Marlon Williams, le retour parisien attendu

LIVE REPORT – Marlon Williams de passage à La Maroquinerie : c’était hier pour défendre son album sorti en septembre, My Boy.

Il était visiblement très attendu, à en entendre le public de La Maroquinerie (complète ce soir-là) lorsqu’il est apparu sur scène. Et c’était réciproque, à en juger par son immense sourire et son aveu répété “It’s good to be back, Paris !“. Marlon Williams était heureux hier soir, le public aussi. Les dés en étaient jetés. La soirée se passerait donc sous le signe de cette joie légère et communicative.

Marlon Williams, du crooner sombre au joyeux danseur

Ce n’était pas forcément ce que j’espérais, cette légèreté. Cela faisait bien 4 ans que je n’avais pas vu le Néo-Zélandais sur scène et que ses albums laissaient pourtant présager cette ambiance-là. Mais que veux tu, on ne s’y fait pas, quand on garde pour souvenir gravé en soi le plus parfait moment de musique partagé un soir de 2016 au Pop-Up du Label, à une époque où Marlon Williams et les Yarra Benders proposaient une leçon de musique magistrale en set. Pourtant depuis, on l’avait notée, cette évolution. Avec Make Way For Love et les concerts auxquels on avait assisté alors, on sentait la mue s’accomplir. Elle est finalement complète cette année avec My Boy et ce concert à La Maroquinerie.

Entendons-nous bien, le concert était extra. Il ne peut pas en être autrement avec ces toujours parfaits musiciens (même si ce ne sont pas eux qu’on entend sur le dernier opus). Du titre éponyme “My Boy” (entonné par le public) à “My Heart The Wormhole” en passant par “River Rival”, le public a pu découvrir les versions scéniques de ce nouvel album taillé pour danser, ou au moins remuer. Il semblerait que la période covid ait donné à tous une envie de joyeuse légèreté. Bon. En ce qui me concerne, je crois que cela m’est déjà passé. J’ai très envie de retourner aux choses profondes. À ces émotions qui prennent aux tripes, te font verser une larme, te mettent la chair de poule. Mais si, tu sais, ces choses-là qu’on ressentait sur des vieux titres comme “Dark Child”. Elle a bien été là, cette chanson ce soir. Mais les émotions, moins.

Du maori et des reprises pour un peu de profondeur

Toujours cette voix pourtant. On ne peut pas être trop difficile, quand on a la chance d’entendre une voix pareille. Parce qu’elle est toujours là, sur la magnifique “Promises”, ou la surprenante mais parfaite “Aua atu ra”. Un titre en maori, que l’artiste nous traduira comme la version poétique et marine d’un “fuck it, nevermind, no worries”, qui vient appuyer son retour récent en Nouvelle-Zélande, et sa reconnexion avec ses racines. Présages de la suite sans nulle doute. Mais à l’exception de ces beaux moments, l’excitation de Marlon Williams a semblé prendre le dessus et l’empêcher d’aller plonger aux tréfonds de ce qui faisaient de ses titres des moments inespérés de grâce. En premier rappel, au moment de faire un solo (une reprise hommage à Jerry Lee Lewis “Touching Home”), il dira d’ailleurs : “Je me suis dit que je devais faire ce titre tout à l’heure en chantant “Dark Child”… Enfin pas que je n’étais pas dedans au moment de la chanter !”. Dit sur le ton de la boutade, cela traduit pourtant bien ce que j’ai ressenti pendant tout le concert.

Quand arrive la toute fin, pour le 2e rappel, le groupe lance l’inespérée “Portrait Of A Man”. On effleure la grâce. Qui s’enfuit déjà, et nous laisse là, à la fois heureux d’avoir revu ce grand musicien, et perdu dans un sentiment étrange d’un concert trop rapide, trop superficiel, malgré la petite vingtaine de titres et la joie partagée. Étrange ambivalence.