Relève enjouée et soirée éclectique : Charlotte Brousseau, Avril Jensen, Charles Cantin

COMPTE RENDU – Jeudi 11 mai, alors que le festival Vue sur la relève bat son plein depuis déjà une semaine, une soirée fugace met les projecteurs sur trois artistes aux styles bien différents mais à l’humeur radieuse communicative.

Charlotte, la relève inspirée et poète

C’est Charlotte Brousseau qui ouvre le bal. Ses compositions aériennes et organiques envahissent la petite salle du Ministère, ses textes personnels ricochant avec douceur en nous, au rythme de la contrebasse et des mélodies jouées à la guitare. D’abord avec Mouvement, ode bienveillante au corps, puis l’envoûtant J’irai, un appel à la rivière dont la rengaine varie autant que les flots, accompagné de beaux échos chanté. Je cours encore vous attendre (ê-haouc) prend la suite, un chant lancinant qui suit le vol des oies sauvages, escorté d’une jolie clarinette.

Avec une humilité toute paisible, Charlotte Brousseau nous livre alors deux nouvelles chansons inédites, qui feront partie de son premier album, en cours de création. D’abord, Entre les paroles, une petite balade qui s’emballe en une presque-pop pétillante. Ensuite, Retenir la nuit, tout en vulnérabilité, à la rythmique crescendo qui monte, monte, et redescend pour terminer le show en douceur. Une prestation en toute simplicité, avec déjà l’assurance et la maîtrise d’un univers délicat.

Avril, la relève déjà idolâtrée et touchante

Un guitariste seul sur scène entame la mélodie d’intro, soudain rejoint par Avril Jensen, sa fille, qui saute au micro avec détermination et propulse sa voix chaude et puissante aux quatre coins de la salle. Avec le plaisir évident de se retrouver sur scène face à ses premières groupies, la jeune artiste appuie son chant d’une gestuelle animée qui conquiert celles et ceux venus l’écouter et l’applaudir.

Après paper planes et van gogh, arrimées à un beat voix-guitare-chœur enregistrés, elle annonce l’arrivée de son tube, Attends. Sautillante, souriante, dans une tonalité mixant folk et pop, la salle s’enflamme sur ce morceau franco et anglo dépeignant les tours et détours amoureux. Un peu essoufflée, elle s’apaise guitare à la main avec too much, replaçant sa voix suave, tenant la puissance de ses notes, avant de repartir pour un morceau urbain très rythmé.

C’est à côté du bar, avec son ukulélé et sans micro, qu’elle termine sa performance avec away. Le public écoute religieusement, calme et attentif, puis chantonne avec elle, claque des doigts en douceur, improvise des harmonies, comme dans un jam.

Charles, la relève claironnante et dansante

Une fois Charles Cantin installé sur sa chaise, guitare sur les genoux, musiciennes et musiciens en place, c’est parti pour une ambiance de fanfare qui bifurque très vite sur une vibe espagnol festive, et enfin carrément en bal dansant folklorique. La voix tonitruante et éraillée de Charles Cantin déclame les chansons Vente libre et Autrement, tirées de son premier album qui sort ce jour même, le 11 mai, Les mémoires passées.

Avec Rêve à la main, des accents latino font danser langoureusement la salle. Il y a de la chaleur sur la scène, dans les paroles, dans l’harmonie entre les membres de la troupe, dans les solos des instruments : clarinette, violon, cornet, percussions, saxophone, contrebasse, des claquements de main à l’allure flamenco, des déhanchements de bassin…

Une dernière toune bonus fait monter sur scène Avril Jensen pour un duo improvisé qui conclue ce trio de concert dans une ambiance de fin de soirée entre copains.

Texte : Hélène Gadé – Photos : Emma Shindo