Francos de Montréal : Lou-Adriane Cassidy dans la cour des grandes

COMPTE RENDU — Retour sur les moments forts des prestations de Lou-Adriane Cassidy, Charles et les finissantes et finissants de Granby.

Jour 2 des Francos de Montréal. Et le soleil est au rendez-vous ! On file en fin d’après-midi pour assister, comme chaque année, au spectacle des finissantes et finissants de l’École nationale de la chanson de Granby.

Fin de session pour les élèves de Granby

Les familles, les amis et les curieux sont réunis sous le chapiteau de la scène Brasseur de Montréal. Chacun à son tour, les 13 finissants (bientôt diplômés) vont interpréter une chanson qu’ils ont composée. Soutenus par un groupe de quatre musiciens professionnels, ils s’accompagnent aussi à tour de rôle pour des back vocals, des chorégraphies et parfois des instruments complémentaires. Chaque artiste a son propre univers. On passe de la ballade à la guitare (Ariane Préfontaine), à la chanson humoristique (Émile Patère) pour atterrir sur un gros rock qui tabasse (Montfils).

C’est toujours très mignon de les voir se présenter, avec leurs fiches pour certains, afin de ne pas oublier quoi dire. Parfois, le trac prend le dessus, mais ils ont été formés à bonne école et ils reprennent le dessus très vite. Avec leurs 13 mois de formation, ils se débrouillent déjà comme de futurs as de la scène.

Leur solidarité et leurs amitiés nous font ressentir tout le trac et l’excitation d’être avec les copains d’école. On les voit s’observer depuis coulisses avec affection et on se demande si on verra bientôt l’une ou l’un de ces finissants en première partie d’un grand artiste. Alors que Juliette (Kaëlla), la dernière finissante a la charge de clore le concert avec sa percutante chanson “Blizzard”, le concert se termine comme le veut la tradition avec un final où tout le monde revient sur scène. On entend une dame disant à son amie “hallucinant la qualité !”.

Charles le courage et la voix

On ne connaissait pas Charles, venue tout droit de Belgique. Elle a remporté The Voice Belgique en 2020. Il s’agit du 2e concert de la jeune femme aux cheveux rouges. Elle est déjà venue jouer dans le cadre de Coup de cœur francophone, l’année dernière.

On ne pourra pas reprocher à Charles (Charlotte Foret de son vrai nom) de ne pas être professionnelle. En duo sur la grande scène Loto Québec, elle a la charge de présenter son univers dark pop à voix, à un public de fans de rap venus garder leur place bien trop tôt. Entre cris, rires et ébriété, ils se font remarquer à plusieurs reprises notamment lors des moments plus doux de l’artiste. On pense à la touchante reprise de “Je déteste ma vie” de Pierre Lapointe, que Charles a récemment découvert. Il n’est jamais trop tard pour rendre hommage à des chefs d’œuvres.

Dua Lipa meets Yoa

L’univers musical de la jeune femme, qui a des airs de Dua Lipa, non ? se rapproche de celui de Yoa. De la pop désabusée, matérialisée dans ses deux derniers EPs qui racontent sa “vie chaotique”. Contrainte de chanter en français (on est aux Francofolies n’est-ce pas ?) elle enchaîne les titres calmes de son répertoire promettant que la suite sera plus dansante. Son accompagnateur guitariste lance les pistes les restreignant tous deux dans l’interprétation. Les backing tracks ont leurs limites, notamment sur “Punch In The Face” où l’effet poing dans la figure (littéralement) manquait de punch. On suppose que comme plusieurs projets européens invités par le festival, Charles ne pouvait pas se permettre de ramener plus d’accompagnateurs. Dommage !

Elle tente à plusieurs reprises d’aller chercher un public peu allumé (à quelques exceptions près), présente pour la première fois des démos, et conclut son set par “Silence”.  En quittant la place, on entend des comparaisons incertaines à Kim Petras et un “c’était pas désagréable”. Nous, on dirait plutôt qu’avec des musiciens et un public attentif, ça aurait été carrément agréable. Pas de doute, Charles va bientôt remplir des grosses salles en Europe.

2025, l’année Cassidy

On fait une pause en attendant 21h. L’heure du grand show de la soirée, qui a lieu sur l’immense place des festivals. C’est plutôt rare qu’on aille voir les têtes d’affiche, mais pour Lou-Adriane Cassidy on fait le détour sans rechigner. Quelle belle carrière depuis sa participation aux Francouvertes en 2018, l’année où on a croisé son chemin pour la première fois.

2025 est l’année Cassidy. Deux albums à trois mois d’intervalle et les Francos en mode cour des grandes. Nous n’avions pas pu aller à ses quelques shows des dernières semaines, toutefois on se doutait qu’il y en aurait d’autres, et des spéciaux. Tête d’affiche à Santa Teresa en mai puis aux Francos, c’est quand même quelque chose !

La partie de campagne de Lou-Adriane Cassidy

Vêtue d’un ensemble à paillettes roses, des bottes argentées et des rubans bleus tressés dans les cheveux, Lou-Adriane Cassidy apparaît sur la grande scène Rogers, et va l’arpenter comme un poisson dans l’eau. Elle est entourée de ses musiciens historiques (à sa gauche Thierry Larose, et Alexandre Martel à sa droite, tout deux vêtus de costumes pour l’occasion) et deux choristes supplémentaires pour soutenir Odile Marmet-Rochefort, en la personne de Mariève Harel-Michel (Bayta) et de Jeanne Laforest.

La Québécoise entame la partie par “Dis-moi dis-moi, dis-moi”. Premier extrait et aussi première chanson de son avant-dernier album, Journal d’un loup-garou. Une partie du public, les fidèles, ont répondu à l’appel de l’artiste et se sont parés de vêtements rouges ou d’éléments de style “princesse triste”. La place des festivals est bien remplie.

Lou-Adriane Cassidy semble dans un contrôle total de son spectacle, arpentant la scène, et passant même à l’arrière de son groupe, sur une grande estrade qui lui permet de se rapprocher de la projection gigantesque d’une lune, apparue au milieu de son set lors du titre homonyme de l’album.

La culture québécoise is not dead

Les temps forts de la prestation ont débuté dès l’apparition d’Ariane Roy, venue interpréter “Ariane” avec sa meilleure amie. Toutes les deux assises sur le bord de la scène, l’émotion est palpable. On ne sait pas ce qu’il se passe dans leurs têtes et cœurs, mais leurs yeux embués en disaient long. “C’est pas bon de vivre ça en 6e chanson” s’amuse Lou-Adriane Cassidy, en essuyant ses larmes.

Elle invite N Nao à venir chanter “TDF” avec elle puis joue la bossa-novisée “Jamais tout à fait” et la touchante “Adieu”. Deux titres de son second album de l’année Triste animal. Le concert ne cesse alors de monter en intensité. Lou-Adriane Cassidy semble reprendre brièvement conscience de ce qui se passe entre chaque chanson. Son regard féroce et assuré s’éclaircit d’étoiles d’émotion.

“16 ans bientôt 30”, “Entre mes jambes” et “La pluie ne tombe jamais sur moi” s’enchaînent non sans brio, et l’émotion semble définitivement la gagner. “Soyons ambitieux, soyons fiers, le meilleur de la culture québécoise est à venir” déclare-t-elle sous les applaudissements et les drapeaux québécois qui frémissent dans la foule.

En guise de final, Lou-Adriane nous fait cadeau de sa magnifique ballade “Ça va, ça va” (écrite par Philémon Cimon). Les “ouhouhou” de la chanson nous suivront jusqu’au métro. Le rideau est baissé, une incroyable page de l’histoire de la carrière de Lou-Adriane Cassidy vient de s’écrire sous nos yeux. Que lui réserve encore l’avenir ?

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Texte et photos : Emma Shindo