Francos de Montréal : Marie-Pierre Arthur, Galaxie, La Traversée
COMPTE RENDU – Entre la grâce de Marie-Pierre Arthur, l’énergie brute de Galaxie et les collaborations franco-québécoises, retour sur une soirée électrique aux Francos de Montréal.
Après une pause bien méritée de deux jours (on pense aux équipes qui enchaînent avec le Festival de jazz juste après), nous revoilà sur l’asphalte du quartier des spectacles.
On attend un orage avec impatience, mais la météo au Québec est probablement l’équivalent des promesses électorales en France. Des gros my-thos. 36 degrés nous attendent donc à la scène Loto-Québec où les instruments dorent en plein soleil, attendant patiemment le début du spectacle de Marie-Pierre Arthur.
Marie-Pierre Arthur, la classe faite femme

Pour un spectacle de 18h00, le public est nombreux. Marie-Pierre Arthur et son groupe de feu débarquent sourires aux lèvres (Em Pompa aux voix et synthé, Simon Pedneault à la guitare, François Lafontaine aux nombreux claviers et William Côté à la batterie). Avec son nouvel album, la Québécoise en a profité pour revisiter son répertoire de “classiques” à la sauce Album bleu. Une belle proposition pour un public qui visiblement n’en est pas à son premier show de l’artiste.
On avait oublié à quel point une chanteuse bassiste c’est “hot en estie” (pardonnez-nous ce québécisme, c’est le premier qui nous est venu à l’esprit et il fonctionne du feu de dieu). La bonne humeur et le talent incarnés en une femme qui depuis son début de carrière (1er album éponyme en 2009 !) ne semble pas faire de faux pas. La Québécoise délivre un spectacle enjoué et travaillé, bien dosé entre ses différents albums et généreux.
On tombe forcément sous le charme de sa version acoustique de “Emmène-moi”. Un ange passe dans le public, ambiance magique. On chaloupe fort sur “Paradis” En arrière, les arrangements sont blindés d’harmonies vocales (parfois les cinq ensemble, c’est beau !) et on aperçoit le fils de l’artiste danser dans les coulisses. On se souvient de son show à la Tulipe où il était venu danser sur scène le temps d’une chanson. Adorable !
N Nao débarque brièvement en toute fin de concert pour ajouter sa voix sur les refrains de “Des feux pour voir”. Finalement, la production via les musiciens de Marie-Pierre Arthur arrive à lui glisser qu’il ne reste du temps que pour une seule chanson. Ça sera “Si tu savais”, pour le plus grand plaisir du parterre qui chantonne avec l’artiste sans se faire prier. Un 10/10.
La première étape de La Traversée

Vite, on file à quelques pas. La scène Spotify, encore ensoleillée accueille le spectacle de La Traversée. Deux artistes québécois et deux artistes français ont une semaine pour préparer un spectacle de leurs chansons mutuelles, ensemble. Ils jouent à Montréal et aux Francofolies de La Rochelle. Vanille et Super Plage représentent le volet québécois, Coline Rio et James Baker le côté français.
Quand on écoute leurs chansons on se dit que le pari n’était pas facile. Vanille fait dans la chanson-yéyé, Super Plage dans l’électro-pop aux textes épurés et drôles, James Baker dans le rap-pop/rock et Coline Rio dans la chanson française mélodique. Pourtant, ils y sont arrivés, aidés de deux musiciens qui les accompagnent à la section rythmique (batterie-basse).
Si on est on honnête, la raison principale de notre excitation à ce concert n’est nulle autre que Coline Rio. Effectivement, il s’agit de son premier voyage à Montréal et on l’attendait de pied ferme. Quelle voix ! Quel bel univers harmonique ! Dieu que c’est beau. Quel plaisir aussi d’entendre sa toute nouvelle chanson “Manteau chagrin” !
Une “aventure extraordinaire”
On découvre aussi James Baker, originaire de la banlieue parisienne. Franchement, le garçon a un charisme scénique naturel, un coffre puissant et une proposition en vogue (Lomepal, Georgio…). Il sait aussi bien s’effacer pour laisser place à Super Plage (qui fait danser quiconque passe sur son chemin) et Vanille, qui en profite pour annoncer la sortie de son nouvel album. Elle en présente deux chansons (“Ce n’est pas ici, ce n’est pas ailleurs”, “Lune d’argent”) qui nous ramènent droit dans les années 1960 de la baby pop France Gall.
Si le début du spectacle était plus timide, les quatre compères parviennent à prendre plus de plaisir et développer une alchimie pas forcément évidente quand on ne se connaît que depuis quelques jours. Et puis Coline Rio lâche à des nouveaux amis “c’est une aventure extraordinaire, merci d’être des amours !” et on les sent tous touchés. Le concert se conclut par “JETSKI” de Super Plage, histoire de laisser leur public poursuivre leur soirée sur une lancée festive. Les quatre artistes se retrouveront aux Francofolies de La Rochelle le 11 juillet si jamais vous êtes dans le coin.
Les grosses soirées de Galaxie

Changement drastique d’ambiance pour notre retour côté scène Loto-Québec. C’est parti pour DU ROCK QUI TÂCHE. Galaxie déboule sous les applaudissements nourris d’une foule venue nombreuse. Dès les premières secondes, les baffles qui crépitent annoncent la couleur. La formation n’est pas là pour niaiser.
La section rythmique tabasse : Fred Fortin à la basse et Pierre Fortin à la batterie ne font pas dans la finesse. Les synthétiseurs de François Lafontaine (Karkwa et Marie-Pierre Arthur donc) chargent encore plus le son de Galaxie. L’un des signes distinctifs de Galaxie ce sont bien ces nappes électroniques robotiques. Karine Pion aux machines et percussions apporte avec ses back vocals profondeur et sensualité. Quant à Olivier Langevin, chemise à sequins sur le dos, il ne lésine pas sur la saturation et les gros riffs qui claquent en plus d’aller chercher la foule, doigt pointé en l’air.
Le groupe québécois est plongé dans un quasi constant mur de fumée et on avoue avoir eu besoin de prendre un peu de recul pour mieux apprécier le tout. Ils jouent pas mal de chansons de leur dernier album À demain peut-être en y mêlant leurs succès (“Dragon”, “Piste 1”, “Magie”) qui font crier le public. Leur énergie est débordante et d’une intensité soutenue, et c’est peut-être ça qui fait fuir une partie du public (de curieux) au fil des chansons. Il faut avoir le cœur bien accroché et les oreilles solides pour s’enfiler 1h25 de ce rock-blues électronique frénétique. Mais diantre qu’ils sont bons ces fourbes !
“Ça fait des grosses soirées !”, lance Olivier Langevin, cheveux collés au visage. Pour nous aussi. Il est temps de rentrer chez nous et de nous reposer nos tympans fatigués mais heureux.
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Texte et photos : Emma Shindo