Johnny Jane : “Les meilleurs sons que j’ai faits, j’étais bourré”

INTERVIEW – Un air nonchalant, un style unique, un talent monstre. Johnny Jane perce petit à petit sur la scène musicale française. Pour le plus grand plaisir des mélomanes avides de découvertes et de nouvelles sensations.

Désordres, c’est le titre de l’EP grâce auquel on a découvert Johnny Jane. Dans ce mini album, sorti au mois de mars dernier, l’artiste aborde des thèmes universels tels que l’amour, la fête, l’exaltation, les désillusions, avec une nonchalance totalement maîtrisée et une belle énergie qui font toute la singularité. The Strokes, Yung Lean, King Krule, Fontaines DC ou Sébastien Tellier comptent parmi ses principales références. Des artistes aux univers variés dans lesquels Johnny Jane puise pour façonner son style unique, sans aucune frontière. Pour preuve, les tubes “Normal” ou “Missiles”, déjà dans toutes les têtes.
Johnny Jane était à l’affiche du Fnac Live, le 29 juin dernier. L’occasion de lui poser quelques questions (un brin décalées), juste après ses balances, pour en apprendre davantage sur lui et sa musique.

Rocknfool : Le meilleur bar pour inviter un plan Tinder incognito ?

Johnny Jane : Je ne fais pas de dating, donc je ne maitrise pas trop le sujet, mais je dirais le Dixième Degré, rue Sainte-Marthe, à Paris 10. Les patrons sont super sympas. L’essentiel, c’est d’être dans un endroit où on se sent bien.

Le meilleur spot pour finir sa soirée ?

Ça dépend de la saison, mais comme on est en été, j’aime bien prendre ma caisse avec des potes pour nous poser au bord de la Marne. C’est plus l’idée de poursuivre la soirée avec des gens qu’on aime bien. Sinon les soirées à la campagne, ce sont toujours les meilleures, sous les étoiles.

La meilleure façon pour soigner une gueule de bois ?

Un grand verre d’eau, du citrate de bétaïne et des fruits. Souvent, les compotes fonctionnent très bien, surtout les pommes/myrtilles. Surtout, ne mangez pas trop gras. Préférez un truc bien healthy ! Votre corps est déjà en PLS, donc il faut le préserver. La douche froide est très importante aussi ! Et il ne faut pas hésiter à faire une sieste. Une petite heure, ça suffit.

La pire manière de larguer quelqu’un ?

Sans explications, du jour au lendemain, je pense que c’est le pire. Je pense que c’est plus fréquent chez les jeunes qui ne savent pas trop comment s’y prendre, mais avec l’expérience, on ose plus affronter les choses et les dire.

La meilleure manière de déclarer sa flamme ?

Je ne suis pas très grandiloquent… Je ne fais pas dans les trucs très romantiques comme les lettres ou les chansons. Surtout pas de lettre parfumée ! Faire un truc sur un coup de tête : avoir du culot. Si tu as envie d’être avec quelqu’un tu lui dis, tout simplement.

La meilleure destination pour faire la teuf ?

Je ne suis jamais parti très loin à l’étranger. Je dirais Berlin, Bruxelles et Marseille. Marseille, au mois de mai et juin, c’est incroyable. Bruxelles, c’est toujours génial et Berlin, l’été, c’est juste ouf ! Manchester, aussi apparemment, c’est très bien, mais je n’y suis jamais allé. J’ai aussi envie de découvrir Brighton.

La meilleure chanson pour ken ?

Les miennes ! Le Velvet Underground, parce qu’il y a un mood assez cotonneux dans tous leurs morceaux. Mais, dans le fond, je trouve ça nul de choisir une musique spéciale pour ce genre de moment. Le hasard, c’est mieux !

Le pire red flag ?

Je ne juge pas sur le physique, mais parfois si je sens que le look est trop surfait, ça ne passe pas. Trop fashion, ça peut me faire flipper. Et quelqu’un qui a 50 000 abonnés sur Instagram, je fuis direct ! Au contraire, si la personne n’a pas de compte Instagram ni de photos, ça m’intrigue. J’aime bien. Mais c’est rare ! Et sinon, le red flag ultime, ce sont les gens qui utilisent des chaînes ou des cordons pour leur smartphone. Ça signifie que la personne ne peut pas se passer de son téléphone et pour moi, c’est rédhibitoire.

La pire chanson de tous les temps ?

Il y a des déchets partout. Même les artistes que j’aime bien, ils ont fait des chansons nulles. “4′33” de John Cage, parce que c’est juste du silence. Sinon, l’intégralité de la discographie de Keen-V, ça me casse les oreilles. Je ne suis pas fan d’Arthur H non plus, même si c’est beaucoup artistique et sophistiqué. Sans parler des morceaux de Patrick Sébastien. Néanmoins, je pars du principe que toute chanson mérite d’exister.

Tu as une technique particulière pour écrire ?

C’est spontané. Je n’ai pas une façon d’écrire très compliquée. J’aime quand c’est simple. C’est pour ça que j’aime le Velvet. “Parfois, je me sens triste”, “parfois, je me sens heureux”, pour moi, c’est parfait. Ça me touche directement. J’aime bien les émotions qui sont mélangées.

L’artiste avec qui tu aimerais collaborer ?

Les Strokes. Passer une journée en studio avec eux, ça doit être dingue. Je me contenterais d’être posé dans un petit canapé, dans un coin, et de les regarder faire. Dès que j’ai vu qu’ils étaient à Rock en Seine, j’ai pris ma place.

Le meilleur endroit pour écrire et composer ?

Surtout pas Paris ! Un endroit où il n’y a pas de réseau. Au bord de la mer ou à la montagne, au choix, tant qu’on peut déconnecter. Si on n’a pas de réseau, on s’ennuie et quand on s’ennuie, on est bien plus créatif.

Est-ce que tu as besoin d’être dans un mood particulier pour composer ?

Ça dépend des chansons. Un morceau comme “Normal”, je l’ai fait en soirée, tard. À l’inverse, pour d’autres sons, je me réveille, je me mets au piano et ça va amener un truc plus lent. J’essaie de capter et de cristalliser une émotion à un instant T. C’est ce qu’il y a de magique dans la musique. Il y a une semaine, j’étais chez mes parents, je me suis mis au piano et j’ai eu une inspiration, comme ça. Après, j’étais en studio. On avait cinq jours pour finir le morceau et j’étais sûr que ça allait être dingue parce que j’avais une harmonie et que je tenais quelque chose que je n’avais encore jamais fait. Ça faisait un mois que ça ne m’était pas arrivé. Parfois, l’inspiration vient d’un coup alors que ça fait des mois que tu ne sors rien. Je n’arrive pas à composer sous la contrainte, mais y a des gens qui font ça très bien.

La meilleure tenue vestimentaire pour sortir du lot en soirée ?

S’habiller très mal, en mode rien à foutre, avec un jean, un t-shirt basique et des baskets, mais avec des lunettes de soleil. Je suis vraiment fan des Fontaines DC : ils ne sont pas du tout fashion, que ce soit dans leurs clips ou sur scène. Odezenne aussi. Il n’y a pas de style et je respecte beaucoup plus ça que les gens qui débarquent hyper lookés. Après, il existe aussi des looks normcore qui sont trop pensés, mais ça ne me parle pas. En gros, selon moi, les vêtements sont inintéressants.

Le pire bad trip jamais fait ?

Avec de la drogue ! J’ai déjà eu des descentes affreuses, mais je n’ai jamais fait de vrais bad trip. J’ai eu une crise d’angoisse horrible une fois après avoir pris un peu trop de cocaïne. Je devais avoir 20 ans. Depuis, je suis sage. Je bois un peu, mais c’est pour la musique. C’est un usage professionnel. Les meilleurs sons que j’ai faits, j’étais bourré.

Propos recueillis par Sabine Swann Bouchoul et Hélène Pouzet