UssaR à l’espace Django : aller-retour au pays de la mélancolie crue
LIVE REPORT – Jeudi dernier, concert d’Ussar à Strasbourg. Un moment suspendu entre claviers, nappes électroniques et voix chaude.
C’est la 2e fois qu’on va voir UssaR, et la deuxième fois qu’on y va exténué. Mais on sait déjà que ce n’est pas si grave, parce que les sets d’UssaR sont étonnamment adaptés à cet état de fatigue. Pour preuve, “Loin”, l’introduction parfaite aux esprits qui errent sans vouloir s’attacher, à ces moments d’entre-deux, quelque part entre la réalité crue de la journée et le relâchement total de la nuit. Ambiance bleutée, voix profonde… Dès cette ouverture, on se laisse doucement sombrer dans cet univers qui oscille constamment entre ces deux pôles.
L’entre-deux qui vaut tout
C’est cette polarité qui caractérise le mieux la musique et les sets d’UssaR. La version présentée de “Bidon Vie” en est l’exemple même. Dans le rôle de la poésie de la nuit : la musique. Cette intro piano et cette voix en volutes qui s’élèvent. Dans le rôle de la réalité crue de la journée : les paroles. “Tu sors ta bite contre le vent, et sur toi revient la pisse.” Faire cohabiter naturellement les deux relève d’un exercice qu’Emmanuel Trouvé et ses claviers maîtrisent, face à un public dont on sent les réactions un brin surprises et surtout séduites. Entre “Le Havre” et “Antilles Normandie”, ce public voyage et participe sans trop se faire prier à la construction de certains titres (“Il pleut dehors”, “Loin du Sud”).
Pourtant, il ne faudrait pas croire que le voyage ici soit synonyme de soleil et d’évasion. Si la beauté est de mise, c’est celle des terminaux d’aéroports plus que celle du dépaysement. Le voyage que propose UssaR est un aller-retour sans pause. Quitter sa réalité mais y rester attaché, partir sur des envolées de claviers et revenir sur les beats électroniques. Décoller et se poser. Bref, osciller entre plaisir et désespoir… La définition de la mélancolie ? Oui.
Mais en sortir par un sourire, toujours.
L’interview d’Ussar est à retrouver par ici.
Un grand bravo à “Deux Mains Sur Scène”, qui a chansigné ce concert de mains de maîtres.