Ben Howard : “Forget Where We Were”

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Mardi soir. Nuit noire. Le sommeil ne vient pas. Tête à tête avec Ben Howard. Ça fait cinq ou six fois ce soir que je le retourne. Je suis embêtée. Je reste hermétique à ses avances. Pourtant en septembre dernier, j’avais eu la chance d’écouter avant sa sortie Forget Where We Were. L’un des privilèges du journaliste. A la première écoute, j’étais retombée sous le charme. Il avait réussi à rallumer la flamme en susurrant à mon oreille ses chansons à l’atmosphère si lourde et pesante. J’avais aimé ses complaintes et lamentations, ses regrets, ses remords. “Est-ce le monde qui va mal où est-ce moi?” C’est ainsi qu’il commençait l’album avec “Small Things“. Des questions que l’on se pose tous en période de déprime intense. Ben Howard devait être vraiment très déprimé quand il a composé l’album… Mais, le streaming ne s’écoutant pas indéfiniment je n’ai pas pu me replonger dans l’album.

Le second rendez-vous est fixé un mois après. Fin octobre, le 20. Bizarrement, il est sans saveur. L’effet de surprise est passé, je cherche l’étincelle qui s’était rallumée un peu plus tôt et… Rien. Une écoute dans le métro, une seconde un bureau, une troisième sous la douche, une quatrième, une cinquième. MERDE, rien ne se passe. Que s’est-il passé entre les premières retrouvailles inattendues et les secondes tellement attendues ? Il s’est passé, sans doute, une trentaine d’écoutes des deux singles : “Forget where We were” et “End of the affair”. Jusqu’à l’overdose. Aurais-je tellement écouter qu’aujourd’hui je me retrouve insensible devant le charme des autres chansons ? Serai-je déjà lassée alors que l’album est à peine sorti ? Every Kingdom a pourtant deux ans et je suis capable de me remettre l’album et avoir l’impression de le redécouvrir à chaque écoute.

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Je relis mes notes.

Un mois avant, le titre “In Dreams” m’avait fait forte impression. Et maintenant ? Maintenant, j’aime la guitare légère du début, la montée en puissance de la chanson, l’explosion finale. Mais encore ? Il y avait “Conrad“. Elle était dans mon top 3, elle y reste mais je retrouve beaucoup trop une ressemblance avec les titres de l’EP Burrough Island. Planant, s’étirant en longueur, certes envoûtante. Je trouve “Rivers In Your Mouth” beaucoup trop linéaire, je n’aime pas les gimmick de “Time is Dancing“. Le temps, il s’arrête plutôt qu’autre chose. Quoi alors ? “She Treats me Well” est celle qui accroche plus mon oreille, celle que je peux écouter en boucle, sans me lasser. Mais c’est dépouillé au maximum qu’elle est la plus belle. Finalement, si l’on veut avoir une véritable idée de ce qu’est ce nouvel album de Ben Howard, il suffit de n’écouter que “All Is Now Harmed“, un résumé auditif de Forget Where We Were.

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Sentiment amère. Ce second effort n’est pas raté, il est bon, il est différent. Mais, avec le recul et malgré les écoutes répétées, je suis restée sur le bord de la route. Mais ayant déjà eu la chance de découvrir l’album sur scène, avant sa sortie, je sais qu’il est davantage plus adapté pour le live qu’à une écoute au casque. Sur scène, les instruments se laissent vivre, explosent, vont et viennent. L’eargasm était là, à l’Alhambra. Mais là, la noirceur de Ben Howard est beaucoup trop pesante, anxiogène pour vraiment arriver à se laisser porter par la musique. Hélas…

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