Jeanne Côté remporte la 27e édition des Francouvertes, et c’est mérité !

COMPTE RENDU – La 27e édition des Francouvertes s’est clôturée au Club Soda lors d’une finale remportée par Jeanne Côté face à Héron et Parazar.

Le grand soir de la finale des Francouvertes est arrivé ! Partagées entre larme à l’œil et l’excitation du changement de lieu (Club Soda), nous suivons avec émotion le dernier discours d’Isabelle (Ouimet) et Thomas (Mantisse), snif, dernières explications du vote, dernières consignes, dernières blagues osées devant l’assemblée qui rira, oui toujours, pour les beaux yeux de nos animateur.trices préféré.es.

Et ce soir, finale oblige, ce sont les porte-paroles qui ouvrent le show (avec retard, dû aux problèmes techniques dont nous ignorons la source). Samian improvise slams engagés et boutades pour détendre le public. A cappella, avec Thomas en beat box (réquisitionné pour l’occasion), le rappeur dévoile une aisance scénique étonnante. Si les paroles nous paraissent un peu “poussiéreuses” (disons que le côté Greenpeace-en-chansons a déjà fait son petit bout de chemin), on admire la verve. Calamine prend la relève et finit de réchauffer une salle qui s’impatientait un peu. Avec son flow impeccable et ses paroles queer, elle nous embarque dans un univers mêlant humour (la référence à Marie-Pier Morin !) et militantisme, cette fois-ci plus contemporain. Passons à nos trois finalistes !

Jeanne Côté, la standing ovation

Jeanne Côté est de loin, notre chouchoute. Acclamée dès l’entrée sur scène, nous ne doutons pas un instant de son placement en haut du podium ce soir. Un “salut” presque timide semble prouver que du côté de l’autrice-compositrice-interprète, rien ne paraît gagné d’avance.

L’introduction se fait en douceur (“Je suis là”), avec chorus a cappella et quelques accords au clavier qui embarquent aux côtés des voix. Déjà, un frisson. Jeanne ne finit plus de nous étonner avec la tessiture de ses cordes vocales, sa technicité et un sens de l’harmonie hors pair.

Accompagnée des mêmes musicien.nes (Zachary Boileau, Arthur Bourdon-Durocher, Agathe Dupéré), le show nous montre la beauté des paysages gaspésiens, la puissance des éléments et la profondeur des émotions (dont la colère avec l’invitation de faire un beau doigt d’honneur à ce qui nous énerve le plus profondément sur “Y peut mouiller”). Je m’enflamme, vous croyez ? Pas certain : la première place n’a pas su lui échapper !

Héron, la fièvre du trad’

Si le style d’Héron nous paraît très “fleur bleue” et certaines paroles nous sonnent naïves, on peut donner aux six musicien.nes de la formation d’Héron le talent de mettre l’ambiance ! La gigue prend toujours aussi bien au Club Soda et le trad créé des émulations que nous ne soupçonnions guère.

Il faut dire qu’Elisabeth Moquin manie le violon avec passion et, fan de trad ou non, la fièvre nous embarque. Henri Kinkead nous charme avec ses anecdotes de gars de Québec fraîchement arrivé à Montréal (il y a deux ans) et n’hésite pas à souligner le “dépaysement”  vécu au passage entre les deux villes, notamment sur son titre “Fontaine”.

Aussi, nous sommes de nouveau invitées à faire un saut en Gaspésie (“Bonaventure”) mais cette version nous paraît bien plus touristique que celle de Jeanne Côté et nous regrettons le manque d’authenticité. Ceci dit le show reste rodé et très plaisant. Il lui vaut la troisième place au palmarès. Bravo !

Parazar, le bel honneur au rap, aux femmes et à la diversité

Le souvenir des deux dernières performances (prélis et demi-finales) nous confortait dans l’idée que Parazar allait de nouveau conquérir la (très) petite place que le rap occupe dans nos cœurs. Or, si sa performance ne manquait pas de “bonne énergie”, nous n’étions pas aussi enjouées qu’au Cabaret du lion d’or.

Que s’est-il passé ? Le stress d’une grande salle peut-être. Le beat nous semble moins claquant, la fougue est ternie et le rythme du show au complet se voit ralenti. Bon, la salle s’ambiance pareil et le public ne tarde pas à se lever pour onduler aux couleurs de l’Algérie. La présence de OneNessa sur “Or” nous ravit toustes (cette voix !) et le thé à la menthe reste au rendez-vous. Parazar se place en deuxième position, un bel honneur au rap, à la place des femmes dans ce milieu et à la diversité culturelle dans le paysage musical québécois.

Jeanne Côté remporte donc la finale de cette vingt-septième édition des Francouvertes, avec de nombreux prix à la clef (dont une bourse bonifiée de 15.000$ par SiriusXM) ce qui devrait la propulser sur la scène de musique émergente québécoise (ô joie). Une chose est certaine : nous la suivrons de très près !

Texte : Elise Denis – Photos : Emma Shindo