Bears Of Legend : “J’ai été refusé de mon propre groupe au départ !”
Puisqu’on les avait ratés lors de leur venue à Paris, on s’est dit que pour se rattraper, on allait voir Bears Of Legend directement sur leur terre : le Québec. Rendez-vous au Festival d’été de Québec où le groupe Québécois se produisait en dernière partie de soirée place d’Youville avec The Strumbellas et Elliott Brood. Plus tôt dans la journée, on rencontrait le sympathique David Lavergne, chanteur et guitariste de la formation dans les hauteurs du Hilton pour une interview premières fois très amusante.
Premier souvenir musical ?
Si on retourne loin dans mon expérience musicale, je me rappelle avoir eu une espèce d’illumination quand j’ai acheté l’album Dookie de Greenday. C’est vraiment dans un autre genre, le côté punk-rock un peu… Et je me rattachais à cette identité là bizarrement, je ne sais pas pourquoi ! Puis on a commencé à faire de la musique mes amis et moi, sans instruments de musique car on n’en avait pas. À la maison chez mes parents on avait installé des casseroles, on avait accroché des couvercles de casseroles avec des fils, on jouait de la batterie avec n’importe quoi. Je me rappelle que Maman nous a surpris quelques fois… C’est mon plus vieux souvenir : d’avoir essayer de reproduire un album de Greenday avec des casseroles… On était loin du produit fini ! Mais il y avait de l’énergie et de la fraternité avec mes chums de gars, que j’essaye de retrouver avec mes musiciens aujourd’hui (rires).
C’est mon plus vieux souvenir : d’avoir essayer de reproduire un album de Greenday avec des casseroles !
Greenday c’est donc le premier disque que tu as acheté ?
Ouais ! À l’époque ce n’était pas un disque, c’était une petite cassette ! Je ne l’ai pas achetée moi-même, c’est mes parents, car je devais être très jeune… Je me rappelle avoir acheté The Offsprings aussi, et No Doubt.
Premier poster sur ton mur ?
Je pense que je n’ai jamais accroché de poster chez moi. J’ai jamais été très fanatique comme personne, ça explique peut-être pourquoi je suis encore comme ça aujourd’hui, je ne ressens pas une espèce fébrilité à rencontrer un artiste, c’est plus une rencontre de personne à personne. Je suis plus fébrile à l’idée de rencontrer une vieille amie, une personne que je n’ai pas vue depuis longtemps…
Première claque musicale ?
The Mars Volta que j’ai vu en spectacle : c’est un groupe américano-mexico expérimental, les gars viennent d’un peu partout dans le monde. C’était surtout un spectacle d’expérimentations musicales avec un chanteur exceptionnel. Mais ça m’avait impressionné par la mise en scène. Une autre grosse claque musicale c’est Björk en spectacle, que j’ai vu à Montréal, comme un gros rave, avec des confettis, des banderoles… c’était extraordinaire ! La mise en scène ça me claque plus que la performance musicale…
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Premier instrument dont tu as joué, à part les casseroles ?
(rires) La guitare électrique. La guitare qui valait 90$ dans un magasin grande surface, que Maman m’avait achetée avec un petit ampli’, c’était vraiment dy bas de gamme. Ça paraît un peu platte comme réponse, mais c’est la guitare (sourire).
Premier concert où tu es allé ?
Je suis allée voir un spectacle d’artistes locaux. J’habite un petit village en Mauricie qui s’appelle Saint-Boniface et on est allés voir un spectacle rock-métal, j’avais 13-14 ans. Dans ma communauté c’était 8-9-10 groupes en une soirée pour 3$ et tout le village se ramassait là, c’était l’époque où il y avait une scène rock et métal plus développée. Moi je viens vraiment de ce milieu là étrangement… de la musique plus lourde ! Je me rappelle avoir vraiment tripé sur le feeling, j’avais vraiment envie de jouer de la musique à partir de ce moment là. Comme on dit par chez nous, c’était vraiment un concert très boboche, vraiment tout croche. Après c’te flash là, j’ai commencé à jouer de la musique vers 16 ans, un band de garage punk rock, pour imiter un peu Greenday.
Un an plus tard je suis revenu faire une audition pour me faire accepter par mes amis. Finalement ils m’ont pris dans le groupe !
Première répétition ?
Ma première répétition est très particulière car mes amis s’était formé en un groupe de musique et moi j’étais l’ami du groupe. Ils cherchaient un chanteur. Pi bon, j’étais là. Ils m’ont dit : “tu peux peut-être essayer”. Moi je voulais vraiment gros être chanteur, j’avais jamais chanté de ma vie. Ils m’installent un petit kit pour que je chante avec eux, et c’était un micro-casque d’ordinateur, comme quand tu chats sur Skype. Ils branchent ça dans un ampli, il y avait de la distorsion, quand je parlais ça faisait imite une voix avec de la distorsion. Rien pour m’avantager. J’avais chanté une chanson de Rage Against The Machine qui s’appelle “Killing In The Name”, pi c’était pourri ! C’était vraiment pas bon. Fait qu’ils ne m’ont pas choisi, ils ont pris le voisin qui était juste à côté et qui n’avait rien pour lui (rires). J’étais jeune, ça m’avait blessé dans mon orgueil… Quand tu es en quête d’identité, ça m’avait fait mal. À partir de ce moment là, je me suis enfermé dans ma chambre pendant 1-2 heure tous les jours, j’ai appris à jouer de la guitare, j’ai appris à chanter. Un an plus tard je suis revenu faire une audition pour me faire accepter par mes amis. Finalement ils m’ont pris dans le groupe ! Ce groupe là s’est métamorphosé avec les années pour finalement presque devenir ce qui est aujourd’hui Bears Of Legend. C’est particulier hein ! J’ai été refusé de mon propre groupe au départ !
Premier job ?
Mon premier premier job, c’est un travail dans une roulotte à patates. Tu sais ce que c’est ? C’est une cantine mobile où on ne vend finalement que de la malbouffe. J’ai travaillé là pendant 3 mois. C’est tout. J’étais plus capable, j’ai détesté. C’était difficile pour moi, car je suis une personne qui carbure aux relations, aux échanges… et là, ça râlait pour un rien… Je me rappelle quand je rentrais chez nous, je sentais la friture. On avait des vêtements à l’effigie de la roulotte, et il fallait mettre ça dans 2 sacs qu’on mettait dans la garde-robes, qu’on fermait… et ça sentait quand même dans toute la maison !
On faisait de la musique presque de façon secondaire quand l’inspiration venait.
Premier studio ?
En fait nous on enregistre nos albums chez notre batteur Francis, qui a un studio d’enregistrement par chez nous dans notre petite région. On est vraiment comme chez nous dans son studio. La première expérience en studio avec le groupe ça a été l’enregistrement du premier album Good Morning Motherland en 2012. On a vraiment créé quelque chose de particulier avec cet album. Quand on le réécoute, il y a une sonorité qu’on ne peut pas recréer, qui est vraiment particulière. On a pris beaucoup de temps pour ce premier album, on a jasé, on n’avait pas de pression, on n’était pas officiellement un groupe non plus encore à l’époque. À l’époque on apprenait à sa connaître et à s’entendre pour la première fois véritablement. On faisait de la musique presque de façon secondaire quand l’inspiration venait. Ça a été pas mal plus le rush pour le deuxième, “faut que ça roule”, 2 mois et faut que ça sorte !
Premier festival avec Bears of Legend ?
On a joué dans notre région, au Festivoix [à Trois-Rivières ndlr] qui est quand même un grand festival au Québec. On avait joué dans la rue. Nous on s’est fait reconnaître comme ça au départ : en jouant dans les cafés, dans la rue… Ils ont créé une scène extérieure avec des capsules, ils nous ont fait jouer en plein milieu de la rue devant les passants. On a continué à faire ce qu’on faisait mais avec beaucoup plus de public. On a commencé vraiment en bas de l’échelle !
Et maintenant le Festival d’été !
C’est un des plus reconnus ! On a joué en 2013 ici, au Pigeonnier, avec Emmylou Harris. C’était parfait pour nous ! Le Festival est derrière nous depuis toujours, c’est les premiers à avoir levé la main pour engager notre band. Au départ c’est les premiers qui ont répondu “on aime beaucoup ce que vous faites, on va vous trouvez une place !”. La relation est vraiment parfaite avec ce festival là.
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Première chose que tu fais en montant sur scène ?
Je regarde le public ! Notre spectacle commence avec une ligne de voix, sans instruments. Il n’y a rien de pire que de commencer à chanter sans voir, sans contact visuel avec le public. J’essaye de balayer et voir à qui j’ai à faire. Parfois en une fraction de seconde on peut palper l’ambiance qu’on va avoir dans la soirée, ça donne le ton ! Il faut savoir amener les gens dans notre monde, mais aussi s’adapter au public qui est déjà installé là depuis 1h, et qui a déjà un mood dans lequel ils sont confortables.
Il faut savoir amener les gens dans notre monde, mais aussi s’adapter au public qui est déjà installé là depuis 1h…
Première chose à laquelle tu penses en descendant de scène ?
Nous autres c’est la course, faut se dépêcher pour aller rencontrer le public au plus vite parce qu’on sait que leur temps est précieux. Le public pense qu’on est sympathiques d’aller les voir, mais eux sont pas mal plus pressés, nous c’est plus loose, on dort à l’hôtel le soir, tout est tranquille. Moi ce qui me passe par la tête en sortant de scène c’est : “c’est où la table de marchandises ?”, je suis déjà décentré du show et je me dépêche. Orienté vers la table !
Premier gros fou rire sur scène ?
(rires) Bin écoute je ne sais pas si c’est le premier, mais c’est celui dont je vais me rappeler toute ma vie. Guillaume mon guitariste c’est quelqu’un de vraiment surprenant… dans toutes les facettes de sa vie. On était dans un gros spectacle à Sherbrooke, il y avait 500 personnes, et son père était là, il venait juste de prendre sa retraite. C’était un grand moment pour lui, donc Guillaume a voulu lui rendre hommage, il a raconté une longue histoire, combien son père était important pour lui blablabla. Il avait un cadeau à lui offrir pour sa retraite, il le fait monter sur scène. Tout le monde l’applaudit. On avait hâte de voirce qu’était le cadeau qu’il allait lui offrir, ça allait être le cadeau de sa vie… Et là il lui offre un sac de chips sel et vinaigre et un Seven Up Diet. Hé, c’était drôle là ! Pour vrai on a partagé un fou rire avec le public pendant 5 minutes. C’était impossible d’arrêter de rire. Je me rappelle, j’étais couché à terre, et je pleurais. Je ne m’imaginais pas commencer le show après ça. Et son père était vraiment surpris de l’histoire, ça se voyait sur son visage, je ne suis pas certain qu’il ait apprécié l’attention… C’était drôle en criss !
Merci à David et à Geneviève R.
Propos recueillis par Emma Shindo (11 juillet 2016 à Québec).
Ghostwritten Chronicles, disponible sur internet.
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