Au Pantoum, Alex Burger sort le country du ravin

COMPTE RENDU – Suite à la sortie de son deuxième album, Alex Burger a repris le chemin de la scène pour festoyer au Pantoum.

Ce soir au Pantoum, la neige et Alex Burger ont donné rendez-vous à tout ce que la ville compte de vingtenaires cultureux : sous les manteaux se dévoilent moustachettes, buns de bon aloi, piercings et – évidemment – quelques Stetsons. C’est qu’il s’agit, pour l’une comme pour l’autre, d’un retour attendu : le chanteur de country vient, dans cette salle qui a couvé sa carrière naissante, comme il le raconte sur scène, défendre son deuxième album, Ça s’invente pas.

Pour l’occasion, le chanteur débarque en grand équipage : ils et elles ne sont pas moins de sept sur scène. Une lead, une basse, une batterie, un synthé et deux choristes qui, à l’occasion, agitent des grelots. La section électrique, toute en énergie, insuffle à ce show une vitalité folle qui, la faute à leur enthousiasme communicatif ou à des balances douteuses, tend à étouffer les voix. À gauche, des riffs d’Eliott Durocher Bundock, à droite, les accords de piano de Mathieu Quenneville : le Burger est pris en sandwich. Et c’est dommage, car le garçon a bien des choses à raconter.

Une maman, du whisky et de la pêche

Qu’il mette du whisky dans sa bière (“Du country dans le ravin”, très attendue), rende hommage à sa mère (“Merci môman”, écrite au Pantoum même !) ou parte à la pêche sur “Sors ça de l’eau”, le groupe nous sert son album sur un plateau très maîtrisé. Un an qu’ils n’avaient pas joué ensemble, paraît-il ! Il n’en paraît rien : du picking acoustique typiquement country aux chœurs qui secondent la voix douce-amère d’Alex – un peu hâbleur, un peu trop artiste parfois -, l’ensemble semble se diriger confortablement en terrain connu et attendu.

Dans le saloon

Mais voilà une plage de synthé un peu plus longue, très nineties, et puis des petits bruits rigolos ici et là, le chant qui se fait plus guttural, parfois parlé, les guitares s’épaississent et la batterie s’alourdit Lorsqu’Alex abandonne sa guitare folk pour pogner sa Telecaster, la transition est achevée : on est passé à autre chose, plus viscéral, bien plus puissant, finalement très éloigné de ce à quoi l’on s’attendait à l’écoute du disque.

Sous la lumière fumeuse, de bleus et de rouges criards, les guirlandes qui clignotent en rythme, on découvre un band de saloon new age, grandiose et décalé, qui emporte le public conquis vers des univers éloignés et paradoxaux. On en vient presque, lorsque les fidèles, à cris et à bruits, réclament en rappel les tounes classiques du groupe, à les trouver plus fades.

Plus émouvante, peut-être, était la première partie assurée par Corail : Philippe Noël et Julien Comptour, avec chacun sa guitare et sa voix, ont progressivement conquis le public du Pantoum par leurs arpèges veloutés et leurs harmonies subtiles : “Pleurer”, où les voix se font nappes de mousseline. Quelques fausses notes peut-être, ici et là, mais le verre n’est-il jamais si bleu qu’à sa brisure ?

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Texte : Félix Terrier
Crédit photo : Marc-André Dupaul