Francouvertes : Soleil Launière, Loïc Lafrance et Sensei H finalistes !

COMPTE RENDU – C’est parti pour les demi-finales de la 28e édition des Francouvertes. On vous raconte ces 3 soirs de concerts au Lion d’Or.

Prêtes pour un marathon printanier : pas moins de neuf shows concentrés en trois jours, sans compter les courtes sessions de la série “J’aime mes ex”. Pour couvrir les Francouvertes, mieux vaut suivre un bon entraînement (ou carburer au “Fou Gin”, chacun.e sa stratégie). Mais du plaisir, on en a.

Soir par soir, voici un petit aperçu de notre course.

Lundi 15 avril : KAROLAN BOILY, SOLEIL LAUNIÈRE, SENSEI H

Artiste invité : Anatole

Une soirée tout en douceur, ouverte par Anatole (ou feu Anatole, car on comprend que l’artiste a tué le projet il y a de ça un mois), candidat deux fois aux Francouvertes : l’une en 2012 avec Mauves et l’autre en 2015 avec Anatole. Accompagné par sa guitare joué à un “volume ridiculement bas”, Anatole nous offre un folk acoustique un brin downer mais non dénué de poésie. On aime on n’aime pas, la performance nous convient pour un lundi, ça de pris.

Karolan Boily

Après un premier EP “Les éclats de verre en résistance” sorti en 2020, Karolan Boily sort son premier album Le feu sous le toit en janvier 2024, album introspectif invitant au chaos et à la pyromanie. De sa voix soul, l’artiste nous dévoile une pop réjouissante, sans fantaisie mais le tout parfaitement maîtrisé.

Accompagnée de quatre musiciens (dont Olivier Cousineau de Comment Debord à la batterie), la performance témoigne d’une expérience scénique évidente. Le show est rodé et on salue le bel équilibre entre la voix et l’instrumentation. Il n’y a pas à dire, Karolan Boily place la barre haute.

Soleil Launière

Innue originaire de Mashteuiatsh sur les rives du lac Pekuakami, Soleil Launière avait marqué les esprits lors de son passage aux préliminaires, que nous avions malheureusement manquées. Et on comprend l’émoi : la force cinématographique de la performance offerte pour une seconde fois au Cabaret du Lion d’Or est émouvante.

L’effet collage entre le noise, les chœurs vocaux et les enregistrements sonores est réussi. On croit même reconnaître la voix de Joséphine Bacon comme un loop répétitif avec lequel semble interagir l’artiste-compositrice-interprète autour de la territorialité, la langue, la mémoire. Sur scène, quatre musicien.nes talentueux.ses accompagnent ce spectacle-rituel avec brio. Un show de qualité.

Sensei H

Présenté en duo, le projet Sensei H rassemble Sirine Hassini au rap et Vérone à l’auto-tune et à la contrebasse. Influencé par Sniper, Youssoupha et Kery James, Sensei H nous partage un rap furieux (la violence, l’histoire mais aussi le pardon sont des thèmes abordés en chanson) ponctué d’une touche humoristique indéniable.

Malgré l’absence d’un band comme nous l’avons vu (enfin, pas nous) aux préliminaires, l’énergie contagieuse des deux artistes nous jette de la poudre aux yeux. Le groove de Vérone à la contrebasse est électrisant, il s’agirait d’ailleurs “du secret le mieux gardé” de Sensei H. Le flow de la rappeuse n’est pas loin derrière. Un show tout en surprise, notamment quand les beat deviennent terriblement catchy avec “Hors-du-commun”, titre humoristique et dansant sur lequel se conclut cette première soirée.

Mardi 16 avril : PRINCESSES, LE BELLADONE, NECTAR PALACE

Artiste invitée : Laurence-Anne

Gestion de crise pour cette deuxième soirée au Cabaret du Lion d’Or. Marie-Anne Tessier, batteuse pour les formations Le Belladone et Nectar Palace (et La Monarque) est évacuée par ambulance à l’ouverture des portes. Aïe. Pour nous détendre, Laurence-Anne ouvre le show avec une ambiance “grillons de Provence” qui n’est pas sans nous séduire. L’artiste rôdée par d’innombrables concerts offerts depuis son passage aux Francouvertes nous partage trois chansons de trois albums sortis depuis, en une session live hautement intimiste. Choyées que nous sommes.

PRINCESSES

Et bim ! PRINCESSES arrive pour nous réveiller et pas à peu près. Comme aux préliminaires (cette fois-ci nous étions là), les deux musiciennes et leur batteur masqué redoublent d’énergie pour nous offrir un show de haute voltige. Cheveux fous, langues sorties, les guitares grondent sur des paroles aussi engagées qu’humoristiques. On aura même le droit à un titre en exclusivité !

Et bien sûr, nous apprécions la brève apparition de notre ami clitoris, immense peluche rose sirotant un coquetel (un Fou Gin ?) l’air buzzé. Yeah. On aime, on en reprendrait même. Malheureusement l’expérience de PRINCESSES s’arrête aux demis… On salue le parcours !

Le Belladone

C’est donc sans notre drumeuse préférée que doit performer le Belladone. Elle sera remplacée in extremis, ce qui se ressent forcément dans la qualité de la prestation. Le stress est palpable et les soucis se multiplient (“bébé problème technique”, comme c’est si joliment dit).

Nous ne sommes toujours pas forcément subjuguées par la proposition musicale mais, honnêtement, on ne peut qu’applaudir la résilience et l’adaptabilité du groupe face à la situation. Le public, toujours aussi fan, lancera brassières et bobettes en signe de soutien. Contre vents et marées, le Belladone garde ses fans (adeptes ?) plus fidèles que jamais.

Nectar Palace

Projet naissant mené par Shaun Poulliot, Nectar Palace se veut un partage de la “folie et du fun” vécu par le compositeur-interprète au quotidien. Ok. La proposition nous semble déjà un peu branlante. Pas vraiment de ligne directrice, mise à part une vibe disco Eighties très franchement assumée, qui aurait pu nous intéresser si le groove y était.

Mais nous restons dans un flou, une latence, comme quand on kick sur le starter mais que ça étouffe, voyez ? On admire toutefois le sang froid et la rapidité avec laquelle le band (le bassiste en fait) a su programmer des beats pour remplacer la batterie.

Mercredi 17 avril : LA MONARQUE, LOIC LAFRANCE, PATRICK BOURDON

Artiste invité : La Faune

Dernière soirée des préliminaires. Au programme : un ex, trois dernières performances avant le grand soir et de nombreux prix à gagner ! C’est La Faune qui aura l’honneur d’ouvrir le show devant une salle pleine à craquer. Musicalement, le rock francophone du compositeur-interprète ne nous fait pas vibrer, mais reconnaissons le professionnalisme de l’artiste dont le passage aux Francous date de 2020. D’ailleurs, il évoque ses souvenirs sans mentionner aucun traumatisme, ô rareté !  Il dit “enrichissement”, “rencontre”, “incroyable”. Un ovni.

La Monarque

C’est sans batterie (shout out Marie-Anne) mais avec une séquence enregistrée de beat que performe La Monarque pour les demi-finales. Honnêtement, on n’y voit que du feu. Contrairement à la veille, le band a eu du temps pour retourner sa veste. Parlant de veste, La Monarque a renouvelé sa tenue pour plus d’extravagance encore : manteau à froufrous jaune flash et Crocs à talons hauts. Respect. Le soin apporté à la scénographie nous charme plus qu’aux préliminaires.

D’ailleurs, l’artiste se permet de mentionner qu’elle s’est totalement ruinée dans ce genre d’investissement et qu’elle accepterait bien quelques virements Interac. Drôle. Le show sera bien mené, belle fluidité, belle énergie, La Monarque a un côté diva de scène évident et efficace. Bien que ce ne soit toujours pas notre tasse de thé, nous voilà un brin amadouées.

Loïc Lafrance

Tout droit venu de Québec cité, Loïc Lafrance remet au goût du jour la figure du cowboy, par son look mais pas seulement : en témoigne le titre “Clarence (les cowboys dans les magazines)” disponible sur THÉÂTRE/VIOLENCE, EP sorti en novembre dernier. Sur scène, de la guit’, de la guit’ et plus de guit’ encore. On reconnaît au passage deux membres de la formation Collation (les Louperivois des préliminaires). Le rock de Loïc Lafrance oscille entre l’alternatif, le folk et des moments plus hard rock durant lesquels la scène semble valdinguer. À terre : les micros et les corps. Ça joue couché, ça joue gueulant, mais ça joue certain.

On reconnaît un côté Gab Bouchard dans la voix, même si le chanteur s’en dédouane complétement, allant jusqu’à invectiver un membre du jury qui avait déjà dû dresser la comparaison dans son média. Et bien prenons le risque de l’écrire nous itou ! Au pire, Loïc Lafrance se roulera de plus bel en finale. Car oui, nous le verrons bien au Club Soda.

Patrick Bourdon

Gardons les bottes de cowboy pour la country folk, non dénuée de rock, de Patrick Bourdon et son band. Le côté banjo et l’esprit bon enfant d’un bar de région prennent bien. Nous sommes même surprises de taper de la botte en rythme. Rien d’extravagant (le style n’est plus à inventer), mais beaucoup de fun sur scène, ça se ressent. Un verre de scotch communautaire passe de main en main et l’ivresse (musicale, évidemment) se manifeste. Sympathique donc, sans être complétement renversant.

Malgré son énergie et ses jeans moulés (peut-on dire ça ?), Patrick Bourdon en restera aux demi-finales, mais nous ne nous inquiétons pas trop pour la suite, le musicien a l’air d’avoir plus d’un tour dans sa botte (dernier jeu de mots, promis).

Rendez-vous le 13 mai pour la grande finale au Club Soda avec Soleil Launière, Loïc Lafrance et Sensei H.

Texte : Elise Denis / Photos : Emma Shindo