The Murder Capital et Kamarad à la Poudrière : la messe est dite
LIVE REPORT – Un samedi soir pas comme les autres à Belfort. The Murder Capital et Kamarad, le concert maîtrisé, brûlant et parfait.
On parle beaucoup (et sur Rocknfool notamment) du retour en force d’une certaine scène rock en France. MNNQNS, Last Train, Lysistrata, Ko Ko Mo, The Psychotic Monks… On parle aussi beaucoup (et sur Rocknfool notamment) de l’explosion du retour du “post-punk” venu d’Outre-Manche. Shame, IDLES, Fontaines D.C., Crows, … Aujourd’hui, on tient enfin le croisement de ces deux tendances : Kamarad.
Kamarad, nos IDLES à nous
Notre chemin avait déjà croisé celui des Mulhousiens suffisamment de fois pour savoir que les programmer en ouverture d’un concert de The Murder Capital était l’assurance d’une soirée survoltée. Après deux ans et demi à les voir prendre en assurance sur scène, le concert d’hier n’a été qu’une confirmation que Kamarad devrait arpenter les planches des clubs britanniques fissa pour suivre la trace de leurs aînés.
Verve exhaltée, guitares électrisantes, batterie percutante, et basse massive, la recette est efficace et maintes fois éprouvée. Ajoutez à cela un leader monté sur ressorts, une scène bien trop étroite pour lui et un public survolté, et vous sentirez très vite poindre l’envie d’inviter Joe Talbot à leur prochain concert. Oui, on se prend à rêver d’une signature chez Balley Records, de concerts en festival et de fans par milliers. Et très honnêtement, on n’exagère pas tant que ça. Écoutez leur disque Brewery Session pour vous en convaincre.
En attendant de voir débarquer IDLES après Kamarad, on se “contentera” de voir The Murder Capital. Le genre de choses dont je veux bien me contenter éternellement. Il est rare dans ce pays de voir un groupe irlandais faire une vraie tournée en France après seulement un passage parisien à la Boule Noire et à Rock En Seine. Tant mieux pour nous.
The Murder Capital, le sacrement ultime
Cette année aura été faste en groupes du genre. Mais The Murder Capital a un truc différent de la longue liste de ceux à qui on les compare. Ils sont beaucoup plus mesurés. Oui. Mesurés. J’ai utilisé ce mot-là pour un groupe de post-punk irlandais de 20 ans de moyenne d’âge environ. Oui. Mesurés dans leurs attitudes, déjà. Vous serez heureux de savoir que chez The Murder Capital, on se brosse les dents avant le concert. Véridique. Mesurés aussi dans leur choix de setlist. 9 titres. Pas un de plus. Pas la peine d’espérer un rappel. Ils savent ce qu’ils font. N’ont pas envie de tergiverser ou de combler à coup de reprises. La mesure, on a dit.
Et puisque “toute vertu est fondée sur la mesure”, on ne s’étonne finalement pas de sortir du concert de The Murder Capital avec l’impression d’avoir assisté à une messe menée de main de maître et chapeautée par Dieu Musique himself. Construire un concert comme l’a fait The Murder Capital hier touche au divin. Une longue entrée en matière avec “Slow Dance” I et II, qui nous hypnotise et nous fait perdre toute notion de temps. “On Twisted Ground” ensuite pour faire monter les frissons et les larmes. Ce combo basse / voix. L’aura incroyable de James McGovern. Qui aurait pensé que The Murder Capital serait à deux doigts de me faire pleurer au bout de la 3e chanson ? Magique.
Des larmes à la rage, il n’y a qu’un pas
Et forcément, une fois tout le monde conquis, sur la brèche, ayant fait tomber les barrières, quoi de mieux que de faire monter la tension ? James McGovern tient le gouvernail comme personne, le regard de boxeur fixé sur la foule, et encourageant ses troupes à coups d’accolades viriles, histoire de s’assurer qu’ils sont tous sur la même longueur d’onde. Et dieu qu’ils le sont, nous forçant à entrer dans un rythme frénétique jusqu’au saut final de McGovern sur “Feeling Fades”.
J’aurais rarement senti la chaleur monter si vite. J’aurais rarement oscillé entre les larmes et la rage en si peu de temps. J’aurais rarement vu le leader d’un groupe aussi implacablement magnétique et sûr du chemin à faire suivre à son public. C’est évident. The Murder Capital tourne en France pour nous convertir tous. Prochain étape : février au Café de la Danse pour vous en convaincre.