Lisa LeBlanc : chic’n’chiac à Laval
COMPTE RENDU – Pour sa nouvelle tournée, Lisa LeBlanc s’est arrêtée à Laval pour montrer aux Lavallois que le chiac aussi peut être extrêmement disco.
Quand la musique a commencé, et que le maître de cérémonie bassiste a parlé au micro, en disant ;“voici maintenant la reine du disco !” les nuées de boucane sont sorties brusquement de chaque côtés de la scène. Mille éclats de lumières partout. Celle qui devait apparaitre est apparue sur le tertre en feu, dansante, dans une sorte de kimono bleu luisant. Tout le monde se lève, les croupions se remuent. L’orgie commence.
Au menu de la soirée
La nouvelle Donna Summer descend “Dans l’jus”, dans le tumulte. Les musiciens scintillent, ça brille de partout. “Pourquoi faire aujourd’hui”. Ou plutôt pourquoi refaire ce qui a enrichi autant les dealers de poudre vers 1977 ? Parce que le chiac avait manqué le train du disco quarante ans plus tôt et que le disco ne pouvait pas mourir sans le chiac acadien. Mais aussi parce que Lisa LeBlanc a l’instinct de la drôlerie, du kitsch, même si elle sait que son Chiac Disco a blanchi son public. Car la salle André-Mathieu était pleine de rescapés du Limelight, du Montréal disco des années soixante-dix. Les cheveux se faisaient rares, en ce 12 novembre, la jeunesse encore plus. Ils voulaient leur dose. Elle leur a donné avec des patates bouillies, du sel de table (parce que la coke c’est dure pour le cœur), poutine râpée, fricot, pets de sœurs, lobster rolls, etc. Tel est le “Menu acadien”. Funk râpé, hard rock, banjo, mélancolie salée : tel était le menu de la soirée.
Quand Lisa LeBlanc a entamé un peu de son répertoire anglo, elle a dit au public : “êtes-vous prêts a faire du moshpit ent’ les bancs ?” Une reprise de “The Ace of Spade” de Motörhead a fini par décheveler tout le monde, les balais se sont fait aller à la fin du spectacle pour ramasser tout ce qui est tombé de cheveux. Elle a déterré aussi quelques vieux morceaux de son premier album, comme “Cerveau ramolli” et “J’pas un cowboy”.
La reine du disco
Mais la soirée s’est interrompue pour que la nouvelle reine du dancefloor se repoudre le nez. Le maître de cérémonie bassiste en a profité pendant ce temps-là : il a donné des défis aux musiciens et musicienne. Pour celui qui tenait les baguettes : solo de batterie avec un seul pied, la main qui lâche pas les chimes ; pour la claviériste : solo de polka à deux doigts ; pour la guitare : solo derrière le dos à deux doigts. Mais pas de solo pour le bassiste : il s’en est bien tiré.
Ensuite Lisa LeBlanc est réapparue comme elle était rentrée, et le show s’est terminé en opérette avec “Aujourd’hui, ma vie c’est de la marde” Les rescapés du Limelight, du Montréal disco sont partis rassérénés, l’esprit complètement en paix d’avoir pu retrouver enfin une part d’eux-mêmes, à travers les fantasmes d’une artiste qui n’a pas oublié l’âge d’or des dancefloors, du flamboyant et des belles bottes glitter. Que le disco bénisse Lisa LeBlanc ! On attend donc son prochain album : Crooner Chiac featuring Zacharie Richard et Tony Bennett.
Texte : LaMousse / Photos : Emma Shindo
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