Francouvertes soir 5, 6 et 7 : marathon avant les demi-finales

LIVE REPORT – Dernière semaine de préliminaires de la 26e édition des Francouvertes. On vous raconte ces trois soirées de concerts.

Une semaine qui s’annonce intense avec une série de trois soirées en ligne, dernières chances pour faire nos jeux avant les galas des demi-finales. Une semaine qui permet aussi d’expérimenter la qualité de la formule à distance, puisque le virus en veut ainsi. 

Soir 5 : Charlotte Brousseau, Antoine Aspirine, Tamara Weber

Lundi soir, on retrouve Émilie Proulx et sa guitare dans la série J’aime mes ex +. Passée aux Francouvertes en 2007, la musicienne-compositrice partage sa plume mélancolique et annonce les couleurs d’une soirée tout en rondeur. 

On ouvre cette semaine sur une note de douceur. Les sons organiques et les références naturelles de la musique de Charlotte Brousseau nous bercent et nous invitent dans un univers calfeutré, cocon et bienveillant. Sa voix porte quelque chose de légèrement cassé mais éminemment puissant, donnant corps à des textes poétiques qui, tantôt proposent une marche jusqu’à la rivière, tantôt évoquent la détresse, la perte, les peurs. Nos pas suivent aveugles, guidés par le mystère d’une clarinette et le doux picking de la contrebasse. L’ensemble du projet est un paysage dans lequel on se laisse totalement absorber.  

Tirant son nom d’un souvenir de Brel, Antoine Aspirine propose des chansons au style oscillant entre mélancolie des classiques du répertoire français et revisite d’un rock passé. Accompagné de ses trois musiciens, l’alchimie peine à enflammer la scène comme le public. Les tentatives rock paraissent retenues et l’ensemble sonne parfois (trop) dissonant. Au moins, les solos de piano du chanteur parviennent à assumer un parti pris, celui d’un peu de tendresse, et on prend goût à écouter des textes révélant les occasions manquées, les regrets et les pérégrinations relationnelles d’un artiste incompris. 

Un a capella vibrant pour commencer. Frissons. Originaire de la Beauce, Tamara Weber nous fait voyager au cœur de ses combats, ses valeurs (le courage et l’empowerment reviennent comme un doux mantra dans ses paroles) mais aussi ses moments de solitude et de douleurs. Une à une, elle décrypte les chansons pour nous offrir l’essence de son projet musical. Sa voix aiguë et généreuse se déploie au rythme de sa guitare et entourée d’un groupe majoritairement féminin. On apprécie les quelques envolées pop-rock en début de spectacle mais c’est surtout un mélange de force et de suavité qui domine dans cette proposition. Un plaisir.

Soir 6 : Xela Edna & Eius Echo, Andy Jon, David Lagacé

Deuxième soir. Un programme qui s’annonce plus électro que la veille, ouvert splendidement par Fuudge de la cuvée des Francouvertes 2016. David Bujold et Pierre Alexandre, dont le style et l’humour décalés nous ravissent, se prêtent au jeu de l’acoustique et ça marche. On les aimait dans leur cacophonie de guitares, on les aime tout autant dans la douceur !

Une scénographie originale pour Xela Edna & Eius Echo, le duo électronique occasionnellement accompagné d’une choriste (Virginie B) et d’un bassiste (Emile Tempère). Pour ce premier show aux allures sensuelles et cosmiques, rien n’est laissé au hasard. Costumes, coiffures, jeux de lumière, mise en scène : l’ensemble du cocktail nous propose un voyage vers une galaxie que, disons-le, nous ne sommes pas certain.es de vouloir visiter. Les effets de voix parfois exagérés ne parviennent pas à nous réconcilier avec le minimalisme des beat techno sans doute déjà usé par le passé. Ceci dit, l’énergie affolante de Xela Edna fait effet : le public a des étoiles plein les yeux.  

On poursuit dans la sensualité avec le groove chaud d’Andy Jon, la chanteuse dont la voix peut se vanter d’avoir le petit côté grave de Catherine Ringer. Accompagnée de “ses amours” (trois des membres de Gazoline) au drum, au clavier et à la basse, Andy Jon alterne entre paroles languissantes et sons plus pop, sans jamais prendre parti totalement. En résulte, un sentiment d’être quelque peu perdu.es parmi ces sonorités expérimentales qui nous laissent l’esprit embrumé. Dommage.  

David Lagacé est notre coup de cœur de soirée. Le musicien se révèle être un véritable touche à tout et, manifestement, réussit autant dans le style indie rock que dans l’expérience de performances plus noisy, tout en assumant un côté disco bienvenu. Le show est dansant mais s’autorise quelques pauses langoureuses sur des claviers satinés. Les voix sont texturées et le duo formée avec la choriste est original et harmonieux. On aime : la fin débraillée et psychédélique d’un rock qui ne nous invite pas du tout à rentrer chez nous ! 

Soir 7 : Michaëlle Richer, Gawbé, Dan-Georges Mckenzie

Dernier soir des préliminaires. Déjà. Et c’est Chloé Lacasse, lauréate de la quinzième édition (on fait nos calculs !) qui est invitée pour l’occasion. Grande nostalgique, elle parvient presque à nous émouvoir en se remémorant une époque pré-cellulaire et pré-pandémique. Serions-nous déjà pré-nostalgiques de la fin des préliminaires ? 

Ambiance intimiste pour un spectacle où les mots nous bercent autant que les riffs de guitare. Sans conteste, la douceur est le mettre mot de la performance offerte par Michaëlle Richer et ses musiciens. La voix de la compositrice pourrait rappeler celle de Lou-Adriane Cassidy dans ses tonalités suaves et rondes, ce qui (bien évidemment) nous ravit. La ligne de basse embrasse cette langueur, mais se permet aussi de belles envolées et on se laisse aisément transporter dans des trips de guitares (et de synthé) très convaincants. Une belle découverte.

Là aussi, ambiance intime, voire même amicale pour Gawbé (Gabrielle Côté) et sa gang débarqué.es tout droit de Québec et offrant la sensation de les connaître depuis toujours. Le groupe nous transporte d’un indie rock effervescent et fiévreux à la caresse de sonorités plus langoureuses laissant transparaître des paroles sincères et touchantes. La performance est impeccable, fluide, maîtrisée et en même temps, simple : pas d’effet de voix ni de mise en scène dantesque, pas de surenchère stylistique, en somme pas de chichi et on adore. Notre coup de cœur pour ce soir.

Un premier show à Montréal pour Dan-Georges Mckenzie, l’auteur-compositeur innu venu de la côte nord avec ses musiciens. Le groupe s’inspire d’un country-folk qui l’a bercé dans l’enfance, et ça se ressent! Nous voilà replongé.es dans des souvenirs de danse en ligne sous chapiteau. Également, on note une grande nostalgie pour le rock des 80’s, notamment par la reprise de solos de guitare si typiques de cette époque. On aime ou pas. Ceci dit, le groupe parvient à nous émouvoir lors d’un acoustique touchant sur le thème de l’amour. Un classique, mais ça marche quand même. Pour un dernier show, le public est au rendez-vous et la salle se trémousse. On applaudit pour l’ensemble des performances offertes aux préliminaires qui s’achèvent déjà.

On se retrouve aux demi-finales, et on a très hâte!

Les demi-finalistes :
1. Rau Ze
2. Michaëlle Richer
3. Xela Edna & Eius Echo
4. Emile Bourgault
5. Charlotte Brousseau
6. Hôte
7. Dan-Georges Mckenzie
8. David Lagacé
9. Allô Fantôme

Texte : Elise Denis / Photos : Emma Shindo