Les rencontres avec les Blogueurs #2 : Antoine Dubuquoy (Dubuc’s Blog)
Après être partie à la rencontre des directeurs de label je me suis dit, que je ne pouvais pas arrêter mon tour du monde des coulisses de la musique aux simples labels. Parce qu’un musicien avant d’être remarqué par un DA, passe par des chemins plus obscures : des petites salles de concerts, des bars, des concerts en appartements ou dans le métro. Aujourd’hui souvent le buzz, c’est grâce à internet qu’il se crée, et pas seulement myspace ou facebook. Les blogs contribuent énormément à mettre les artistes dans la lumière. Regardons simplement le phénomène Lilly Wood & The Prick qui a vu sa notoriété grandir jour après jour grâce à internet et les blogs.
Cette fois, c’est Antoine Dubuquoy qui répond à mes questions. Il tient le Dubuc’ s Blog. On y parle de musique, mais pas que. Et, je dois dire, que je suis un peu jalouse de la plume de ce monsieur, qui a tout d’un écrivain. Nous étions présent à la même soirée d’écoute chez Louis Bertignac, et j’étais émerveillée devant tant de culture. On retrouve tout ça sur son blog, que j’aime appelé la Fontaine de Culture Pop & Rock. Un regard pointilleux, une plume géniale : rencontre avec un blogueur qui a eu la chance d’avoir 15 ans en 1979.
1. Les blogs ont fleuri ces dernières années, peut-on les considérer comme des véritables médias à part entière ?
Je garde toujours à l’esprit la phrase de Jello Biafra : “Don’t hate the Media, Be the Media“. C’est à mon avis la pierre angulaire de la blogosphère. Les blogs sont des médias personnels, avec leurs contenus, leurs messages; ils sont le reflet de la personnalité de leur/leurs auteur(s).
Au départ, ils répondent à un besoin d’expression individuelle. Les lecteurs y trouvent a priori une information, ou plutôt un traitement de l’information différent des médias classiques. Donc, oui, les blogs sont un média à part entière.
2. Un directeur artistique m’a confié se rendre souvent sur les blogs pour rechercher des informations sur les jeunes talents, est-ce que tu penses que c’est plus efficaces qu’un Myspace aujourd’hui ?
Il n’y a pas d’opposition entre les deux mais une grande complémentarité. Complémentarité existant aussi avec Facebook, Twitter, plateformes d’écoute en streaming comme Pandora ou Spotify…
Je comprends que les directeurs artistiques aillent jeter un coup d’oeil aux blogs. Si on se réfère à la Longue Traîne, il y a sur Internet une telle abondance de contenus, qu’il est nécessaire de s’appuyer sur des filtres de recommandation. Les blogueurs passionnés de musique peuvent faire un travail de sourcing en amont, trier, repérer, recommander des artistes qu’ils découvrent sur MySpace par exemple. Bel illustration de la sérendipité. On cherche quelque chose, on trouve autre chose et on a envie de le faire savoir. D’une certaine façon, l’agrégation de toutes ces sensibilités, cette intelligence collective peut faire le boulot des maisons de disque… D’ailleurs au delà de MySpace, il y a Youtube qui peut servir de plateforme de lancement d’artistes… Genre Justin Bieber ou Rebecca Black... ^^ Not my cup of tea!
3. Pourquoi tu as crée ce blog ? As-tu toujours baigné dans “le monde de la musique” ?
Au départ, mon blog était focalisé sur les nouveautés digitales, les nouveaux modes de consommation de contenus, infos, images, musique… Petit à petit, j’ai eu envie de partager des découvertes, mais aussi des trucs plus personnels, mes albums favoris, tout ce qui s’est accumulé au fil du temps dans ma discothèque perso. Plus des expériences vécues, concerts, rencontres. La zik et moi c’est une passion qui remonte à l’adolescence… Avoir 15 ans en 1979 (No comment, please! ^^), c’est passer sans transition de la pop Pink Floyd / Beatles aux Sex Pistols, à Clash, PIL, la new wave, Marley, AC/DC… Lire Rock & Folk. Mettre le son à donf’ et ne jamais décrocher. Pas de nostalgie du passé, juste une envie de découvrir de nouveaux sons, de voir ce qui a bien vieilli, ce qu’on ne s’explique pas avoir aimé à une certaine époque… J’ai ouvert mon blog en 2006, je me suis fait plaisir en écrivant sur ce que j’aimais. Et je continue. Mon approche est totalement subjective. Ce que je n’aime pas, je n’en parle pas, ou de façon lapidaire. Ce qui ne m’a pas empêché pas de parler de la Nouvelle Star, ou de faire une série de posts d’été sur le kitsch (ringard?)… L’approche subjective, c’est vraiment d’orienter l’écriture sur une expérience personnelle. Mon modèle, la dope et les flingues en moins, c’est Hunter S. Thompson!
4. Il ne reste que deux véritables émissions de musique à la télé, une seule sur les chaines publics, à savoir Taratata, et les audiences sont pas géniales je crois, penses-tu que télé et musique ne fait plus bon ménage ? pourquoi les émissions n’attirent plus les gens ?
Ouaip… Ce qui est étonnant, c’est que malgré la multiplication du nombre de chaînes, aucune n’est vraiment satisfaisante… Trop mainstream, trop r’n’b, trop NRJ… Bref, une offre qui donne l’impression que la zik c’est Christophe Maé ou les comédies musicales… Très beurk… Mais c’est une affaire de goût. Dans les 70s, il parait qu’il y avait sur le service public des émissions pop qui recevaient Zappa, Beefheart… Dans les 80s, les Enfants du Rock, Chorus faisaient découvrir ZZ Top, les Ramones, les Pogues… Quand Nagui reçoit Metallica, j’ai toujours peur qu’il leur propose un duo avec Zazie… Mais je dois constater que c’est, avec le Grand Journal de Canal Plus où l’on peut entendre du rock…
La France n’est ni pop ni rock, hélas. Je constate le goût de chiottes moyen de mes contemporains… Il suffit de regarder ce qui est vendu en hypermarché au rayon culturel… C’est ce qu’on voit à la télé….Heureusement, Internet permet d’accéder à tout ce qu’on ne voit et ne verra jamais à la télé! Merci Youtube!
5. Toi aussi tu as des chouchous musicaux, donnes-en moi trois, et dis-moi qu’est-ce qui t’as fait tilter ?
Anna Calvi. Parce que pour une fois, le produit est à la hauteur de la hype. Et elle a tout. Une voix incroyable, un jeu de guitare à tomber, des mélodies, et ce qui ne gâche rien, elle est canon…
Fleet Foxes, de la belle pop, avec des harmonies vocales incroyables.
The Black Angels, dans le genre psychédélique envoutant. Tout ça tourne en boucle dans mon iPod. Avec, en bonus, une découverte récente, grâce à mon pote blogueur Môssieur Resse, Radio Birdman. C’est un vieux truc punk australien de 1977… Épuré, sec, violent. Que du bonheur! 🙂
Propos recueillis par Sabine Swann Bouchoul