Bruit Parasite projette ses ombres au Brin de Zinc

LIVE REPORT – Fin octobre, le Brin de Zinc à Chambéry faisait jouer le groupe dijonnais Bruit Parasite. On vous raconte.

On est mardi soir en période de vacances scolaire, 15 minutes avant le début du concert. Les quatre membres de Bruit Parasite attendent l’heure en papotant tranquillement dans la salle. Ce groupe, formé en 2021 propose du stoner-doom. Il est affilié au collectif dijonnais Maloka, un label indépendant et militant qui soutient la scène punk / indé locale.

Bruit Parasite, un groupe de l’ombre

Ce soir n’est pas un soir de grande affluence. Mais Bruit Parasite aura quand même un vrai public qui n’hésite pas à faire quelques pas en avant pour s’approcher au plus près de la scène dès que le concert débute. Toutefois, l’éclairage reste très limité. Les quatre musiciens sont plongés dans l’obscurité et la fumée. Quelques spots roses ou bleus de temps à autre, mais les quatre membres du groupe resteront tapis dans l’ombre la majorité du temps.

L’écran derrière eux diffuse des fragments de films du XXᵉ siècle dans des registres très horreur/fantasy. On peut voir notamment un extrait du film The Trip de Roger Corman sorti en 1967, qui accompagne le morceau “Little Red Box”. Ou encore The Compagny of Wolves, film fantastique et horrifique britannique réalisé par Neil Jordan sorti en 1984, qui accompagne le titre “Green Tales”. Ces vidéos sont synchronisées à leur setlist et le montage est signé Les Cendres de Jeanne, à qui ils ont aussi confié la réalisation de leur premier clip “Doors Of Closed Mind” et la couverture de leur album A Hundred Times.

L’image avant la scène

Même lorsque Val (chant et guitare) prend la parole, l’éclairage ne s’allume que brièvement. La scène et les musiciens restent largement dans l’ombre. Pancho, le guitariste récemment arrivé, demeure très discret sur scène, au point qu’on le distingue à peine. Ce retrait est toutefois en cohérence avec la démarche du groupe, qui préfère laisser la première place au film projeté derrière eux plutôt qu’à la présence scénique des musiciens.

L’album de Bruit Parasite comporte 10 morceaux pour une petite heure d’écoute. Et à quelques inversions près, c’est leur album qu’ils nous proposent ce soir sur scène. Les premiers morceaux sont, selon moi, plus “accessibles” : riffs clairs, structures plus directes, probablement pour installer l’auditeur dans l’univers. Le minimalisme des paroles (quelques sons, quelques mots, un refrain récurrent) fait de la voix un instrument de texture plus que de narration.

Les voix de Clotilde (basse) et Val (guitare) sont presque constamment mêlées, comme pour combiner leurs deux timbres dans un équilibre sonore massif. Au fur et à mesure, les morceaux deviennent plus complexes : dissonances, changements de rythme et transitions inattendues… Le batteur Jej est le socle des morceaux du groupe. Sa base rythmique maintient le lien entre les fluctuations et les ruptures de rythme qui se succèdent souvent. Le son de la batterie est toujours là comme pour nous rassurer, nous guider à travers ce parcours sonore complexe.

Fin du set, deux rappels pour le plaisir

Après leurs 53 minutes de concert prévu, le groupe revient pour un rappel puis un deuxième. Un peu étonnée d’entendre alors deux morceaux déjà joués durant le set : leur manifeste contre les violences policières “Green Tales” puis celui qui donne le titre à leur album, “A Hundred Times”. On imagine bien qu’un jeune groupe n’a pas beaucoup de compositions perso en dehors des morceaux qui figurent sur l’album mais une petite reprise ou un morceau inédit aurait été apprécié.

L’avantage de rejouer des morceaux, c’est la détente ! En effet, on sentait Clotilde déjà un peu plus détendue sur la fin du set mais c’est lors des rappels que la chanteuse s’est vraiment “lâchée”. Laissant son corps à quelques ondulations, cela a permis plus d’harmonie scénique au groupe car au contraire de Clotilde, Val a été durant tout le concert bien plus vivant et loquace. Heureusement, le public a été très réceptif et enthousiaste et on va continuer à suivre Bruit Parasite de près.

Texte et photos par Cl-ear