Les Escales du Cargo : Warhaus et Ghinzu sous le soleil antique
LIVE REPORT – Soirée 100% belge dans le magnifique théâtre antique d’Arles pour le festival Les Escales du Cargo. Warhaus et Ghinzu sur une même affiche ? Immanquable.
20 ans du festival. 30 ans de Pias, partenaire du festival. Les Escales du Cargo cette année sont aux couleurs (musicales) des anniversaires célébrés. Et on a choisi la soirée belge pour y aller, évidemment. Comment dire non à un co-plateau Warhaus / Ghinzu ?
Epatants Warhaus
Le magnifique théâtre antique d’Arles est l’écrin parfait pour accueillir le quintet ultra-talentueux de Warhaus à la lumière tombante. J’aborde la musique de manière très sensible, très peu rationnelle. Je ne prête que peu d’attention au niveau technique. Et pourtant avec Warhaus, c’est le sentiment que tout s’aligne qui me fait affirmer chaque concert un peu plus que ce groupe-là est grand. Immense même. Oui, la batterie de Michiel Balchaen me remue et me caresse simultanément, pile comme il faut. Oui, Tijs Delbeke me renverse avec son violon et son trombone. La basse de Sander Vanstraete est littéralement parfaite. Je suis fascinée par le pouvoir du guitariste Jasper Maekelberg à me faire m’intéresser aux claves. Mais tous ensemble, ils créent un truc de tellement plus grand qu’eux. Il faut écouter “Beaches”. Un truc qui montre leur immense talent de musiciens qui s’écoutent, créent ensemble, sans jamais en faire trop, sans jamais se mettre en avant, juste pour surfer sur les vagues d’émotions qui les traversent. Un vrai et excellent groupe de jazz qui fait de la “pop”, sombre, sensuelle, chaude, langoureuse. Un groupe de jazz avec au centre Maarten et sa voix à tomber, qui m’a tiré larmes et frissons sur “Time Bomb”.
C’est étonnant de voir le nombre de personnes qui ne connaissaient pas vraiment Warhaus par ici. J’espère que l’erreur sera désormais durablement réparée. Parce qu’en plus d’une heure de show, Warhaus a su faire la démonstration de son pouvoir de séduction, tout en humilité, tout en douceur, et tout en persuasion. Et on a beau connaître, savoir, avoir déjà vécu l’hypnotique pouvoir du groupe, on retombe la tête la première. Mais à entendre le public fredonner l’irrésistible outro de “Open Window” encore bien après la fin du concert, on ne s’inquiète pas trop.
Classiques Ghinzu
La suite, c’est Ghinzu. Là aussi, on connaît. Un peu trop peut-être ? On les aime d’amour, mais on ne va pas se mentir, la setlist reste assez constante d’un concert à l’autre. C’est, je suppose, le prix à payer quand on décide de voyager pour voir un groupe faire une tournée des 20 ans de son album phare. (Doit-on parler de la setlist qui prévoyait un rappel avec “Forever” et qu’on n’a pas eu ? Non, on n’en parlera pas, la plaie reste trop vive pour certains qui ne l’ont jamais entendue). L’émotion est toujours là, le public présent pour les grands classiques de “Blow”. Et très vite le théâtre antique d’Arles devient le terrain de jeu d’un John Stargasm décidément très démonstratif ces derniers temps.
Ce concert, c’est l’occasion de voir l’incroyable théâtre et ses colonnes se révéler en pleine nuit, sous les lumières faramineuses qui alternent entre des rouges flamboyants (“Dragon”), des stroboscopes aveuglants (“Til You Faint”), des bleus/violets stratosphériques (“Seaside Friends”). L’occasion aussi d’enfin voir de haut John monter sur son piano sur “Do You Read Me”, sauter pour embrasser sa femme à pleine bouche au premier rang (oui, oui!) et le public slammer en beauté, avant de retourner plonger dans la fosse. Parce qu’attention, qu’on ne s’y trompe pas. Ce n’est pas parce que les setlists se ressemblent qu’on s’en lasse. Comme il y a 20 ans, Ghinzu, c’est en boucle, à fond, en sautant et en chantant. Et on attend vivement les nouveaux titres pour faire perdurer la tradition encore un moment.