Route du Rock 2018 : un vendredi de folie

RDR 2018 – Premier jour au Fort de Saint-Père pour la Route du Rock. Soleil, ciel bleu, chaleur. Tout est là pour débuter la plus riche des soirées musicales de cette édition été 2018.

Après l’ouverture à La Nouvelle Vague de très haute volée (mais quel bonheur…), il était évident qu’on allait remettre ça le vendredi, vu la prog. Évidemment, nos espoirs ont été comblés. Tellement que là, je pourrais te faire bien 7 ou 8 articles différents. Mais bon, il est 3h du mat, il faut bien aller dormir pour remettre le couvert demain. Je vais tenter d’être brève et concise.

Scène des Remparts (la “petite” scène). Le Villejuif Underground ouvre le bal. Si tu savais le nombre de fois où je les ai loupés ces derniers mois, tu comprendrais mon bonheur. Les mecs, grands déconneurs à la ville, sont ultra-appliqués sur scène. Nathan Roche, l’australien et chanteur du groupe, n’a pas besoin de grand chose pour séduire. Sa voix suffit amplement. Entre son ton et sa diction, on la reconnaîtrait entre mille. Les autres assurent les arrières avec une classe… Il y a un truc insensé chez eux. Cette espèce de simplicité dans la maîtrise, tu sais. Tellement que ça laisse toute liberté à Nathan d’aller se frotter très vite au public. Quelle entame…

Une scène du Fort un peu décevante

Je suis moins séduite par The Limiñanas, mais ça ne date pas d’hier. Le duo Lionel / Marie a beau être plein centre de la grande scène du Fort, leur entourage prend le dessus, tant musicalement que dans le chant. Entre rock et chanson française sixties, le mélange, pourtant très efficace, me lasse vite. Peut-être cette batterie trop répétitive ? En tout cas, il me manque un truc que je trouverais un peu plus tard dans la soirée.

Grizzly Bear est le groupe suivant, toujours sur la grande scène. Ça fait un an qu’ils ont sorti leur dernier album, après 5 années de silence. Ils sont visiblement heureux de “revenir ici pour la 3e fois”. J’aime beaucoup Grizzly Bear sur album. Ce côté complètement aérien et magique, ce talent pour créer un univers cosmique et coloré. Aujourd’hui, la couleur vient surtout du sweat d’Ed Droste. Je crois que l’heure de programmation n’est pas la bonne. Le soleil brille encore bien trop pour me mettre pleinement dans l’ambiance. Et même si je souris bêtement en entendant le tube “Two Weeks” que tout le monde connaît par cœur, je crois que je préfère de loin la prog de la Scène des Remparts.

Shame, les acclamés

Je m’y précipite donc pour retrouver mes chouchous ultimes. Je les ai rencontrés il y a 18 mois à la Route du Rock hiver 2016. Retour sur les lieux du crime. Shame. Autant le dire tout de suite, c’est probablement le groupe de la journée qui a été le plus attendu, le plus réclamé, le plus acclamé par la foule. Ils entrent sur un tube dance des 90s, et je ris. Je me rappelle de notre folle interview. La suite, c’est du Shame tout craché. Charlie Steen qui se jette dans la foule dès le premier titre, Josh qui saute un peu partout sur “Concrete”… Les photographes s’en donnent à cœur joie (pour une fois qu’un groupe donne tout dès les 3 premiers titres), le public est survolté, les bières volent. Le reste se passe de commentaire. Charlie Steen nous enjoindra à profiter de la vie et à sourire. Avec Shame, ce n’est pas difficile. Ils quitteront la scène en grands vainqueurs par K.O, leur nom scandé par la foule (c’était dingue). Mecs, je vous aime. Putain mais comme je vous aime.

La tête d’affiche, c’est Étienne Daho. Je n’ai rien contre Étienne Daho. Je ne suis pas fan fan, mais tu vois ça passe. Et puis c’est quand même l’un de ceux qui donnent ses lettres de noblesse à la variété française. Le problème tu vois, c’est pas vraiment lui, c’est ce qu’il y a autour. 4 photographes seulement ont eu le droit d’aller dans le crash pour le photographier. Je ne sais pas trop ce que ça a donné. J’espère qu’ils avaient du bon matos, parce que, contrairement à Shame, les premiers titres étaient noyés sous les fumigènes. Mais vraiment. C’est con hein. Faudrait quand même pas qu’on prenne une photo correcte de papa Daho. Alors le concert était finalement tout aussi bien vécu assise depuis l’espace VIP pendant que mon portable chargeait. Quelques classiques (“Le premier jour (du reste de ta vie)”) et des titres de Blitz.

Tu vois le résultat… 🙁

Leçons de psychédélisme par les Américains

The Black Angels n’a le droit qu’à la scène des Remparts. Rock psyché qui a décidé que le psyché s’afficherait aussi en écran géant et en couleurs criardes. Les lumières sont ultra-vives, les motifs hypnotiques, le tout te donne l’impression d’un gros trip sous LSD (l’idée que je m’en fais en tout cas). C’est lourd d’un côté, avec la batterie implacable de la parfaite Stéphanie Bailey. Qu’elle envoie, mais qu’elle envoie, placée à l’avant de la scène ! Au centre, Alex Maas apporte un chant tenace, complété par la guitare notamment de Christian Bland. Le résultat, c’est un groupe psyché. Ni plus, ni moins. Et parfois c’est largement assez.

Je commence à fatiguer mais hors de question de partir sans voir The Brian Jonestown Massacre. Honte à moi, je ne les avais encore jamais vu. Alors quand débarque Anton Newcombe devant moi, j’ai des étoiles plein les yeux. Quand le groupe commence, j’ai des étoiles plein les oreilles. Je crois que ça ne sert à rien de détailler ce concert. Parce que parfois, la perfection n’a pas besoin d’être décrite. L’élégance non plus. La classe non plus. La maîtrise non plus. Le talent non plus. L’intemporalité non plus. Enfin tu vois où je veux en venir. The Limiñanas peut toujours essayer et faire des duos avec Anton, The Brian Jonestown Massacre a ce qu’il manque aux Français. Le sang rock. Même quand ils jouent “Anemone” avec les paroles en français, c’est sublime. Alors nous, on a juste à fermer les yeux, et à planer avant de rentrer.

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