The Toksin : “On aimerait bien se politiser un peu plus”

INTERVIEW – Rencontre au Brise Glace d’Annecy avec The Toksin, trois jeunes pleins d’énergie et d’envie.

Avant leur concert au Brise Glace dans le cadre du Birthday Festival, on est allé papoter avec les membres du groupe suisse The Toksin. On vous emmène avec nous dans les loges à la rencontre du groupe.

Les origines de The Toksin

Rocknfool : Première question facile, The Toksin, c’est qui ?
The Toksin : On est un trio de raw melodic punks, Mila au chant et à la basse, Loris à la guitare et puis Léo à la batterie. Le groupe existe depuis deux ans et demi maintenant.

Mais pas avec Léo depuis le début ?
Léo : Non, je les ai rejoints… à Belfort ! [ndlr : concert du 23 avril 2025 à relire ici]
Mila : C’est ça ! Il a fait son premier concert avec nous à Belfort, sans répèt’, sans rien, parce que le batteur nous avait lâché la veille !

Et c’était prévu que Léo reste avec vous ou c’était juste pour dépanner au départ ?
Mila : On se connaissait un petit peu, la vibe passait. Et puis en terme d’énergie, ça collait bien, alors on a décidé de le garder !
Loris: Il a aussi décidé de rester ! C’est important, on ne l’a pas séquestré !
Léo : Ça va dans les deux sens. J’aimais beaucoup ce qu’ils faisaient, j’avais déjà vu quelques concerts. J’avais aussi participé à un concert avec mon autre groupe où The Toksin jouait. Ça passait très bien, on s’est bien trouvés.

Et du coup, comment vous êtes-vous rencontrés ?
Mila : Léo et son autre groupe, Annatar, faisaient leur vernissage et ils nous avaient invités pour faire leur première partie. Je connaissais déjà deux autres membres du groupe, mais c’est ce jour-là qu’on a vraiment parlé avec Léo.
Loris : Et puis nous deux, avec Mila, on s’est rencontrés à une soirée par un ami en commun. J’ai vu qu’elle chantait, je lui ai dit “Eh, viens, on essaie de faire un truc !” On s’est vus, on a composé un truc le premier jour, on s’est revus, puis on n’a jamais arrêté. Ça fait deux ans et demi !

Le nom du groupe, The Toksin, ça vient d’où ?
Mila : Quand on a écrit la première musique, on n’avait pas encore le nom du groupe. Je parlais de certains sujets qui sont toxiques, que ce soit les drogues, l’amour, les relations et la santé mentale. Et tout le son tourne un peu autour d’une sorte de toxicité humaine. Donc The Toksin, c’est pour ça. C’est raconter des histoires qui se passent dans le monde, des trucs qui ne sont pas forcément toujours chaleureux. Mais on contrebalance avec certains sons qui donnent du power ! Par exemple, des sons qui disent qu’il faut rester fort dans les situations toxiques.
Loris : Et l’orthographe comme ça, c’est plus stylé !

Vous en êtes à votre quatrième EP, l’album de The Toksin, c’est pour quand ?
Loris : On en a sorti quatre et on bosse sur le cinquième. Mais je vais rien dire…
Mila : Mais si, on peut dire… ! En fait, on aimerait bien produire un album pour la prochaine sortie, plutôt qu’un EP, ça changerait un petit peu, ça ferait plus de titres. On aimerait se concentrer sur un projet un petit peu gros. Mais on n’a pas encore tout l’album, donc c’est pour ça que Loris ne voulait pas trop en parler. Mais oui, c’est prévu !

Prendre parti dès la composition

Pourquoi avoir choisi de reprendre “Dernière danse” d’Indila ?
Mila : Je voulais transformer quelque chose. L’originale est assez calme. C’est un peu une “pop ballade”. Et je me suis dit, si on la transforme en rock, ça peut devenir grave peps.  En plus, elle est en français ! On n’a que des sons en anglais alors qu’on a quand même pas mal de public francophone en Suisse et en France. Le fait que ce soit une musique qui ait eu beaucoup de succès et qu’en plus, elle soit en français, ça permet au public de chanter avec nous. Le fait qu’on la joue dans un style totalement différent de l’original marque.
Léo : Quand j’ai entendu “Dernière danse” la première fois que je les ai vus, ça m’a conquis. Quand j’ai rejoint le groupe, j’étais trop content de me dire “Je vais pouvoir la jouer moi aussi !”

Comment composez-vous les titres ?
Loris : Pour les premiers EP, Mila n’avait pas beaucoup de notions de basse donc c’est moi qui m’occupais de la composition, puis elle faisait les paroles. Maintenant, on fait un peu la composition à deux.
Mila : Et avec Léo qui nous a rejoints, on est plus sur un travail à trois.
Léo : Moi, je trouve mes parties de batterie, mais ils ont un retour là-dessus. Et puis, je propose aussi mes idées sur des trucs qu’ils font eux, et puis on jam. C’est de l’échange clairement !

Et vous faites les paroles avant la musique ou la musique avant les paroles ?
Tous : La musique avant les paroles. Toujours !
Mila : Parce que moi, après, je pose une top line dessus sans paroles. J’essaie de trouver des choses qui sonnent bien. Quand j’ai trouvé ma top line, je mets les paroles.

On a parlé tout à l’heure des sujets que vous traitiez. Est-ce qu’il y a des sujets dont vous aimeriez parler ou d’autres que vous n’oseriez pas aborder ?
Léo à Mila : vas-y ! 
Mila : (rires) Je regardais Léo parce qu’on aimerait bien se politiser un petit peu plus, parler de ce qui se passe dans le monde, des génocides… et dénoncer !
Léo : Je suis arrivé dans ce projet et c’est vrai que je suis le plus convaincu des trois là-dessus ! Le plus virulent. Pour moi, ça a du sens. C’est assez logique, en faisant du punk, que de dénoncer des choses, que de prendre parti sur des éléments et d’autres. Ce n’est même pas moi qui l’ait proposé ! C’est venu de vous. Dans ce vers quoi on se dirige, on va faire ça.
Loris : Donc ce n’est pas quelque chose qu’on n’ose pas faire. C’est juste qu’on ne l’a pas encore fait ! Et là, on y va. On y va fort !

La France vs la Suisse

La scène musicale suisse, ça donne quoi ?
Mila : Nous, on est dans le canton le plus reculé de la Suisse. Il y a littéralement des vaches et des montagnes. Une fois qu’on a fait les 3 salles, c’est un peu compliqué ! Après, dès qu’on va plus vers le canton de Vaud, il y a quand même beaucoup plus de trucs à faire, beaucoup plus d’ambiance et beaucoup plus de personnes qui sont dans notre scène. Dédicace à Walldown qui joue avec nous ce soir ! [ndlr : Walldown est un groupe de Neuchâtel présent pour jouer ce soir-là après The Toksin]
Léo : Le côté un peu pop-punk fait que ça ouvre quand même des portes, notamment dans les bars. Là, on a joué à Lausanne. Pour le métal, c’est plus compliqué.
Mila : C’est un peu plus niche, moins mainstream. Les gens sont moins habitués à ça. Mais nous, on a eu de la chance. Je pense qu’avec The Toksin, il y a aussi eu une partie de chance car on a été bookés rapidement. Et on a pu sortir direct du Valais.

Et vous vous tournez vers la France, naturellement ? 
Mila : Un petit peu, on commence.
Loris : On a déjà fait Belfort et on a fait une résidence à Strasbourg aussi. Maintenant, on est à Annecy. On verra pour la suite.

Est-ce que vous préférez le public en France ou en Suisse ?
Tous : Pour l’instant, j’ai envie de te dire qu’ils sont chauds en France ! Plus qu’en Suisse ! Les gens sont beaucoup plus dans la retenue en Suisse !

Et la suite pour The Toksin ?

L’actualité de The Toksin c’est quoi?
Loris : Notre planning, c’est de finir de composer, notamment parce qu’on a une session studio à la fin de l’année. Après, on a déjà quelques dates qui ne sont pas encore divulguées pour le début de l’année.
Mila : À partir de février, on reprendra les concerts jusqu’à avril.
Loris : Pour l’instant, la Suisse. Mais on va viser la France ! 

Là, de quoi auriez-vous besoin pour le groupe ? Qu’est-ce qui vous manque ?
Mila : La thune, frère !
Léo : Ça va encore ! Franchement, s’il faut se tourner vers un album et le produire, on aimerait avoir l’argent requis. Mais franchement, pour le moment, avec les cachets qu’on a, on arrive à réinvestir dans le matos et le local. Donc on n’est pas à plaindre !
Mila : En fait, ce que je me dis, c’est que pour avoir un gros projet comme l’album, va falloir encore un peu plus.
Loris : J’aime bien le rythme qu’on a, on fait de la musique, on kiffe. On a plein de contacts. On a le boss. C’est un peu notre papa du groupe actuellement.
Léo : Il nous emmène avec son grand van ce qui permet à Loris de ne pas avoir à conduire pendant 10 heures.
Mila : Et surtout de ne pas avoir à reconduire en rentrant !
Léo : Avec la plupart des autres groupes qu’on a rencontrés, il y a toujours eu des bons contacts. On s’est dit qu’on referait des concerts ensemble.
Mila : Je pense qu’on ne manque pas de grand-chose. Après, la thune je pense qu’il y a les trois-quarts des groupes qui galèrent avec ça. Sinon, c’est sympa, on est bien.

Est-ce que vous faites de la musique à plein temps ?
Loris : Je suis encore en première année d’études de graphisme. Du coup, absolument pas musicien à plein temps ! Mais ce serait bien d’en vivre plus tard. 
Léo : J’essaie de cumuler les projets, je suis déjà à deux : The Toksin et Annatar. Si je pouvais ne tourner qu’avec ça, ça m’irait bien ! Mais pour le moment, je suis serveur dans un bar à côté. 
Mila : J’ai arrêté les études pour pouvoir apprendre la basse. Quand je suis rentrée dans le groupe, je n’en faisais pas du tout, je ne connaissais pas d’instrument. Ça fait bientôt deux ans que j’en fais. Et là, j’hésite à reprendre aussi une école dans la santé, en parallèle. Mais je ne sais pas encore, parce que j’ai arrêté les études pour pouvoir vraiment me concentrer et me perfectionner en chant et en basse ensemble. 

Et The Toksin dans cinq ans, ça serait quoi ?
Mila : On espère pouvoir faire des plus grosses tournées et sortir peut-être même de l’Europe dans 5 ans. Mais on ne sait pas. C’est très difficile de se projeter. En tout cas, j’aimerais bien pouvoir faire une tournée au Japon. Il y a une belle scène underground là-bas, ça peut être une belle expérience.
Léo : Tourner avec IDLES !
Loris : On a quelques groupes en tête. On a déjà rêvé de ça ! Et il y a le Rebellion Fest, à côté de Manchester. Un truc gigantesque, le rêve !
Mila : En tout cas, on espère être encore là et encore faire de la musique d’ici cinq ans. C’est déjà le premier but, je pense. Et que tout le monde soit encore là, en vie !
Loris : Ce serait déjà pas mal !

Propos recueillis par Cl-ear
Photo issue du clip “Get Out” de the Toksin

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