Warhaus à la Laiterie : la masterclass(e) de la rupture
LIVE REPORT – Maarten Devoldere de passage à Strasbourg avec son groupe Warhaus pour chanter l’amour foutu ? On y était, évidemment.
Doit-on revenir sur le passé de Maarten Devoldere ? Sa Belgique natale, la formation des merveilleux Balthazar, son échappée solo avec Warhaus et ses trois albums depuis ? On ne va pas s’étendre mais rappelons que depuis les premières (et meilleures) heures de Balthazar, c’est bien sa voix à lui qui nous embarque et nous fait le suivre dans tous ses errements. Alors quand il vient défendre son dernier album Ha Ha Heartbreak, on y va.
Les premières parties belges
Et on y va tôt, parce que la première partie est aussi belge et on le sait, la Belgique est une valeur sûre. C’est ce que confirme Ratmosphere, groupe de Bruges aujourd’hui 4 sur scène mais formé par les frères Serruys. Leur indie pop est classieuse, à la fois légère et riche, profonde et dansante, dans la parfaite lignée de Balthazar ou de Warhaus, avec qui ils ont déjà tourné par le passé. Bref, une parfaite entrée en matière qui laisse le public déjà très heureux d’être là.
C’est terrible à dire mais aussi bons qu’ils furent, on ne retiendra pas grand chose de Ratmosphere une fois le concert de Warhaus fini. C’est qu’il s’est joué un set d’un tout autre niveau dès que Maarten et sa bande ont débarqué. Un moment hors du temps, d’une élégance folle, d’une classe sans nom. Une petite claque qui rappelle que Warhaus est définitivement un groupe de scène. Attention, qu’on se comprenne, les albums sont bons, oui. Mais le live… C’est une toute autre histoire.
Warhaus ou la débauche de talent
C’est une autre histoire car elle s’écrit à 5 membres tous plus doués les uns que les autres. Le spectacle qui nous a été donné a compté trompette, trombone, clave, violon, guitare électrique, guitare sèche, clavier, batterie, flûte et je dois en oublier. Le tout sorti majoritairement des mains de Jasper Maekelberg et Tijs Delbeke, qui nous font littéralement tourner la tête de gauche à droite pendant tout le concert, et notamment sur l’électrisante “Beaches”. L’ambition est folle, le résultat digne parfois des meilleurs dEUS, assez grand pour que Maarten se permette de laisser ses musiciens seuls terminer “Shadow Plays”. On manque de défaillir à chaque nouvelle envolée qui nous fait frissonner de plaisir.
Maarten Devoldere, au centre, joue le chef d’orchestre qui semble tempérer l’ensemble par sa nonchalance innée. Mais qu’on ne s’y trompe pas : il sait allumer la flamme par son phrasé si languissant et sa voix voluptueuse, qui d’ailleurs fait grand effet sur une brochette de fans allemandes venues s’extasier ce soir-là. Et ça des premières secondes de “Desire”, jusqu’à la touchante “Fall In Love With Me” interprétée en simple guitare voix. On en oublierait presque le thème principal de l’album défendu : la rupture. Encore une preuve que décidément, il n’y a bien que la tristesse pour nous faire tant chavirer et chanter en chœur en partant…