Un après-midi avec Charlie Cunningham à Montréal
COMPTE RENDU – On vous emmène avec nous dans les coulisses du concert de Charlie Cunningham au Théâtre Beanfield, des balances de son au concert.
Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pu faire ce format d’article et ça nous manquait. On a voulu tenté notre chance avec Charlie Cunningham, un artiste précieux pour Rocknfool. Lui et son équipe nous ont accepté rapidement, et nous ont laissé carte blanche pour venir nous incruster avec eux tout l’après-midi au Théâtre Beanfield (ex Corona). Récit d’un après-midi rempli d’adrénaline.
Les balances : sérieux et application
Arrivée vers 15h30 sur la rue Notre-Dame Ouest et il pleut. C’est assez rare à Montréal et on s’en excuse (une habitude canadienne). “On est habitués”, nous rassurera Charlie Cunningham, souriant, que l’on croise un café dans les mains pendant que les techniciens de la salle s’affairent sur scène. On dit bonjour à Les, le manager de Charlie (aussi ingé son de talent), ainsi qu’aux trois musiciens (Liam, Ben et Hudson) qui l’accompagnent sur cette tournée nord américaine. Tandis que Les finit de mettre en place la batterie, le groupe en arrière fait un décompte du merch restant, consciencieusement.
Plusieurs dizaines de minutes plus tard, tout le monde part pour le soundcheck. Chacun est studieux et concentré tandis qu’à la console (sons et lumières), ça travaille fort. Toute l’équipe arrive de Québec où ils étaient la veille. Le concert s’est bien passé, le son était très bon nous confie Charlie. Il a l’air très content de jouer dans le beau théâtre Corona, auquel il jette des regards admiratifs de temps en temps.
Chacun à tour de rôle joue, tape, chante. Un soundcheck qui va comme sur des roulettes, exception d’un problème de pédale rebelle du côté de la basse. On les voit lever le doigt en l’air lorsqu’un réglage est en cours pour indiquer qu’ils veulent plus de retours. Et lorsque l’un doit faire ses réglages, tous les autres s’arrêtent, patiemment, et jettent des coups d’œil à leur téléphone.
Une fois le tout bien setté, il est temps de jouer quelques titres, histoire de peaufiner ça ensemble. Charlie Cunningham commence par la guitare, puis se tourne vers le clavier. Le son enveloppant du groupe envahit chaque recoin de la salle, toujours vide. Les lumières passent et repassent sur le groupe telles des spots de chasses poursuites à l’américaine. Le personnel commence à arriver petit à petit.
C’est finalement “Telling It Wrong”, la première chanson du set, qui clôt les balances. Tout est bon, place au repos, et aux réjouissances des estomacs. Ils s’en vont au Vin papillon, “le meilleur restaurant” où ils ont mangé jusqu’à présent, me dira Charlie en revenant un bon 30 minutes avant leur concert.
L’avant-show : jam et excitation
Entre temps, Ethan Tasch, la première partie pendant tout cette tournée est monté sur scène. Il a tenté une blague sur les bagels et joué quelques chansons en guitare-voix. Ce qu’il a remarqué de différent par rapport à la veille ? Contrairement au Grand Théâtre de Québec, on voit les visages du public depuis la scène ! Charlie et son band s’en réjouissent et se remettent à jammer dans une loge pas super bien conçue, où les quatre hommes ne peuvent pas tous se voir. On est invité à se joindre, mais on reste sur le pas de la porte, ne sachant où on aurait pu se glisser sans se retrouver coller-serrer.
Puis, vient le temps du concert. “De quel côté on monte ?” demande Charlie qui s’est déjà un peu perdu lors du soundcheck. Guitare à la main, il attend avec ses musiciens que les lumières s’éteignent, que les cris du public retentissent… puis il est temps d’y aller.
Le concert : beauté et brio
Plus d’une dizaine de chansons sont interprétées ce soir là. Beaucoup extraites de Frame, le nouvel album, (“So It Seems”, “Downpour”, “Bird’s Eye View”), dont la moitié au piano (“Shame I Know”, “Pathways” et “Water Tower”). Le Britannique y est maintenant fort à l’aise, presque plus ouvert physiquement que lorsqu’il s’arque pour faire virevolter ses mains sur sa guitare espagnole (il l’a fait faire spécialement par un luthier à Séville apprend-on plus tard).
Bien sûr, il interprète aussi ses “classiques” qui réjouissent le public (et nous mêmes, par la même occasion). “Telling It Wrong” en entame de show, “An Opening”, “Don’t Go Far” et “Permanent Way-Minimum-You Sight”, le trio final de la muerte. Un rappel annoncé en avance, car il est trop gêné pour singer une fin de show tout sachant qu’ils ont bien prévu de revenir.
Le concert est d’une beauté peu étonnante quand on est “habitué” à Charlie Cunningham. Pourtant même habitués, jamais on ne se lasse. Quelle douceur sur ces cordes et ces touches… quelle musicalité, quel timbre de voix, diantre ! Et quels subtils arrangements avec le groupe. Aucun d’entre eux n’écrase les autres, tous témoignent d’une élégance de gentlemen avec leurs instruments et leurs voix. Bref, le temps passe toujours trop vite en bonne compagnie.
Les lumières se rallument, retour à la réalité et à la pluie. Un détour par les loges au sous-sol où le groupe s’abreuve et grignote, souriant. Charlie nous dit avoir adoré ce show là, il a ressenti quelque chose de particulier à Montréal. Ils partent dès le lendemain vers l’Ontario et Maberly, une ville inconnue pour nous, pour eux aussi. Une étape vers Toronto, puis Chicago pour finir en novembre à Los Angeles. On leur souhaite le meilleur, mais on se dit surtout à bientôt, car Rocknfool et Charlie Cunningham est un adage qui est fait pour durer.
En concert le 23 février à la Coopérative de Mai (Clermont-Ferrand) et le 24 février à l’Astrolabe (Orléans).
Photos : Emma Shindo
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