Bon Moment : une nouvelle formule avec Pales, KEG et Tukan
LIVE REPORT – Après une version changeante ces dernières années, l’Autre Canal revisite son concept de Bon Moment. On aime toujours autant.
On n’était pas revenu à L’Autre Canal depuis 2019. Il était temps de réparer cela. Et quelle meilleure occasion que Bon Moment pour le faire ? Bon Moment, pendant longtemps, a été un festival à cheval entre L’Octroi et les scènes de LAC, avec une scène extérieure supplémentaire. Pour 2023, autre formule. Il s’agira maintenant de multiplier les Bons Moments dans l’année, et on ne peut que s’en réjouir. Et pour commencer, en ce mois de mai, deux journées au programme. Outre les brunchs, concerts mystères en bord de Meurthe, ateliers, et autres rendez-vous disséminés sur ces deux jours, ce sont les soirées sur la grande scène qui nous ont attiré et nous ont fait venir le vendredi soir pour voir Pales, KEG et Tukan.
De l’Alsace à l’Angleterre…
Pales, strasbourgeois déjà croisés au hasard des scènes, est le dernier groupe à suivre qui attire la lumière sur l’Est. Concerts dans toutes les salles d’Alsace, multiplication des passages en festival, sélection des Inouïs, ils ont l’air bien décidés à dépasser les frontières régionales. Formés en 2021, avec une poignée de singles et un seul EP à leur actif (In Our Hands ?), la musique des 5 amis attire. L’énergie et la tension rock sont palpables dès les premiers instants, malgré une salle relativement vide, qui se remplira progressivement. Entre pop lancinante et puissance électrique, Célia Souarit au chant concentre les regards par son attitude habitée et ses allers-retours entre ses musiciens. Une belle occasion de les voir évoluer sur une grande scène, qu’il faudra peut-être apprendre à tenir encore davantage très bientôt.
L’an passé, on découvrait KEG sur la scène du Supersonic. Le big band (7 musiciens quand même) nous mettait une claque monumentale tant l’énergie dégagée était énorme. Ils sont toujours 7, mais semblent s’être un chouia assagis. Les titres de l’EP Girders ralentissent le rythme donné sur l’EP précédent Assembly et nous font profiter d’un concert moins chaud bouillant mais qui n’a rien perdu de son originalité. Parce que la force de KEG réside dans son côté jazz, ses expérimentations et sa recherche constante de liberté. Le trombone est toujours la force vive du projet, une conque s’invite sur certains titres et Albert Haddenham nous embarque avec lui au gré de ses choix vocaux multiples. Le résultat reste le même : on sort toujours d’un concert de KEG avec le sourire.
… avec passage obligatoire par la Belgique
Pour clore la soirée, restait à explorer le versant électronique déjà instillés par les claviers des groupes précédents. Mais c’est en y plongeant franchement qu’on découvre Tukan. Ils sont de Bruxelles et ont de la Belgique cette facilité à la musique qui te rend heureux, mélange de haute qualité et d’honnête simplicité. Et quand on dit haute qualité, c’est parce que leur électro est faite sur scène avec une guitare, une batterie, des claviers, une basse, beaucoup de pédales, beaucoup de boutons, mais zéro ordinateur et zéro logiciel. Le résultat est parcouru de sensations jazz, et noyé sous une lumière bleutée, te fait danser jusqu’au bout de la nuit.
Encore une belle promesse tenue que ce Bon Moment nancéen.