a sur un public.
Dopamine F.C.
Impossible de ne pas décrire un concert d’Hervé sans le résumer par l’effet qu’il fait. Il allume un feu qu’on ne peut pas ignorer. Ce feu-là te prend direct de l’intérieur dès les premières notes de “Mélancolie F.C.”, et s’étend rapidement à tout le reste de ton corps. Mettre un titre pareil en ouverture, c’est donner le ton de la soirée : la salle sera dancefloor ou ne sera pas. C’est presque tribal, ça éteint ton cerveau et fait monter ton taux de dopamine. Et ça ne redescendra pas.
Les titres s’enchaînent sans temps mort, et il est toujours étonnant de constater qu’Hervé n’accuse pas de baisse de régime. Gestes secs, pas de danse qui donnent envie d’envahir la scène pour le rejoindre, les tubes sont scandés, les mains battent en rythme, la sueur coule. “Monde meilleur”, “Le premier jour du reste de ma nuit” ou “Addenda” ravissent les afficionados d’Hyper. Les fans de la première heure ne sont pas en reste avec les titres de l’EP. Les mélomanes apprécient la référence à l’Elsass Blues de Bashung. Bref, il y en a pour tous les goûts et ça tombe bien, puisque le public brasse large ce soir, entre jeunes enfants et familles, étudiants, jeunes actifs et moins jeunes actifs. Hervé et sa musique réunissent. Et ça se comprend.
De l’art de finir en beauté
Ça se comprend parce qu’il touche juste. De ses paroles aussi joueuses et sans fard que lui à ses rythmes à la fois hypnotiques et dansants, on se retrouve tous un peu quelque part. Dans l’énergie du garçon, dans son côté hyper. Dans ses faiblesses (“J’porte la solitude comme un TOC, une vie-témoin, c’est livide”) ou dans ses forces (“Plus peur d’avoir peur, plus peur de l’an zéro”), comme il les chante lors du rappel incroyable “Bel Air” / “L’An zéro”. Rappel sur lequel il prend maintenant l’habitude de prendre un bain de foule, de danser avec chacun, de serrer des mains, de faire des câlins, de faire le tour de la salle, de se nourrir un peu de l’énergie qu’il a lui-même créée.
Le concert aurait dû s’arrêter là. Mais la Laiterie, “5 fois plus chaude que l’Olympia” (disons en fait de quelques décibels), en redemande et refuse de laisser le trio partir. La joie est trop forte, elle est monté trop haut et elle ne peut pas cesser si vite. Si la fatigue commence pourtant à se faire sentir côté scène, Hervé va pousser les limites. Comment ? Ça reste un mystère, mais il va puiser dans des endroits que le commun des mortels ne possède pas. Il relance “Si bien du mal” en deuxième rappel et finit à nouveau par se jeter dans le public, qui l’érige comme le champion qu’il est. Ce sera sous les acclamations d’une Laiterie toute éclairée qui célèbre son héros que le groupe quittera enfin la scène. Un héros qui a tenu un rythme fou pendant 1h45. Un hyper-héros. Et ce n’est pas un NRJ Music Awards qui aurait pu remplacer ça.