Francos de Montréal : Valence, San James et Cédrik St-Onge

COMPTE RENDU – En ce grand week-end de la St-Jean, on était de retour aux Francos de Montréal.

Enfin un peu de fraîcheur sur Montréal ! Qui dit fraîcheur et week-end, dit retour Place des arts pour les Francos de Montréal qui finissent ce samedi. Une nouvelle fois, on choisit d’aller voir des artistes et groupes qu’on suit et dont avait envie de découvrir les performances live. Pas qu’on boycotte la scène principale, mais disons qu’on a plus hâte de voir ce qui se trame à côté.

San James en français

Direction la scène des Brasseurs de Montréal pour une fin d’après-midi avec San James. On était assez impatient de découvrir Epilogue, le premier album en français de Marilyse Senécal aka San James. C’est d’ailleurs ce qu’elle nous annonce jouer principalement avec son groupe. Car, celle qui a longtemps fait des communications dans l’industrie musicale, applaudit ses amis musiciens aux Francos et chanté en anglais a enfin compris ce qu’il lui fallait pour elle aussi être invitée. Un album en français !

Ça lui réussit en plus. Elle a un sacré beau timbre de voix jazzy qu’elle maîtrise très bien, sautille et arpente la scène avec ce qui me semble être un bon cardio pour quelqu’un qui doit tenir les notes avec souffle et nuances. En primeur pour ses premières Francos, Simon Pedneault, le co-réalisateur de son album l’accompagne à la guitare, en plus de Simon Lachance à la batterie, Catherine Lemay-Pereira aux claviers et back vocals, et Charles Robert à la basse.

En plus des chansons d’Epilogue rendues très pop assumée sur scène, elle interprète son plus ancien single, sa ballade “Nos corps qui se longent” avec Catherine, toutes les deux derrière le clavier. Et malgré un problème de micro qui la rend inaudible pendant le premier couplet, elle ne se laisse pas désarçonner, et reçoit des applaudissements de circonstance. Une petite reprise aussi est ajoutée au concert, pour le plaisir de l’artiste et du public de curieux. Rien de moins que la mélancolique “Ça va mieux” de Ginette Reno. Une façon de nous faire profiter de l’étendue de son coffre. Vraiment, San James nous a épatés.

Cédrik St-Onge est lui

On était curieux de découvrir Cédrik St-Onge en concert. Lui aussi connu pour faire partie du “supergroupe” québécois Vendôme (comme Marco Ema qui jouait la semaine passée), son deuxième album Osoyoos avait reçu bien des louanges sur les réseaux sociaux. Le garçon venu en grande délégation (pas moins de quatre musiciens et deux choristes), semble presque impressionné de se retrouver sur la scène Loto-Québec pour sa première participation aux Francos (qu’il n’espère d’ailleurs, pas la dernière).

Ainsi, ses interventions font sourire et lever un sourcil surpris en même temps. “Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis moi”. Fort bien. Le Gaspésien est pourtant habitué à la scène, et va chercher ses musiciens d’un côté et de l’autre pendant les breaks de ses chansons. D’une manière générale, la proposition est assez folk-pop planant, sorte de T-Rex montréalais. Rien ne dépasse vraiment, tout est doux, notamment dans la voix, comme s’il manquait un petit je-ne-sais-quoi pour nous faire décoller et compatir à ses textes emprunts de sentiments.

Il fait sortir tous ses musiciens de la scène (“même nous ?” demande Marilyse San James, choriste avec Marie-Neige Harvey) pour chanter en trio guitare-voix “Thaïlande”. Joli. Il nous annonce en plaisantant, qu’après le slow qu’il vient de jouer, “place au mosh pit” avec “Headlights”. Un mosh pit glam aurait été cool, conceptuel même. Enfin, après avoir joué “Golden Hour”, il interprète “sa dernière chanson pour toujours” qu’il doit finalement recommencer rapidement sur les trois dernières minutes restantes, s’étant trompé de fret. Le timing c’est le timing aux Francos, et à peine a-t-il remercié le public, que Grand Eugène commencer leur concert sur la scène Spotify, à quelques mètres de là.

Valence, le solstice de notre été

En voilà un concert attendu depuis la sortie de La nuit s’achève en février dernier (Chivi Chivi). Valence célébrait son dernier album avec son public montréalais pour la toute première fois. Et Montréal a répondu présent. Arrivant telle une bombe sur scène, le Québécois enchaîne ses nouvelles chansons plus allantes (“Depuis Marseille”) avec ses anciens “tubes” (“Rosier”, “La vie attend pas”) avant de remercier directement la foule d’être venue à un show payant, un soir de finale coupe Stanley (du hockey pour nos amis français qui nous lisent) et de solstice d’été. D’autant plus qu’il y a deux ans, son show avait été l’un des seuls annulés de toutes les Francos à cause d’orages dangereux.

Vincent Dufour (Valence) et “ses amis de Québec” font toujours aussi bien de la musique. L’artiste le souligne avec émotion, “c’est une soirée de lancement qui me touche énormément, ces musiciens étaient déjà là il y a cinq ans”. Si la formation est la même, on avait un peu d’appréhension, car moins accroché avec le nouvel album. Le live fait pourtant toujours office de glaive et de balance. Il faut accepter les changements, et on admet que malgré une préférence nostalgique pour ses titres extraits de Pêle-mêle, la pop plus posée, moins pailleté de La nuit s’achève n’est pas dénuée de charmes. Pour l’occasion, le concert a été travaillé comme un tout, où les deux Valence (de 2021 et 2024) fusionnent, à coup de transitions instrumentales et interventions énergiques et sincères.

Une fois n’est pas coutume, le Studio TD s’enflamme pour Valence, qui saute, se cambre, fait tournoyer son micro filaire, va chercher son public et ne cache pas son bonheur. Même pour jouer “Jupes Aquarium’, extrait d’un EP sorti en 2019. Lui qui pensait que c’était une “toune de m****” s’est fait démontrer le contraire par une petite fille lors d’un concert. “Finalement, c’est fu***** bon”. Le public ne cache pas sa joie. En rappel, c’est “America” qui est entonnée à l’unisson par musiciens et festivaliers. Le groupe salue et sort de scène, tandis que dehors, on entend Les Trois Accords chanter à pleins poumons “Tout nu sur la plage”. Un beau soir de Francos ça !

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Crédit photos : Emma Shindo