Francouvertes soir 3 et 4 : Jeanne Côté, Héron, Marie Céleste, Velours Velours…

COMPTE RENDU – Condensé de deux belles soirées de préliminaires aux Francouvertes.

Deuxième semaine au cabaret et bien des nouveautés : de nouveaux noms, une nouvelle table et… un nouveau co-animateur ! Pour cette semaine, Isabelle Ouimet cède sa place à Thomas Thivierge de la formation rap LaF (passée par les Francouvertes quelques années plus tôt). Pour des raisons techniques (de vacances au soleil, avouons le), nous vous proposons un article résumant les deux soirées du 20 et 21 mars.  

C’est Laura Lefebvre, découverte de la 22e édition du concours, qui ouvre le show de ce premier jour de printemps. Sa voix jazzy/soul se cale sur un drum machine aux beat malheureusement un peu “mous”, mais le tout est contrebalancé par une pointe d’humour et l’enthousiasme d’être de retour sur la scène (mythique) du Lion d’or. Au programme du premier soir : Jeanne Côté, Renaud Gratton et Katia Rock.

Jeanne Côté

On débute cette semaine dans un ravissement total. Le folk alternatif de l’artiste gaspésienne nous happe complétement, ses solos de piano sont d’une grande sensibilité, sa voix puissante et ses textes poignants rendent le tout hypnotique. Accompagnée à la basse (Agathe Dupéré, fidèle au poste), au drum et à la guitare, toustes des musicien.nes talentueux.ses jouant aussi le rôle des chœurs. Influencée par son lieu de naissance (rue de la longue pointe à Petite-Vallée), Jeanne Côté nous raconte les femmes et les paysages qui ont marqué son enfance, elle nous embarque dans son univers gaspésien, poétique, lumineux et parfois mélancolique, toujours dans la beauté et l’émotion. Son énergie et sa présence scénique nous laissent complétement coi et on se demande comment elle a pu s’inscrire sept fois aux Francouvertes sans avoir été retenue plus tôt ! Sans difficulté ni surprise, elle se place top 1 du palmarès et nous en sommes ravies !

Renaud Gratton

Après Jeanne Côté, difficile de prendre la relève… Même accompagné de sept musicien.nes (dont trois cuivres), l’artiste-compositeur a du mal à nous convaincre totalement. Oui, c’est punchy, oui, c’est dansant (belle coloration pop au synthé), mais la disco estivale de Renaud Gratton paraît passe-partout et ses paroles semblent manquer de profondeur. L’humour sauve la mise, et encore : les “daddy jokes” nous laissent un peu de marbre, il faut le dire. Le tout reste efficace dans son style, et nous ne serions pas contre l’écouter dans l’auto, fenêtres ouvertes, gros soleil, direction la playa.

Katia Rock

La performance de l’artiste innue, originaire de la communauté Maliotenam (Côte-Nord) tient du spectacle pluridisciplinaire. Conte, danse, mise en scène avec costumes et voix-off, l’artiste nous plonge dans sa culture avec passion et besoin de transmettre. Les rythmiques traditionnelles du tambour constituent le fil rouge du show, et d’ailleurs “tout a commencé par un rêve, celui du tambour” que l’artiste honore dans sa musique en mélangeant le traditionnel aux tonalités tantôt planantes, tantôt inspirées d’un rock des années 1980. Un spectacle d’intérêt clôturant assez bien cette première série. 


Deuxième soir, la salle affiche complet (une première pour cette édition). Nous retrouvons Ariane Roy en solo, sa voix harmonieuse calée sur des riffs plus électriques. Elle nous charme avec “une toune à ses balbutiements”, inédite et cassée devant nous, “pas même certaine qu’elle existera encore demain”. Et bien Ariane, nous l’espérons, car tu réussis à nous toucher avec tes grandes premières… et nous mettre en haleine pour la suite.

Héron

Nous le savions, le trad’ connaît un renouveau fulgurant au Québec. Henry Kinkhead incarne parfaitement ce nouvel élan pour la musique folklorique et relève le défi de faire giguer (jusqu’aux suées) la foule des Francouvertes. Entouré de six musicien.nes, Héron nous propose un son entraînant, inspiré du territoire (Bonaventure, entre autres) et du patrimoine musical québécois (référence à Richard Forest et Jean Cousineau). Si l’ambiance prend très vite, nous émettons une petite réserve quant à l’ingénu de certaines paroles et le côté “fourre-tout” d’un projet qui veut englober territoire, patrimoine, amour et orientation sexuelle… ça commence à faire beaucoup !

Marie Céleste

En direct d’Alma, les cinq acolytes du Lac paraissent aussi liés que les doigts d’une main. Leur groove funky, parfois jazzy, en tout cas punshy réconforte notre âme ternie par la ténacité de l’hiver. Philippe Plourde (au clavier et à la voix) nous ravie avec ses cordes vocales à la Bertrand Belin (très beau timbre !), la rythmique s’inspire d’un son california très en vogue en ce moment (on pense au groupe Parcels, notamment), agréable pour son côté flower power et summer love (oui, on en a besoin !). Un bémol pour le nom du groupe qui nous rappelle que les femmes sont encore trop absentes sur la scène musicale et encore reléguées au statut de “source d’inspiration”. (On nous dit dans l’oreillette que Marie Céleste vient du nom du bateau Mary Celeste, mystérieusement échoué, cargaison intacte mais équipage disparu en 1885).

Velours Velours

On avait déjà croisé Raphaël Pépin-Tanguay, choriste d’Etienne Coppée (25e édition, souvenez-vous). Déjà, nous devinions son grand potentiel scénique, et ça n’a pas trompé : le musicien-compositeur sait capter le regard du public. On décèle un côté Mon Doux Saigneur dans la stylistique, mélangeant les genres avec audace et minutie. Sa voix se marie agréablement à celle de Florence Labelle, également au violon, et ses textes (bien que flirtant avec le naïf) témoignent du penchant poète de l’artiste en émergence. Son premier album, Fauve, sorti en avril 2022 et co-réalisé avec Philippe Brach (tout de même) avait retenu notre attention, on a donc hâte au prochain.

Texte : Elise Denis – Photos : Alexya Crôteau-Grégoire

Classement provisoire :
1. Jeanne Côté
2. Héron
3. Jeanne Laforest
4. Marie Céleste
5. Cure-Pipe
6. Velours Velours
7. Reno McCarthy
8. Katia Rock
9. Bourbon