Francos de Montréal : Stéphanie Boulay, Velours Velours et Naïma Frank
COMPTE RENDU — Stéphanie Boulay, Velours Velours et Naïma Frank ont marqué la dernière journée du premier week-end des Francos de Montréal avec des concerts sensibles et rassembleurs.
Dernière journée du premier week-end des Francos de Montréal 2025. Une “petite” journée pour les vieilles carcasses comme nous. Dans les faits, ce sont quand même trois concerts d’affilée, et ça n’aide clairement pas nos courbatures des deux premiers jours.
Naïma Frank, le rayon de soleil de notre journée

En trio (batterie et claviers/machines), Naïma Frank parcourt son répertoire avec dextérité. Avec sa gestuelle souple et sa jolie robe en cuir noir parsemée de petites croix argentées, elle nous envoûte. Une fois n’est pas coutume puisqu’on l’a découverte il n’y a pas longtemps aux Francouvertes. N’est pas donné à tout le monde de faire avancer un public timide de festival jusqu’à la scène, 5 pas à la fois. On est en admiration devant sa facilité à susciter la sympathie et la gaieté.
Elle chante la différence (“Peau blanche”), les relations compliquées avec les ex et avec elle-même. Elle reprend aussi deux chansons de Karim Ouellet avec émotion (“L’amour”, “La mer à boire”). Il est celui qui lui a donné envie d’écrire et de chanter en français. Son prochain album arrive en janvier 2026 nous dit-elle, avant de dévoiler un premier extrait “18 ans et +”.
Conclusion de spectacle, “T’es la reine” (pour toutes les “queens” présentes cet après-midi-là), suivie de “Félicité”. “Merci de votre belle énergie et merci d’être ouverts à m‘écouter”, lance-t-elle avant de saluer avec ses musiciens sous les applaudissements.
Le triomphe de Stéphanie Boulay

On file à quelques mètres rejoindre le devant de la scène Loto Québec. Un public, surtout composé de familles et de femmes attend l’arrivée de Stéphanie Boulay. Une partie de la scène et du parterre est au soleil, l’autre est à l’ombre. Image raccordée à la musique de Stéphanie Boulay, la moitié blonde des sœurs Boulay.
Si les arrangements (synthétiseurs, basse et batterie en live) paraissent assez légers et mélancoliques, les textes sont chargés. Post-rupture, doutes, prises de conscience, solitude, maternité… Il est presque amusant de voir des petites filles et des trentenaires/quarantenaires chanter en chœur “Si je pleure c’est à cause de lui”. La Québécoise n’avait pas sorti d’album solo depuis 2019. Elle ne savait même pas si elle allait en refaire un. Approchée par Alexandre Martel (à la basse sur scène), elle s’y est remise, et ses remerciements à “Alex” sont attendrissants.
Stéphanie Boulay, l’humour et l’amour
On découvre Est-ce que quelqu’un me voit ? et on fond pour “Je ne suis plus personne” et “Ces photos de moi”. Entre ses chansons, Stéphanie Boulay dont on a toujours aimé le sens de l’humour, nous contextualise ses textes et se moque même d’elle-même. Certes, elle blâme son père dans une chanson… mais sa mère aussi dans une autre ! Pas d’inquiétude, cette dernière est au courant ! Elle demande aussi à ses dates Hinge de lui donner leurs noms de famille pour faire une vérification de leurs antécédents judiciaires. Cela a marché avec son copain actuel, alors il faut rester soi-même, conclut-elle.
Stéphanie Boulay, qui se présente comme une “artiste émergente”, remercie son “plus gros public” de carrière solo. “Stéphanie Boulay : triomphe à Montréal”, plaisante-t-elle. Deal, ça sera notre titre ! “J’aurai pas d’enfant” est jouée en guise de rappel, en guitare-voix, alors que l’horloge sonne les 19h00. Un enfant crie à côté de moi. On est touché, bien qu’un peu attristé par cette incursion intime, parfois naïve mais sincère dans les tracas et pensées d’une artiste qu’on est content de voir remise et amoureuse à nouveau. Un album parfait après une rupture, histoire de pleurer tout son soûl et passer à autre chose.
Velours Velours en famille

Les sept musiciennes et musiciens de Velours Velours prennent place sur la scène Spotify, c’est leur tour ! Les canons de fumée sont en place pour l’entrée de Raphaël Pépin-Tanguay. Avec sa chemise blanche ornée et ses grosses lunettes roses, le Québécois prend place au milieu de sa ligne d’amis pour entamer le spectacle en bonne et due forme par “L”intro” de son premier album, Quand je pleure je suis content.
Tout l’album y passe (quasiment), dans la bonne humeur. On a l’impression de voir une troupe de joyeux saltimbanques, grisés par l’occasion de jouer tous ensemble, en famille. Les arrangements sont nourris par un percussionniste, un batteur, un claviériste, un guitariste, une saxophoniste, une flûtiste/guitariste et une choriste… Tout ça ! Ce qui pourrait paraître chargé sur papier ne l’est pas forcément en live. L’équilibre est bien travaillé et la voix n’est pas submergée par les instruments. Velours Velours n’hésite pas à jouer ses chansons plus douces, dont “Resté couché” son joli duo avec Flavie, sa gérante-chanteuse-camérawoman de talent.
Vivre ses émotions

“Connaissez-vous les vieilles tounes ?” demande Velours Velours. Cris dans la foule. Après l’album, place à “Le soleil”, “Tournesol”… et autres chansons sorties avant son album. Le concert prend une forme plus festive, après avoir “vécu nos émotions” tout ensemble dans la première partie. Les festivaliers chantonnent les paroles et chaloupent en rythme, laissent échapper leur euphorie lors des solos de violons sur “Je t’aime”, et se mettent à sautiller sur “Yeah”.
Fin de set, fin de fête, “L’énorme chien très gentil” achève un concert avenant qui n’est pas sans rappeler Beau Dommage, dans une filiation évidente avec cette tradition de la chanson québécoise chaleureuse et rassembleuse.
Suivez-nous sur Instagram pour voir toutes nos photos !
Texte et photos : Emma Shindo