Francos de Montréal : Sara Dufour, Yoa et Theodora pour une finale de BOSS LADIES
COMPTE RENDU Sara Dufour, Yoa et Theodora brillent pour la dernière soirée des Francos de Montréal. Retour sur trois performances marquantes à leur façon.
Dernier jour des Francos 2025 ! C’est à la fois passé vite et à la fois le sprint final est toujours très éprouvant pour une équipe d’une personne. On se rend pour une dernière fois Place des arts (jusqu’au Festival de Jazz de Montréal où on compte venir en touriste). Des orages parsemés sont annoncés ce samedi soir, mais les dieux seront avec le festival et quelques gouttes tomberont sans gêner le bon déroulement de cette dernière journée.
Sara Dufour comme à la maison

Il est rare qu’on débute directement notre journée scène Rogers (la maxi scène principale), mais vous nous connaissez, on va là où notre cœur nous porte. Ce samedi, notre cœur nous dit d’aller voir Sara Dufour que nous n’avons pas eu la chance de revoir depuis juillet 2021 lors du festival La Noce. La Québécoise a monté un nouveau spectacle autour de son album On va tu prendre une marche ? sorti en 2023. Un nouvel album à nouveau réalisé par Dany Placard qui est présent à ses côtés sur la tournée et ce jour-là.
Sara Dufour est l’exemple même de l’artiste faite pour la scène. Elle a un sourire communicatif, elle reconnaît ses fans des premières rangées et ne cache pas sa joie de jouer aux Francos. Elle va vers ses musiciens, elle se meut avec aisance et fait le show avec humour et franchise. Derrière elle, pour l’occasion, des projections colorées ou des clips qui rendent l’expérience encore plus divertissante. La Québécoise a aussi cette facilité à tracer un fil conducteur et raconter ses histoires à travers des textes simples sur une musique folk-rock teintée de country (vive le banjo en show !). Là est aussi sa force, la Sara Dufour de la scène est la même que la Sara Dufour de la vraie vie. Elle est accessible, elle est comme tout le monde. C’est une fille d’chez nous, comme on dirait au Québec.
Pas de temps mort
Malgré tout, Sara Dufour a conscience qu’elle a encore tout un public à conquérir. Lorsqu’elle demande aux gens qui la voient pour la première fois de lever la main, c’est au moins la moitié de la Place des arts qui répond bras levés ! Tant mieux elle va se présenter à travers une chanson. C’est drôle ajoute-t-elle, car “la seule chose que je voulais faire en écrivant cet album c’était de me retrouver toute seule ! C’est malade d’être là !”
La setlist est bien garnie, entre ses classiques (“Chez nous c’est Ski-Doo”, “Chic-Chocs” mélangé à “Killing in the Name”) et ses nouvelles chansons (“J’t’écoeurée”, “J’men va dans l’bois”, “Vieux Dan Tucker”). Il n’y a pas beaucoup de temps mort, à part peut-être pour la plus mélancolique “Ciao Bye” qui permet à l’artiste de faire chanter le public avec elle. Avec “Semi-route, Semi-trail” en clôture, Sara Dufour confirme une fois de plus qu’elle est une véritable showwoman.
Yoa, la gen Z de talent

On était curieux de revoir Yoa, deux ans après l’avoir découverte pour son premier passage à Montréal, en première partie de Voyou. Sa performance à l’époque manquait encore d’assurance. Deux ans après on peut dire que les choses ont changé. Yoa a les bagages. Des plus solides. Un album La favorite et l’expérience des scènes et du public. Même pas besoin de musiciens ! On lui lance ses bandes instrumentales et elle chante dessus, sans fausse note.
“Je suis trop contente d’être là ! Je ne savais pas qu’il y aurait tellement de gens, je suis très choquée !”. Le Studio TD n’est pas rempli, mais le public cantonné au rez-de-chaussée est connaisseur. La moyenne d’âge tourne autour de 20 ans et on entend beaucoup d’expatriés français dans le public. Qu’on ne s’en fasse pas, Yoa nous dit avoir bien géré son jetlag et être pleine d’énergie. Elle nous promet un bon spectacle pour bien rentabiliser les tickets. Une autre promesse ? Elle va finir son concert à temps pour qu’on puisse tous aller voir Theodora.
Pas si Sad girl
Entourée de deux danseuses, parfois sur son estrade, Yoa chante et bouge avec aisance. Les chorégraphies sont bien pensées et parviennent à mettre en valeur le chant. Un peu comme parvient à faire la K-pop, mais en plus gracieux. Sa voix est maîtrisée et son timbre faussement nonchalant prend toute sa superbe lorsqu’elle interprète plus tard “là-bas” a cappella malgré un “chat dans la gorge”. On a des frissons.
Les “Princesse chaos”, “Sad girl”, “Matcha Queen” ou “2013” qui entame le concert sont accrocheuses et restent bien en tête. “Yt boy” ou “Mes copines” font carrément dans l’ambiance boîte de nuit, des moments où on la voit se déchaîner sur scène sous les lumières stroboscopiques. “Est-ce qu’il y a des chipies dans la salle ?” Cris du Studio TD. “Est-ce qu’il y a des homosexuels dans la salle ce soir ?” Les cris redoublent. C’est parti pour “chanson triste” qu’elle leur dédie. Finalement Yoa c’est ça : du franc-parler, un cœur écorché et une sincérité qui la rend extrêmement sympathique. Tout ça soutenu par une pop dans l’air du temps, nourrie de chansons françaises et de hip-hop et d’électro pour un résultat convaincant et pétillant.
Theodora crée l’émoi

On a hésité à passer au concert surprise de Theodora. Pas qu’à cause de l’orage annoncé ce soir-là. Le “phénomène” français avait été changé de scène dans la soirée, vers un plus grand espace. Et heureusement car lorsqu’on arrive en avance, la foule s’amasse déjà en grand nombre. Il faut avouer que c’est une chance car Theodora a donné un spectacle à guichet fermé la semaine dernière. Pour beaucoup de gens, c’est l’occasion d’aller la voir gratuitement avant qu’elle ne revienne faire de grosses salles ici. En France, trois Zénith de Paris l’attendent en 2026…
L’autre raison c’est qu’on avait des doutes sur nos goûts. Et on se connaît quand même assez bien. Soyons honnêtes avec vous, écouter quelques chansons de MEGA BBL pourquoi pas, certaines s’écoutent vraiment bien et restent dans le crâne. Mais un concert en entier c’est autre chose. Ce n’est pas notre came malheureusement. Et pas grave, Theodora n’a pas besoin de nous pour prouver qu’elle est l’Artiste française du moment.
Introduite par son frère Jeez Suave (aussi aux mixs) Theodora débarque sur scène avec son micro-casque sous les cris d’une foule qui a inquiété le service de sécurité en émoi. La Franco-congolaise n’a pas besoin de faire grand chose pour se mettre le public dans la poche. Tout le monde connaît déjà les paroles et danse dès les premières minutes. Le temps pour nous de prendre la poudre d’escampette. À notre âge avancé il est temps de regagner nos pénates. Clap de fin pour les Francos 2025.
Texte et photos : Emma Shindo