Route du rock 2023 : chaleur et sueur sur le fort de Saint-Père
FESTIVAL – Première journée au fort de Saint-Père qui fait la preuve par sept que le rock actuel n’a pas dit son dernier mot sur le dancefloor.
On arrive en retard pour le premier concert au fort de Saint-Père de cette Route du Rock. Ce n’est pas tout à fait de notre faute. Le temps était trop beau, la musique de Aoife Nessa Frances sur la plage Arte concert trop planante, la mer trop tentante. C’était l’occasion ou jamais de piquer une tête dans la célèbre piscine de Saint-Malo, avant de prendre une navette bondée dans le trafic intense vers le site… Mais fort heureusement, on arrive deux titres avant la fin du set de Jonathan Personne. Juste de quoi entrer dans son univers, si pop et léger à première vue, si mélancolique quand on s’y attache d’un peu plus près. La frustration de ne pas être arrivé plus tôt…
La Route du Rock, le festival aux meilleurs plans B
On enchaîne avec Dry Cleaning, un groupe attendu par beaucoup. La chanteuse Florence Shaw et son spoken word détonnent sur la scène, entre guitariste et bassiste survoltés. Elle, dans son monde, parée d’une robe dorée sur une robe noire, déclame ses textes, avec un flegme tout britannique. Une belle découverte pour qui aime la poésie sur fond rock, qui n’est pas sans rappeler Sinead O’brien vue lors d’une édition hiver, avec moins d’ancrage.
Viagra Boys aurait dû suivre, mais suite à une annulation de dernière minute, ils se voient remplacés par Squid. Et comment dire… Au foot, ces gars-là n’auraient pas été sur le banc. On y gagnerait presqu’au change. Non. On y gagne au change. Parce qu’en plus de l’énergie punk qu’on attendait, le set a été foutraquement joyeux, plein de swing et sacrément maîtrisé (cette trompette, cette trompette de Laurie Nankivell !) pour célébrer ce 2e album O’Monolith sorti cette année. La cerise sur le gâteau ? Une reprise de “Sports” des Viagra Boys. Grands princes, ces gars-là.
Le pouvoir des hymnes de M83
Pas le temps de se remettre de ses émotions parce que Gilla Band débarquent sur l’autre scène et on ne manquerait pour rien au monde les Dublinois (ex-Girl Band). Un set qui va crescendo, avec Dara Kiely en avant scène qui donnera de la voix pendant que ses trois compères feront sauter et slamer le public. Une ambiance dancefloor rock et hypnotique qui semble être décidément le mot d’ordre de la soirée.
La suite aura été ma surprise de ce jeudi. Paradoxalement, c’est le groupe le plus “mainstream” de la soirée, M83, qui m’aura filé une bonne dose de frissons. “Midnight City” ou la magnifique “Wait” ont été d’évidents moments forts, mais c’est le set au complet qui a déclenché la communion générale. La vague sonore, le violon et le saxo, les tableaux lumineux splendides ont mis le public en orbite. Avant, encore une fois, de terminer dans une débauche rythmique à faire danser les morts.
Danser jusqu’au bout de la nuit
Special Interest, débarqués de Louisiane, ont un atout imparable : Alli Logout, leur chanteuse. Son arrivée sur scène en impose. Sa tenue en impose. Son discours en impose. Dès l’entrée, on comprend que la musique sera engagée. Et ce n’est pas parce qu’on porte un message lourd de sens qu’on ne peut pas le délivrer avec force groovante. Quelle claque, quelle classe. Le concert se terminera sur ces mots : “Keep fighting, things are only getting worst and all we have is each other.” Si tout ce qu’on a, c’est Spécial Interest, on a peut-être encore une chance.
Les stars de la soirée, King Gizzard and The Lizard Wizard terminent cette affiche dans le même esprit qui a fini par nous contaminer au fur et à mesure des sets. Une furieuse envie de remuer avec cette troupe aux multiples instruments, aux multiples facettes et surtout aux multiples genres explorés sur album. Mais sur scène, il n’est pas si difficile de s’y retrouver, en fait. Car le mot d’ordre est unique et résultat est immédiat avec les Australiens : une belle grande fête psyché. King Gizzard And The Lizard Wizard, c’est ceux qui te donnent envie de rester jusqu’à la fin. Enfin eux, et la chenille…