Route du Rock hiver 2022 : un vendredi où tout est permis
LIVE REPORT – Retour des éditions hiver de la Route du Rock à Saint-Malo, celles qui nous avaient tant manquées. Avec, vendredi, une programmation tous horizons.
Qu’il est bon de revenir à La Nouvelle Vague, dans l’hiver presque printanier de Saint-Malo, pour retrouver ce parfait festival en salle qu’est la Route du Rock hiver… Et en ce vendredi soir, c’est éclectisme au programme.
L’ouverture de cette édition est assurée par The Lounge Society, jeune groupe britannique signé sur le même label que Squid et qui appartient à cette vague “post-punk” qui sévit depuis maintenant quelques années. Au point d’avoir du mal à s’y retrouver ? Oui. Mais au point de s’en lasser ? Peut-être pas encore. La place de premiers de la soirée est difficile. Le public est loin d’être chaud quand le quatuor débarque, et sera peu réceptif, en tout cas à première vue, à la musique pourtant plus que réjouissante sur scène. Quelque chose de très indie rock dans les guitares, qui donne envie de se trémousser, pendant que la voix de Cameron Davy assure ce côté punk qui les rapproche de leurs innombrables “cousins”. La recette fonctionne, avec une maîtrise plutôt étonnante vu leur jeune âge. Ne reste plus qu’à suivre de plus près leurs prochaines dates.
La magique sobriété d’un mythe
Changement total ensuite avec The Apartments. Groupe originellement d’Australie, sévissant dans le milieu depuis les années 80, Peter Milton Walsh et sa bande font partie de ces formations qui font office de légende pour certains afficionados, mais n’ont pas eu la reconnaissance commerciale qu’ils auraient sûrement mérités. Le concert est à l’image de la musique du groupe : un clair-obscur, sur le fil de la délicatesse. On tangue sans arrêt entre la nostalgie et la lumière, entre la puissance et la douceur. Une main de fer dans un gant de velours, peut-être est-ce là l’expression qui décrirait le mieux comment Peter mène sa barque sous ses lunettes noires. Impossible de résister à cette classe à l’ancienne, rappel d’un temps où la musique indé provoquait frissons et instants de vie gravés à jamais dans nos mémoires.
Re-changement total avec l’arrivée d’Altin Gün. (Eh oui, c’était la soirée des grandes variations). Après le concert ultra-dansant de l’édition été 2019 de la Route du Rock (toujours elle), le set des Décibulles de l’été 2021 avait été plus décevant. C’est donc avec un peu d’appréhension que j’attendais ce concert. Mais j’ai vite été rassurée par le retour joyeux des Néerlandais et l’ambiance colorée qu’ils ont vite installée dans la salle. Un set toujours métissé, mené par Merve Dasdemir, caution souriante et dansante du groupe, face à Erdinç Ecevit Yıldız, au visage si impassible mais toujours captivant derrière son sax.
Du rock progressif à l’allemande
La suite de la soirée sera davantage tournée vers l’expérimental, avec Camera puis Zombie Zombie. Si je reste persuadée d’avoir manqué un temps fort de cette édition en partant avant le set de ces derniers, j’aurais au moins profité de la quasi-totalité du set de Camera avant de m’avouer vaincue par la fatigue. Et pourtant, leur musique instrumentale, variant entre électro et rock, avait de quoi mettre le public en transe. Voyage sinueux dans des niveaux d’énergie fluctuants, le quatuor, recentré et tournant en partie le dos au public, était sûrement le parfait shift à cette heure de la soirée, pour aller creuser dans nos tripes nos envie de dancefloor de club souterrain berlinois…
Mais parce qu’une deuxième journée haute en couleurs était à prévoir, il m’aura fallu quitter le navire pour recharger les batteries avant la déferlante rock samedi soir…
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